Les membres de l'Alliance des économistes du parti de la balance se sont donné rendez-vous, samedi 13 octobre à Casablanca. Lors de cette rencontre annuelle dédiée à la politique économique du Maroc, les membres de l'Alliance ont discuté des orientations à donner à la chose économique et des priorités à envisager dans ce domaine. Après avoir diagnostiqué l'économie du pays, ils ont tiré la sonnette d'alarme en signalant ainsi l'émergence des risques économiques significatifs. Par ailleurs, et pour éviter la faillite de l'Etat, ils ont suggéré trois corrections de la politique actuelle. En parallèle, ils ont décidé de surveiller la loi de finances. «Si nous nous ne voyons pas dans la loi de finances un premier geste qui se manifeste par l'acheminement d'une enveloppe d'environ 3 MMDH vers les fonds pour accompagner les grands métiers exportateurs, nous considérerons que le gouvernement n'as toujours pas compris et nous allons passer à l'action», a martelé Adil Douiri, membre de l'Alliance et ancien ministre. Le gouvernement peut, selon lui, tirer profit des effets de levier provenant notamment des projets en standby, pour lesquels les banques ne souhaitent plus accorder des crédits en fermant les vannes, parce que les investisseurs ne disposent pas de capitaux. Cette manne pourrait accompagner les fonds marocains et étrangers disponibles pour mener à bien la stratégie gouvernementale, en esquivant la crise cardiaque de l'économie marocaine. «Nous sommes déjà en retard pour agir», a-t-il dit. En effet, l'équilibre macro-économique du Maroc s'est dégradé rapidement ces derniers temps, à cause du déséquilibre extérieur. C'est ce dernier «qui va nous mener dans le mur et non pas le déficit budgétaire, en engendrant la fonte des réserves de change», explique Adil Douiri. Les raisons de cet «accident» à caractère économique sont au nombre de quatre. Le retard des plans sectoriels figure en tête de liste de ces raisons. Le Maroc a pris du retard pour le lancement des plans sectoriels de grande ampleur, tels que Vision 2010 pour le tourisme lancée en octobre 2001, Emergence pour l'offshoring et l'industrie lancé en 2005, Maroc Vert et Halieutis en 2009. Certains ne sont pas encore finalisés, à cause notamment de l'inefficacité de la gouvernance et de la lenteur d'exécution. Résultat : «Il nous manque 50-60 MMDH de chiffre d'affaires à l'export pour avoir un équilibre raisonnable, soit environ 4 à 5 ans de retard», selon les membres de l'Alliance. En deuxième position, arrive la forte hausse du pouvoir d'achat à travers les multiples baisses de l'impôt général sur le revenu durant la décennie. A cela s'ajoute la baisse des prix des produits importés, suite à la suppression des droits de douane, entraînant par conséquent une explosion continue des importations de biens de consommation. En troisième et quatrième lieu, arrivent la progression ambitieuse de l'investissement public et privé et la forte hausse des cours du pétrole. Les corrections Pour sortir de cette situation complexe, les économistes du parti de l'Istiqlal ont suggéré trois corrections. La première réside dans l'implication directe de l'Etat dans l'achèvement des plans sectoriels déjà lancés ou encore des grands complexes industriels. La seconde consiste à déplacer l'effort d'investissement public de l'infrastructure vers la concrétisation des grands projets constitutifs des plans sectoriels exportateurs. Alors que la troisième tend à freiner, autant que possible, la hausse des importations de biens de consommation.