La fin du plan d'urgence et la première rentrée scolaire d'El Ouafa, 8 mois après sa nomination, sont à eux seuls deux éléments qui mettent la rentrée scolaire 2012-2013 dans un contexte tout à fait différent pour les élèves et leurs familles. Pour cette nouvelle année, la marge d'erreur est très mince pour le ministre istiqlalien qui doit se concentrer entièrement sur son sujet de septembre, un mois qui verra aussi la tenue de la session extraordinaire de l'Istiqlal et la désignation d'un nouveau leader d'un parti dont il est l'un des artisans. La rentrée s'annonce donc dans un climat d'ores et déjà très tendu pour le ministre de l'Education nationale, qui ne pourra pas se contenter de gérer les problèmes récurrents de chaque rentrée scolaire mais plutôt de garantir aux solutions décidées une application généralisée à tous les établissements scolaires et collégiaux. Le gouvernement a en effet mis les bouchées doubles pour préparer la rentrée selon de nouvelles exigences. Celui-ci a d'abord mis en place une commission médicale du ministère de la Santé pour réexaminer toutes les demandes de mutation pour des raisons de santé. Une démarche qui intervient pour mettre fin aux abus enregistrés, lesquels vont à l'encontre des exigences de respect des délais de la rentrée scolaire et de la qualité de l'enseignement. Le ministère de l'Education nationale a aussi annoncé l'adoption de mesures pour faciliter l'opération d'inscription des élèves dans les établissements de l'enseignement public pour l'année scolaire 2012-2013. D'abord, les parents d'élèves se trouvant dans des conditions matérielles difficiles auront jusqu'à la fin du mois de novembre 2012 pour s'acquitter de leurs droits d'inscription. Une mesure qui vient s'ajouter à la période exceptionnelle de réinscription qui s'étendra du 3 au 8 septembre. La prochaine rentrée verra également le non-renouvellement des délégations du pouvoir de recrutement qui était accordé aux académies régionales. Une nouvelle stratégie de recrutement des enseignants a été mise en place par les responsables en charge de ce dossier. Si les conditions de réussite de l'expérience du recrutement via des contrats à durée déterminée n'étaient pas réunies, l'arrêt de ce mode de recrutement depuis 2011 ne va que faire durer le déficit en ressources humaines dans certains établissements. Plus de 3.200 enseignants ont été recrutés par CDD et cette performance a poussé à chercher un autre régime qui s'appuie désormais sur la mise en place de licences professionnelles spécialisées dans l'éducation. Cela concernera au départ 3 universités, sans oublier la création de nouveaux Centres pédagogiques régionaux (CPR) pour accompagner les efforts déployés. Le département de tutelle veut d'autre part assurer un encadrement pédagogique au profit des collégiens durant l'année 2012-2013 afin de méliorer la qualité de l'enseignement dispensé au sein des écoles publiques. Un œil vigilant sur le privé Le département de l'Education nationale sera aussi très tatillon durant la prochaine rentrée scolaire sur le contrôle des frais de scolarité supportés par les familles marocaines. Les associations des parents d'élèves, ainsi que les nouvelles exigences de protection des consommateurs imposent en effet à l'Etat de tourner définitivement la page du laxisme trop aisément justifié par la mission de service public qui incombe à ces écoles. Le département de tutelle a promis d'être en mesure de répondre aux doléances des familles dont les charges de scolarité des enfants augmentent de manière disproportionnée à l'occasion de chaque rentrée. Plusieurs mesures seront activées, notamment l'affichage des diverses catégories de frais, des mensualités, des frais d'assurance et d'inscription. La nouvelle circulaire relative au droit d'information des parents d'élèves sur les détails des frais payés durant le mois de septembre 2012 montre que le devoir d'information nouvellement accordé ne concerne pas uniquement les parents d'élèves, regroupés au sein des associations, mais doit toucher également les tuteurs des élèves qui n'ont jamais assisté aux travaux de ces associations et qui vivent une grave crise de représentation depuis près d'une décennie. Les nouvelles consignes de la rentrée veulent assurer la proportionnalité des services éducatifs offerts aux élèves avec les prix pratiqués par les établissements scolaires privés. Le département d'El Ouafa a programmé des réunions avec les associations représentatives de l'enseignement privé pour les sensibiliser sur la nécessité de l'affichage des frais des divers services proposés. Les visites des comités d'inspection administrative seront renforcées et donneront lieu à «un rapport spécifique, qui détaillera le degré de respect des nouvelles dispositions», sans que cela ne soit accompagné de sanctions en cas de manquement aux nouvelles dispositions ou de la cadence des visites d'inspection pédagogiques et administratives qui seront renforcées durant la prochaine année scolaire. Dixit... Je ne veux pas entrer dans une polémique, mais si elle nous est imposée, nous sommes prêts. Je ne vais pas aussi répondre à ceux qui se contentent de lire quelques unes de la presse, sans pouvoir aller plus loin. Je suis prêt à défier tous ceux qui parlent de l'accès à certaines filières réservées exclusivement aux fils des familles favorisées. Je n'ai jamais dis cela et je tiens à souligner devant les députés que je ne suis pas là pour entrer dans une «lutte des classes ».Il faudra par contre dire que le budget qui était alloué ne pourrait pas résoudre la problématique. Nous avons 210.000 étudiants, dont 36.000 «hors du compte» et nous avons besoin également de l'implication du privé pour la résorption des bacheliers. Lahcen Daoudi, Ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres. Jusqu'à présent nous n'avons pas une rentrée scolaire au vrai sens du terme. Nous avons pris toutes les initiatives dans le cadre du mouvement des professeurs des centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation, qui a commencé en juillet 2012 et je peux assurer qu'il n'y aura pas de mouvement exceptionnel des enseignants. Le mouvement a concerné 2.938 écoles du primaire et 2.728 collèges et lycées. Nous avons pu aussi mettre en place un numéro vert qui permet d'instaurer un suivi pour la rentrée avec un centre pour la réception des réclamations. Pour le volet des ressources humaines, le déficit est de l'ordre de 15.000 postes budgétaires que la loi des finances ne pourra pas satisfaire d'un seul coup. Mohamed El Ouafa, Ministre de l'Education nationale.