Gouvernement et partenaires sociaux devraient trouver, au cours des prochains jours, un terrain d'entente concernant plusieurs points de discordance, notamment l'épineuse question de la hausse du SMIG. On s'attendait à ce que le round de dialogue social amorcé au sortir du confinement obligatoire soit serré. La conjoncture actuelle, résultat de la crise sanitaire, ne facilitera pas les choses. Chacune des parties tentera certainement de tirer la couverture de son côté, entreprises et ménages ayant été malmenés par les conséquences de la baisse de l'activité économique, de l'arrêt de certaines branches d'activité... Mercredi se tenait la première réunion du dialogue social tripartite relative aux mesures d'allègement de l'état d'urgence sanitaire et à la relance de l'activité économique. Les enjeux sont grands et les partenaires sociaux ne comptent rien lâcher. Mardi dernier déjà, à la Chambre des conseillers, les centrales syndicales avaient annoncé la couleur. Elles insistent sur la protection des emplois et la mise en œuvre des sanctions contre les employeurs qui méconnaissent les droits des travailleurs. De son côté, le ministre de l'Emploi et de l'insertion professionnelle, Mohamed Amekraz, a indiqué, mercredi à Rabat, que «Le dialogue social est un choix stratégique et un mécanisme de consolidation de la voie démocratique au royaume». Son intervention lors de la réunion du mercredi laissait entendre que l'heure est à l'apaisement et à la focalisation sur les priorités: sauver et l'emploi et l'entreprise. Amekraz a ainsi planté le décor en rappelant le contexte exceptionnel de la réunion, marqué par «une volonté collective» de faire face aux répercussions socio-économiques du Covid-19. Dans une déclaration suite à la tenue de cette réunion, Khadija Zoumi, membre du bureau exécutif de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), a appelé à la mise en place d'un comité de veille sociale qui devrait protéger l'employé marocain face à l'émergence de catastrophes telles que la pandémie du coronavirus. De son côté, Khalid Houir Alami, secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT), a indiqué que parmi les propositions les plus importantes formulées par la confédération figure la création d'un comité de veille sociale. Ce dernier considère que le fait de travailler sur la situation sociale constitue une priorité. Le président de la commission sociale de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Hicham Zouanat, a quant à lui qualifié la réunion de «tentative proactive» visant à atténuer les répercussions de la crise et à préserver l'emploi. Quoi qu'il en soit, le gouvernement devra présenter ses solutions relatives au soutien des entreprises pour assurer la protection de l'emploi ainsi que le calendrier de l'application des accords déjà conclus durant le round de l'année écoulée, notamment la hausse (ou non) du SMIG. Concernant ce point, il est à rappeler que la CGEM avait officiellement demandé le report de la deuxième tranche de 5% du salaire minimum (SMIG), prévue le 1er juillet 2020, au 1er juillet 2021 en raison des effets économiques engendrés par la pandémie de coronavirus sur les milieux des affaires et le monde de l'entreprise. La proposition du patronat se base sur le fait que l'entreprise marocaine rencontre en ce moment de véritables problèmes à cause des répercussions de la pandémie, qui relèvent donc de la force majeure. Il s'agit notamment des entreprises des secteurs du tourisme, du transport des voyageurs ou encore des industries culturelles. Comme attendu, cette proposition n'a pas été du goût des syndicats qui estiment que la relance économique ne devrait pas se faire au détriment des salariés. Selon nos sources, lors de la dernière réunion tenue dans le cadre du dialogue social, les syndicats ont critiqué l'absence «de vision gouvernementale concrète sur le sujet». Ces derniers demandent d'ailleurs au chef de gouvernement de présenter une approche plus claire pour le dénouement du dialogue social en cours. Pour le moment, l'Exécutif n'annonce rien. Une chose est sûre: il a été convenu de poursuivre les pourparlers et de programmer de nouvelles réunions durant les jours à venir. Sanae Raqui