Les Echos quotidien : Quels sont les premiers bilans du FIRO ? Mehdi Abdelkrim : Il est important de rappeler que le fonds a été créé dans le cadre de l'Initiative royale pour le développement économique et social de la région de l'Oriental et doté d'une enveloppe de 300 MDH. Ce dernier est dédié à l'accompagnement des porteurs de projets et des PME présentant un fort potentiel de développement et ayant un impact socio-économique sur la région. S'agissant du bilan du fonds au terme de cinq années d'existence, il peut se faire via deux volets différents. Le premier concerne le bilan qualitatif. En effet, le FIRO est une institution de proximité et un outil de développement qui a permis d'inscrire la PME régionale dans un processus d'ouverture du capital, de transparence et de bonne gouvernance. Il faut également rappeler que le tissu économique régional est formé majoritairement d'entreprises familiales sous forme de SARL et que les opportunités de partenariat sont relativement limitées comparées aux autres régions du royaume. Le gage de notre réussite est le capital confiance que nous avons développé avec les opérateurs de la région. À ce titre, nous avons relevé un défi culturel, à savoir la concrétisation de partenariats dans le capital de sociétés familiales et la mise en place de règles de transparence et de bonne gouvernance. Qu'en est-il du bilan quantitatif ? Le fonds a lancé trois opérations au profit de trois PME pour une enveloppe de 60 MDH. Je précise qu'il s'agit de vraies PME de la région (ndlr: capital de départ entre 4 et 10 MDH), dans trois secteurs d'activité différents et dans deux villes différentes, Oujda et Berkane. Il s'agit de Microchoix (ndlr: NTCI), Peintures du Midi (ndlr: chimie-parachimie) et Monlait (ndlr: agroalimentaire). L'apport financier a contribué à la consolidation de l'assise financière de ces sociétés. Ce qui est important par rapport à l'image et à la crédibilité de la société vis-à-vis de leurs partenaires notamment. Plus concrètement, au niveau de Microchoix, le partenariat avec le FIRO a contribué à l'élargissement et à l'extension des points de vente de 5 à 9 magasins (ndlr: dont une plateforme de distribution à Témara sur une superficie de 3.000 m2). Ceci a donc permis une croissance en dehors de la région et le quasi doublement de son chiffre d'affaires malgré une conjoncture difficile marquée par les contreperformances du secteur des NTCI. L'effectif de la société va encore augmenter avec le renforcement de son réseau de distribution par le lancement de 40 franchisés d'ici 2016 et l'installation d'un show room dans la technopole d'Oujda, avec le transfert et le développement de l'activité Web. Concernant Peintures du Midi, l'entrée du FIRO a permis la modernisation, l'extension de son outil de production et le renforcement de la logistique liée aux stockage (ndlr: local de 3.000 m2) et à la commercialisation (ndlr: flotte camions), le tout avec un appui marketing et de communication. Ces éléments ont impacté positivement l'évolution favorable du chiffre d'affaires en 2011 (+14%), malgré les contreperformances du secteur et le renforcement de l'effectif de 20% à 120 personnes. En outre, pour la troisième intervention avec la société Monlait, le fonds a contribué à l'élargissement de la gamme des produits dérivés du yaourt, au renforcement de la flotte camions, à l'installation d'un nouveau système d'information et à la réalisation de plusieurs missions d'audit et d'organisation, pour asseoir les bases d'une bonne gouvernance. Le développement quant à lui, se poursuivra à travers d'autres mesures, notamment le transfert de l'outil de production dans la zone agropole de Berkane. Existe-t-il d'autres projets ? En parallèle, le fonds dispose d'un vivier de petits projets dans la technopole d'Oujda et l'agropole de Berkane, en plus de projets structurants et des PME régionales. À titre d'exemple, un projet d'aquaculture est en cours d'instruction au sein des instances du fonds. Ce dernier sera le premier projet d'envergure entrant dans le cadre de la stratégie nationale du plan Halieutis. L'unité sera implantée dans la région de Nador avec une enveloppe d'investissement dépassant les 110 MDH, ce qui débouchera sur la création d'une centaine d'emplois. Le fonds est-il adapté à la réalité du tissu industriel de la région de l'Oriental ? Force est de constater que la réalité du tissu industriel de la région d'une part et la vocation socioéconomique du FIRO, en tant que levier de croissance d'autre part, exigent l'adaptation de certains critères d'éligibilité du Fonds aux réalités de la PME régionale. Ceci exige de faire preuve de souplesse au niveau de son mode de gouvernance. Ce sont parmi les chantiers prioritaires sur lesquels se pencheront incessamment les instances du fonds pour adopter une nouvelle approche d'investissement et un nouveau mode de gouvernance, à même d'améliorer son efficacité et de l'adapter au contexte régional.