L'OCP (Office chérifien des phosphates) semble surfer sur une vague de croissance. La remontée des cours du phosphate brut sur le marché mondial et la reprise de la demande des fertilisants y sont pour beaucoup. En effet, selon la dernière lettre de la DEPF sur les tendances du marché mondial des produits de base, les cours du phosphate brut sont bien orientés. Ils se sont établis à 180 dollars la tonne en juillet dernier, marquant ainsi une progression de 2,9% sur un mois, portant leurs gains à 7% sur les sept premiers mois, en glissement annuel. Quant aux prix des engrais phosphatés (DAP et TSP), ils sont restés stables en juillet après une remontée sur le deuxième trimestre de 12% et 10% respectivement, tirés par une reprise de la demande. Les cours de l'urée, eux, ont régressé de 8,5% en juillet, ramenant leurs gains annuels à 8,7%, suite au repli des prix du gaz naturel qui est le principal intrant de la production. Du coup, les exportations des phosphates se sont appréciées, à fin juillet 2012, de 11,1% à 7,37 MMDH, alors que les ventes des dérivés de phosphates ont pris 1,1% à 20,35 MMDH. Sur les trois dernières années, la part du phosphate brut dans les exportations totales des phosphates et dérivés s'est établie à environ 26% contre une moyenne de 29% sur la période 2006-2009, se traduisant ainsi par une orientation vers l'exportation des produits à plus grande valeur ajoutée. Surtout que la demande des fertilisants est grandissante, et ceci en lien avec la flambée récente des prix des produits agricoles et les niveaux relativement élevés des cours pétroliers et énergétiques. D'ailleurs, la demande mondiale des engrais phosphatés avait déjà rebondi de 8% en 2010/2011, soutenue par une importante récolte. L'Asie représente près de 60% de la consommation mondiale, avec 36% pour la Chine qui est le plus gros consommateur mondial, et près de 20% pour l'Inde. La demande est également tirée par l'Amérique latine (Brésil). Seulement, la baisse tendancielle des capacités d'exportation des Etats-Unis et le maintien en Chine des mesures restrictives à l'exportation sont de nature à favoriser la demande adressée à l'OCP. Une donne que le groupe marocain a déjà anticipée en activant les investissements dans la modernisation et l'extension des capacités de production. Sa nouvelle stratégie est construite de manière à pouvoir capter, dans des conditions avantageuses, une partie de la demande mondiale additionnelle pour les produits phosphatés. Capacité triplée En particulier, l'OCP, dont la performance commerciale et financière est en nette amélioration ces dernières années (un bénéfice net en progression, sur une année, de 76,1% à 14,62 MMDH à fin 2011), prévoit d'augmenter sa capacité de production d'acide phosphorique pour répondre aux besoins des usines de granulation qui seront mises en service dès 2013. Globalement, la capacité de production des engrais chimiques et phosphatés sera triplée pour atteindre plus de 10 millions de tonnes par an à l'horizon 2020. Le programme d'investissement de l'OCP prévoit aussi d'augmenter la capacité de production minière de 30 à 55 millions de tonnes en 2020. En outre, le groupe envisage une réduction des coûts à raison de 30 à 40% d'ici la réalisation de son programme. Dans ce sillage, un premier minéroduc, qui reliera Khouribga à Jorf-Lasfar, avec une capacité de 40 millions de tonnes par an, est en construction et sera opérationnel en 2013. Par ailleurs, l'OCP a signé de nombreux accords avec plusieurs partenaires (Inde, Brésil, Turquie, Etats-Unis...) dans les domaines de production, de commercialisation et d'ingénierie.