Ayant démarré l'année dans le rouge, les indices de la place avaient du mal à remonter la pente lorsque la Covid-19 est venue frapper à leurs portes. Selon plusieurs analystes, la pandémie a révélé une grande déconnexion de l'économie réelle, bouleversant ainsi tous leurs calculs et scénarios. L'état d'urgence et le confinement décrétés en mars dernier ont permis à de nombreuses personnes de constituer une certaine épargne. Pour les plus téméraires, cette crise sanitaire est un terrain propice aux bonnes affaires et aux investissements. Si les produits d'épargne séduisent autant, c'est parce qu'ils constituent des placements sécurisés. En effet, les comptes d'épargne, assurance-vie et autres produits bancaires sont adossés à des mécanismes de protection qui garantissent la sécurité des fonds en cas de crise financière. «Même le marché action, dans ces conditions, peut se révéler être un marché refuge», souligne un analyste. D'ailleurs, dans ce contexte, un arbitrage des valeurs refuges semble tout indiqué. Une fois le pic de la crise dépassé, les investisseurs pourront prendre le temps de replacer leur épargne sur des secteurs susceptibles de redémarrer rapidement.Théoriquement, la Bourse pourrait constituer une bonne solution d'investissement. Mais la réalité est tout autre. Les indices boursiers se maintiennent dans le rouge à cause des impacts de la crise de la Covid-19 sur les résultats des sociétés cotées. Le MASI affiche en effet une contre-performance annuelle de 15,54% (observée à la clôture de la séance du jeudi 03/09/2020). Une baisse qui a démarré avec le déclenchement de la crise sanitaire de la Covid-19 au Maroc (apparition du premier cas mardi 3 mars), atteignant 16,45% à 10.169,19 points au 30 juin 2020. Depuis, le MASI a quasiment stagné. Durant cette dernière période, le volume transactionnel n'a pratiquement pas changé. Il aurait rarement dépassé la barre des 100 MDH durant la période de confinement. D'après les analystes, la situation pourrait perdurer au-delà du mois de septembre. Ils sont actuellement dans l'incapacité de prévoir des scénarios pour orienter les potentiels investisseurs. «Nous recevons un flux d'informations en continu, et il faut souvent démêler le vrai du faux… Les traitement et analyse de leurs impacts sur le marché nous prennent du temps puisqu'ils remettent en question toute notre stratégie de placement», souligne un analyste de la place. Pour un autre professionnel, «nous sommes arrivés à avoir un semblant de visibilité durant les mois de juin et juillet, mais depuis la hausse du nombre de contaminations au mois d'août et les rumeurs de reconfinement, les prévisions sont en stand-by». Le marché devrait poursuivre son trend baissier au mois de septembre, après la publication des résultats semestriels. Si quelques rares entreprises dans les secteurs informatique, agro-alimentataire et de la grande distribution ont pu préserver leurs résultats, les autres ont subi de plein fouet la crise de la Covid-19. Au final, le mois de septembre sera un mois de statu-quo. Durant celui-ci, une grande partie des sociétés de Bourse et banques d'affaires devront compiler toutes les mesures et consignes mises en place par le gouvernement ainsi que celles à venir. Il s'agira de contenir la propagation de la pandémie et d'accompagner la relance économique, même si les pouvoirs publics ont enchaîné les mesures pour soutenir les entreprises en difficulté et les banques de la place. En effet, en réponse au ralentissement de la croissance économique, les banques centrales à travers le monde ont mis en œuvre des politiques monétaires très accommodantes en faveur de la baisse des taux. Bank Al-Maghrib a également décidé d'abaisser à deux reprises son taux directeur pour le ramener à 1,5%. Des décisions inédites qui devraient agir sur l'investissement et la demande intérieure. «Le coût de l'argent sera ainsi amélioré et, par ricochet, le rendement et la rémunération des différents produits d'épargne», explique un économiste. Par ailleurs, le marché des capitaux reste pour certains analystes une alternative de financement intéressante ; aussi bien pour les entreprises privées que publiques, pouvant drainer l'épargne grâce aux mécanismes de placement et de levée de fonds auprès d'investisseurs nationaux et internationaux. Sauf que pour quelques-uns, que ce soit au Maroc où à l'étranger, les actions des banques centrales sont en train de nourrir des bulles spéculatives sur les marchés financiers. «Mais en même temps, nous n'avons pas vraiment le choix... On ne peut pas se défaire de cette action monétaire, même si elle est éphémère, pour donner un coup de pouce à l'économie», remarque un professionnel de la place. Toutes ces mesures ne pourront en aucun cas améliorer la situation du Private Equity. Ce dernier souffre, depuis plusieurs années, d'un manque de liquidité, que ce soit au niveau des levées de fonds ou de l'introduction en Bourse. Plusieurs mesures sont attendues dans ce sens, notamment les incitations fiscales et la levée des freins à l'épargne sur le long terme, susceptibles d'avoir un réel impact sur l'économe réelle.