Le ministère de l'Education nationale a-t-il fait marche arrière quant à sa récente décision relative à la suspension des contrats d'heures supplémentaires qui lient les établissements privés et les enseignants du public ? En tout cas, au lendemain du déclenchement de la polémique sur ce sujet, c'est un imbroglio qui s'est emparé du secteur de l'enseignement. En effet, suite à la tenue d'une réunion en fin de semaine entre le ministère de tutelle et les représentants des écoles privées, ces derniers annonçaient que la tutelle avait finalement fait marche arrière et décidé de conserver ses effectifs puisés auprès du public, à condition que la période de grâce qui leur a été accordée (4 ans) soit exploitée pour la formation des ressources humaines qui manquent encore aux écoles et instituts. Or, dans un sujet diffusé samedi dernier par la deuxième chaîne nationale, on apprend que le ministère dément cette information et partant que la circulaire publiée la semaine dernière était toujours d'actualité. Selon la même source, la réunion de vendredi a laissé la porte ouverte aux dialogues. Ceci va donc à contre-sens des déclarations de l'association représentant les écoles privées. Cette dernière demandait pour rappel une période de grâce de 5 ans. Pour la ligue nationale de l'enseignement privé, «la décision a été surprenante», comme l'explique Mohamed Talib, président de ladite ligue. «Nous avons demandé au ministre d'ouvrir le dialogue sur la question car il nous faudra pas moins de 5 ans avant de former un corps enseignant», note le même responsable. Néanmoins, ce dernier ne cache pas son étonnement de voir la tutelle revenir sur la parole qui leur aurait été donnée pour annuler la circulaire de la semaine écoulée. Qu'est ce qui se cache donc derrière cette confusion? Le ministère va-t-il réellement rebrousser chemin ? En tout cas, pour les professionnels, la menace d'une année blanche est toujours brandie si leur doléance n'est pas prise en compte. Notons que du côté des établissements privés, la décision a été plus surprenante par son timing, notamment pour les écoles qui ont souvent compté sur les heures supplémentaires effectuées par des enseignants issus du public, à la recherche de compléments de revenus. Les écoles privées représentées par l'Association nationale des écoles privées ainsi que par l'Union des écoles, ont tenu un sit-in devant le siège du ministère à Rabat avant que leurs demandes ne soient satisfaites. Elles comptent opter pour des méthodes plus fortes si le ministère campe sur sa position. Pour les professionnels, le risque d'une année blanche est sérieux. Notons que que selon la circulaire, les écoles privées doivent également se mettre à niveau pour se doter de formateurs qui jouissent d'une ancienneté d'au moins 3 ans dans l'exercice effectif de l'enseignement, alors que le corps enseignant permanent doit, dans tous les cas, représenter 80% de l'effectif. Cette exigence est largement méconnue et a conduit la plupart des écoles payantes à recourir aux dérogations exceptionnelles accordées à l'occasion de chaque rentrée, avec un volume hebdomadaire déterminé de formateurs et d'enseignants publics. Pour prendre la décision de la suspension de l'autorisation, le département de tutelle a dû se justifier par les «constats émis par les parlementaires lors des questions orales et écrites durant l'année scolaire 2011/2012, ainsi que sur les préoccupations exprimées par les parents d'élèves et les conclusions émises par les services compétents du ministère de l'Education nationale», note la circulaire. La solution radicale qui a été prônée visait surtout à «recentrer le corps enseignant sur son statut de base pour permettre aux diplômés chômeurs d'avoir enfin une sérieuse option pour intégrer le corps enseignant au sein des écoles privées», insiste un responsable des ressources humaines au sein de l'Académie d'enseignement de Casablanca, qui ajoute que cela concerne «non seulement les hauts diplômés chômeurs, mais aussi les chercheurs d'emploi titulaires d'une maîtrise (Bac+4). Cette solution permettra d'intégrer cette catégorie de futurs recrutés, dans le cadre de la loi de finances 2013 au sein de l'échelle 10, ce qui sera en adéquation avec la nouvelle grille des salaires adoptée au sein de l'administration publique», explique-t-il. Quoiqu'il en soit, si annulation de la nouvelle décision il y a, elle ne ménagera certainement pas l'Etat, qui compte durant cette rentrée 2012-2013 améliorer la qualité de l'offre, après l'échec des CDD pour le recrutement des enseignants du public. L'accompagnement du privé durant les prochaines années se fera,pour sa part, à travers la mise en place de licences professionnelles spécialisées dans l'éducation, lesquelles seront chargées de la formation du futur corps éducatif. La nouvelle expérience mise en place durant l'année scolaire écoulée et qui se poursuivra durant la rentrée universitaire 2012-2013 concerne jusqu'à présent 3 universités, avec la création de nouveaux Centres pédagogiques régionaux (CPR). Ceci dans l'optique d'accompagner les efforts déployés par les inspecteurs pédagogiques, qui ont relevé plusieurs carences dans le rendement des nouvelles recrues, essentiellement dans l'encadrement pédagogique au profit des collégiens. En outre, la rentrée 2012-2013 correspond à la fin de la formation qualifiante effectuée durant l'année scolaire 2011-2012. Ces critères d'évaluation des compétences ont été confiés à un comité mixte, chargé aussi de mettre en place des enseignants destinés à occuper des postes administratifs au sein des écoles primaires.