L'AFEM veut booster le mentoring. L'Association des femmes chefs d'entreprise au Maroc vient, en effet, d'organiser une conférence internationale visant à mettre en lumière ce programme, en vue de faire adhérer un maximum d'acteurs à ce projet. Il faut dire que, pour l'AFEM, il en va de la réussite de l'un des plus importants projets pouvant donner un véritable coup de pouce à l'entreprise marocaine, particulièrement aux PME. Pour rappel, le projet de mentoring avait été lancé en 2010 et consiste en la mise en relation d'entrepreneurs et d'autres professionnels pour les accompagner, soit dans la création de l'entreprise, soit de son démarrage ou même de son développement. Cette initiative, appuyée par l'association danoise KVINFO et les Pays-Bas, s'apprête donc à entrer dans une nouvelle phase de dynamisation. «Le dialogue entre entrepreneurs peut apporter beaucoup de choses et s'avère souvent constructif. C'est un véritable levier pour la croissance», souligne Lisbeth Pilegaard, directrice du département MENA de KVINFO. Mais pour ce faire, il existe aujourd'hui un véritable besoin de mobilisation des différents acteurs qui peuvent justement stimuler ce genre d'initiative. Banquiers, gouvernement, grandes entreprises... tous sont appelés aujourd'hui par l'AFEM à soutenir ce programme. «Il est nécessaire d'avoir la mobilisation des banquiers, qui peuvent jouer le rôle de drivers de tous les projets. On aimerait bien voir leur implication dans le projet, ainsi que celle des grandes entreprises, qui peuvent justement jouer le rôle de mentor, d'organismes comme l'ANPME ou encore le gouvernement», insiste Ilham Boularhmane, responsable du projet à l'AFEM. Pour ce qui est de l'Exécutif, il faut dire que cela tombe à point nommé, en raison de l'importance accordée aujourd'hui au soutien des petites structures. À ce titre, il convient de souligner que «quels que soient les mécanismes mis en place par le gouvernement, ils restent insuffisants en l'absence d'initiatives semblables à celle de l'AFEM», insiste Mounia Boucetta, secrétaire générale du ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies (MCINET). À ce titre, le MCINET a prévu dans le cadre de sa stratégie Maroc Innovation de mettre en place un cadre réglementaire encourageant l'essaimage et le mentoring. Ce texte, qui vient d'être finalisé, a été introduit dans le circuit d'adoption et permettra ainsi d'encourager davantage de grandes entreprises à soutenir et à accompagner les petites structures. En attendant, les cadres du ministère, à l'image de Souamaya Laraki, ne manquent pas de souligner l'importance d'une initiative pareille à celle de l'AFEM, dans le sens où «cela permet de dupliquer sur le terrain et sur les régions l'expérience du mentoring». Il est à noter enfin que la rencontre organisée par l'AFEM pour débattre des moyens de renforcer le mentoring a connu la présence de l'ambassadeur des Pays-Bas. Ce dernier vient d'ailleurs de signer, il y a quelques jours, une convention de partenariat avec l'AFEM, visant la promotion des actions d'accompagnement des femmes chefs d'entreprise. Ilham Boularhmane,Executive Manager de Wall Street consulting, chef du projet Mentoring de l'AFEM. Les Echos quotidien : Quels sont concrètement les objectifs de ce projet de mentoring de l'AFEM ? Ilham Boularhmane : Tout d'abord, le programme vise à faciliter la création d'entreprises pour les jeunes porteuses de projet. Aujourd'hui, créer une entreprise n'est pas un acte facile, ne serait-ce qu'au niveau des exigences administratives. Le programme prévoit également l'accompagnement des jeunes entreprises tout au long de la phase de démarrage ou de développement, dans le but d'éviter un taux de mortalité élevé. Les statistiques parlent souvent du nombre d'entreprises créées en une année, mais il faut également garder en tête que le nombre d'entre elles, notamment les PME qui font faillite, est très important. Notre volonté est donc clairement de diminuer leur taux de mortalité, en les mettant en contact avec les personnes à même de leur assurer l'accompagnement et le soutien nécessaire pour dépasser les problèmes. Par ailleurs, le mentoring permet aujourd'hui de sortir l'entrepreneur de son isolement. On a beau avoir des amis ou des proches à qui se confier, mais au final, seules la discussion et la réflexion en compagnie d'un autre entrepreneur permettent de trouver les solutions aux différentes problématiques. Le mentoring permet cela justement. Que peut apporter ce programmeaux PME ? Nous avons un tissu économique principalement formé de PME. Or, il s'avère sur le terrain que ces entreprises restent souvent petites, sans pouvoir passer à un autre cap et devenir une grosse structure. Du coup, quand il y a une grande multinationale bien structurée sur le marché, cette PME se retrouve en difficulté. Nous aimerions donc via ce programme encourager les PME qui arrivent à un certain stade de maturité, à franchir cette étape et à aller vers un développement qui leur permette de devenir plus grandes. Certes, ce n'est pas une décision facile. Avec le mentoring, l'entrepreneur pourra plus facilement envisager cette option. Peut-on faire un premier bilan du projet ? Le projet existe depuis deux ans déjà. Certes, il y a des expériences qui n'ont pas marché, en raison principalement de la mauvaise entente entre le mentor et l'entrepreneur accompagné. Cependant, pour les autres, les résultats sont positifs et les entreprises parviennent à se développer grâce au mentoring. Nous faisons plusieurs évaluations au fur et à mesure de l'avancement du projet, pour voir d'abord les objectifs que l'entrepreneur s'est fixé et puis s'il parvient à les atteindre.