Après l'étape de l'Arabie Saoudite, le roi Mohammed VI, à la tête d'une importante délégation, s'est rendu hier dans l'après-midi en Jordanie. C'est la deuxième étape d'une série de visites programmée dans d'autres pays du Golfe. Celle-ci viendra donner de l'élan aux relations bilatérales entre les deux pays, qui ont à leur actif une soixantaine de conventions, protocoles d'entente et programmes de coopération, couvrant les domaines économiques, culturels et techniques, ainsi qu'un groupe d'amitié parlementaire qui sert de canal de coopération et de concertation entre les institutions législatives des deux pays. Rien que pour la coopération dans les domaines économique, commercial et technique, 48 accords, protocoles, programmes exécutifs et mémorandums d'entente ont été signés. Citons à ce titre, l'accord d'Agadir portant sur la création d'une zone arabe de libre-échange. D'ailleurs, à l'intérieur de cette zone (Egypte, Jordanie, Maroc et Tunisie), c'est avec la Jordanie, classée par la Banque mondiale comme un pays aux revenus moyens faibles, que la balance commerciale est excédentaire. Le Maroc importe essentiellement de la Jordanie des produits alimentaires, des huiles végétales brutes, des dattes, des produits chimiques et d'autres produits de consommation, alors qu'il exporte des produits énergétiques et industriels, des conserves et d'autres produits minéraux. En 2011, le volume des échanges commerciaux s'est établi à 33 millions de dollars. Certes, cet indicateur est en croissance, mais il reste en-deçà des aspirations des deux pays. C'est dans ce sillage que s'inscrit la visite royale. Il s'agit donc d'activer les accords de partenariats liant les deux parties pour donner du souffle aux relations économiques et commerciales. Il reste à noter qu'à ce jour, la promotion des échanges commerciaux entre le Maroc et la Jordanie est entravée par l'absence de lignes aériennes et maritimes directes. Ainsi, il faudrait redoubler d'efforts pour que la dynamique enclenchée depuis des années ne soit pas une simple juxtaposition d'accords bilatéraux ou multilatéraux, mais bien l'expression d'une volonté politique de progrès économique et social, se traduisant par une complémentarité accrue au profit de l'activité industrielle et des exportations des deux pays. Pour rappel, au niveau bilatéral, les relations entre le Maroc et la Jordanie ont enregistré des avancées remarquables au fil des visites échangées entre les deux chefs d'Etat, notamment la visite officielle que le roi Mohammed VI a effectuée en 2002 au royaume Hachémite et les visites du souverain jordanien au Maroc, en 2000, 2008 et 2009. La dynamique vertueuse enclenchée à ce niveau grâce à la politique volontariste adoptée par les deux souverains s'est reflétée dans les intenses activités de la Haute commission mixte présidée par les chefs de gouvernement marocain et jordanien, qui ont accumulé bon nombre d'acquis entre la première session tenue en 1998 à Rabat et la 4e session qui a eu lieu en 2008 à Amman, la capital jordanienne. Un pays dont les trois principaux clients sont l'Inde (16%), l'Irak (16%) et les Etats-Unis (13%). En termes d'importations, ses trois principaux fournisseurs sont l'Arabie Saoudite (21%), la Chine (10%) et les Etats-Unis (6%). Notons également que la Jordanie est l'un des 5 plus grands exportateurs de phosphates (avec les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Maroc). Seulement, contrairement au Maroc, l'agriculture ne représente que 4% du PIB et emploie seulement moins de 3% de la main d'œuvre locale. L'industrie (principalement pharmaceutique) et l'exploitation minière contribuent à environ 30% du PIB et concentrent 1/5 de la main d'œuvre. Le pays est également doté d'un gisement d'uranium encore inexploité, correspondant à 3% des réserves mondiales. Le secteur tertiaire, qui emploie plus de 77% de la main-d'œuvre contribue pour sa part aux deux tiers du PIB. Les Saoudiens tiennent promesse Avant de s'envoler, hier, en direction de la Jordanie, une réunion maroco-saoudienne au niveau des conseillers et des ministres s'est tenue à Djeddah, en marge de la visite de travail officielle, présidée par le roi Mohammed VI en Arabie Saoudite. Elle était principalement axée sur l'appui saoudien au Maroc dans le cadre de la décision qui a été prise en décembre dernier par le Conseil de coopération du Golfe (CCG). C'est ainsi qu'on été présentés les projets qui seront soumis au financement du Fonds saoudien de développement. Ces derniers portent sur des investissements d'infrastructures pour faciliter l'accès aux services sociaux de base et sur le renforcement et le développement de plusieurs secteurs au Maroc dont l'agriculture. Toutefois, l'accent a été mis sur la possibilité d'accompagner la société mixte maroco-saoudienne «ASMA» qui bénéficie déjà d'une présence importante au Maroc, ainsi que sur l'attrait des investissements privés saoudiens qui sont déjà en croissance. Pas plus loin que septembre dernier, le groupement saoudien mené par ACWA Power international a décroché l'appel d'offres afférent à la conception, la construction et l'exploitation de la première phase du complexe solaire de Ouarzazate.