Si la tournée royale dans quatre pays du CCG (Conseil de la coopération du Golfe) bénéficie d'autant de suivi médiatique, c'est qu'elle reflète une véritable ambition de consolider les relations stratégiques entre le Maroc et les pays du CCG. La visite entamée hier en Arabie saoudite devrait conduire le Souverain également au Qatar, au Koweït et aux Emirats Arabes Unis, avant de s'achever en Jordanie, ultime étape du périple royal. Cette tournée intervient à un moment où le Royaume et ses partenaires du Golfe veulent donner une très forte impulsion à leur coopération. Une coopération qui reste exemplaire sur les plans politique et diplomatique mais qui n'a pas encore puisé tout son potentiel sur le plan économique. Les deux parties affichent aujourd'hui clairement une ambition de renforcer leur coopération sur ce niveau. Une ambition qui fut d'ailleurs traduite en 2011 par la signature d'un accord stratégique portant sur des dons de l'ordre de 5 milliards de dollars sur la période 2012-2016, soit une contribution d'un milliard par an en faveur du Royaume. «Le renforcement de la coopération avec les pays du Golfe et les autres pays arabes revêt une importance capitale pour le Maroc aux plans stratégique et économique, surtout à la lumière des répercussions du Printemps arabe et de la crise mondiale qui secoue l'économie de nombre de pays occidentaux», a indiqué le professeur de droit international à l'Université Mohammed V à Rabat, Mohamed Tajeddine El Housseini. Il est clair que le Maroc a des atouts qu'il tentera de mettre en avant lors de cette visite de sorte à augmenter les investissements des pays du Golfe au Royaume. Ces pays qui sont déjà très présents dans plusieurs secteurs économiques. En effet, la contribution de l'Arabie saoudite dans les projets de développement au Maroc s'élève à 1,250 milliard de dollars, pour la période 2012-2016. L'Arabie saoudite est également partenaire dans le projet ambitieux pour la création d'une ligne de train TGV entre Casablanca et Tanger, alors qu'un consortium saoudien vient de décrocher un appel d'offres pour construire une centrale solaire de 160 MW à Ouarzazate pour un coût estimé à un milliard de dollars. Pour sa part, le Koweït qui accueillera pour la première fois une visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI reste l'un des investisseurs importants au Maroc dans le domaine des infrastructures. A travers son fonds de développement, cet émirat a déjà participé au financement de plusieurs tronçons d'autoroute. Pour leur part, les Emirats Arabes Unis sont très présents dans le domaine de l'immobilier et du tourisme. Ils opèrent également dans le domaine énergétique, notamment dans la centrale de Jorf Lasfar. Le Qatar compte, quant à lui, assurer une plus forte présence de l'économie marocaine. La dernière visite officielle de l'émir du Qatar remonte au mois de novembre 2011. Une visite qui fut marquée par la signature de quatre accords de coopération bilatérale dont l'un d'eux portait sur la création d'une société maroco-qatarie pour l'investissement. Le Maroc tentera ainsi de capitaliser sur cette coopération économique très forte pour drainer encore plus d'investissements. Une tentative qui a de fortes chances d'aboutir vu la conjoncture économique actuelle, notamment en Europe. «Les pays du Golfe, dotés d'un fort potentiel en termes de fonds souverains qui avoisinent un millier de milliards de dollars, soit près du tiers des fonds souverains à l'échelle mondiale, sont en quête, à la lumière de la crise économique qui sévit dans plusieurs pays occidentaux, de zones plus sûres pour investir ces fonds, à l'instar du Maroc, politiquement et économiquement stable», conclut M. El Housseini.