Alors que la situation épidémiologique de la Covid-19 ne cesse d'empirer, nombre de professionnels de la santé invitent le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, à étoffer sa stratégie de lutte contre le coronavirus. Face à une situation épidémiologique de la Covid-19 préoccupante, la Société marocaine des sciences médicales (SMSM) a récemment organisé un webinaire sanctionné par une série de recommandations, allant du renforcement des efforts consentis depuis le début de cette crise sanitaire, de la part des médecines publique, militaire et privée, à la mobilisation générale des médecins du secteur privé des différentes spécialités afin de participer aux phases de traitement des malades et d'orienter les cas suspects vers les centres de santé de référence. La SMSM recommande par ailleurs à la tutelle de faire appel aux ressources humaines et logistiques du secteur privé, en particulier dans le domaine de la réanimation et des soins intensifs, et d'ouvrir la voie au volontariat à ceux qui souhaitent contribuer aux côtés du secteur public à faire face à l'augmentation des cas graves et permettre aux malades de la Covid-19 d'accéder aux traitements nécessaires et aux différents services de santé. Ce n'est pas tout: s'ajoute la nécessité de permettre au médecin généraliste de participer au protocole de traitement. L'organisation à l'origine de la création de nombreuses sociétés de spécialités, d'associations médicales régionales, regroupant une pléthore de docteurs en médecine, préconise la protection des catégories vulnérables exposées aux risques de contamination de la Covid-19 (personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques) et l'augmentation de la capacité à effectuer les tests de dépistage auprès de ces catégories avant d'insister sur le rôle et l'efficacité du médecin de travail, qui doit veiller à la santé et la sécurité professionnelles au sein des entreprises privées. Concernant les employés sur le lieu de travail, la SMSM plaide pour plus de protection, notamment pour ceux qui travaillent dans les unités industrielles, «dans de meilleures conditions afin de pouvoir relancer l'économie et préserver l'emploi». Dans la même foulée, les médecins insistent sur la nécessité d'élaborer un plan collectif pour accompagner les entreprises, les protéger et garantir la continuité de leur activité. Sur un autre registre, les membres de la SMSM soulignent l'impératif du strict respect des mesures de prévention et de sécurité, individuelles et collectives, pour éviter tout risque de contamination, en particulier dans le contexte actuel où 20% des malades de la Covid-19 ayant été admis aux centres de réanimation et de soin intensifs ne souffrent d'aucune maladie chronique. Contexte difficile Cette série de recommandations s'inscrit dans un contexte particulier, marqué par une hausse inquiétante des cas de contamination. Selon les dernières statistiques, le Maroc occupe la 58e place au niveau mondial et la 6e sur le plan continental en nombre de cas d'infection à la Covid-19. En nombre des décès, le royaume est classé 61e au niveau mondial et 6e à l'échelle continentale. Face à cette situation explosive, le ministère de la Santé a adopté un nouveau protocole portant sur la prise en charge et le traitement à domicile des patients asymptomatiques atteints de coronavirus. Mais plusieurs voix se sont élevées ces derniers jours pour se faire entendre. Après la manifestation des médecins, infirmiers et aides-soignants du public sur tout le territoire national mardi 4 août, suite à la décision de la tutelle de reporter les congés du personnel de santé, les médecins anesthésistes sont montés au créneau, en début de semaine dernière, pour exprimer leur crainte face à la menace qui plane sur les hôpitaux publics. En effet, alors que les cas de contamination à la Covid-19 ne cessent de grimper, les professionnels craignent une surcharge dans les établissements relevant du public. Pour éviter pareille catastrophe, les anesthésistes ont lancé une alerte à l'adresse du gouvernement et de leurs confrères du privé pour plus de rigueur et de collaboration dans la gestion de la pandémie liée au coronavirus. Une alerte qui va dans le sens des recommandations de la SMSM. Preuve qu'il y a urgence à agir. KHADIM MBAYE / Les inspirations ECO