Des partenaires sociaux plus que jamais divisés se réunissent aujourd'hui à Rabat Les partenaires sociaux devront trouver un terrain d'entente concernant plusieurs points d'achoppement à commencer par la hausse du SMIG. La CGEM a officiellement demandé le report de la deuxième tranche de 5% du salaire minimum. Le dialogue social reprend. Les partenaires sociaux se réunissent aujourd'hui à Rabat sous la présidence du ministre de l'emploi et de l'insertion professionnelle. Une reprise déjà critiquée par les syndicats. "Nous pensons que le gouvernement aurait pu reprendre le dialogue bien avant. C'est d'autant plus vrai que les représentants des fonctionnaires et salariés ont pratiquement été écartés de la gestion des effets de la pandémie Covid-19 au moment où le ministre de l'économie a pris part au CA du patronat et que la CGEM a participé à plusieurs réunions du Comité de veille", déclare Khalid Alami Houir, secrétaire général adjoint de la CDT (Confédération démocratique du travail). Et de poursuivre : "Nous avons reçu une invitation pour participer à quatre rounds en perspective d'une réunion ultime avec la participation du chef de gouvernement. L'ordre du jour communiqué concerne la gestion des effets de la crise sanitaire et la stratégie de relance économique". Les partenaires sociaux devront trouver un terrain d'entente concernant plusieurs points d'achoppement à commencer par la hausse du SMIG. La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a officiellement demandé le report de la deuxième tranche de 5% du salaire minimum en raison des effets économiques engendrés par la pandémie du coronavirus sur les milieux des affaires et le monde de l'entreprise. Problème : les syndicats ne sont pas vraiment pour ce report tandis que le gouvernement préfère garder le silence pour le moment en attendant des moments plus propices pour réagir. "Nous sommes pour la relance économique mais cela ne doit pas se faire au détriment des salariés. Nous sommes également contre un traitement global puisque certaines entreprises et secteurs d'activités ont continué à faire des affaires alors que d'autres ont vu leurs chiffres d'affaires augmenter pendant la période de l'état d'urgence. Nous ne voyons pas pourquoi ceux-là ne devraient pas verser une hausse de 5% du salaire minimum à leurs salariés", ajoute le secrétaire général adjoint de la CDT. L'autre point qui devrait capter l'attention des partenaires sociaux concerne les indemnités versées aux salariés en arrêt temporaire du travail. Alors que l'UMT (Union marocaine du travail) a demandé de poursuivre le versement de ces indemnités au-delà de la date butoir fixée à la fin de ce mois de juin, la CDT demande même d'augmenter leur valeur. "Nous avons déjà soulevé des questions d'ordre structurel comme la transformation du Fonds spécial de lutte contre la pandémie Covid-19 en un compte du Trésor annuel pérenne. Nous demandons également la création d'une banque publique d'investissement pour financer les projets et mécanismes de relance même si le débat actuellement porte sur la création d'un fonds spécial pour l'investissement", ajoute notre source à la CDT. Ainsi, le chantier du projet de loi de Finances rectificative devra également figurer dans les échanges entre les responsables. Reste à savoir si le gouvernement pourra rapprocher les points de vue. Une mission qui reste possible mais pour le moins délicate… Argumentaire de la CGEM Le président du groupe parlementaire de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) à la Chambre des conseillers a demandé le report de la hausse du SMIG d'une année, soit jusqu'au mois de juillet 2021. "L'entreprise marocaine rencontre en ces moments des difficultés profondes en raison des répercussions de la pandémie du coronavirus. A titre d'exemple, il s'agit notamment des entreprises du secteur touristique, le transport des voyageurs, les industries culturelles et activités connexes. Ceci rend la mise en oeuvre de la deuxième tranche de la hausse du SMIG d'une valeur de 5%, impossible, pour des raisons qui ne nécessitent pas d'arguments puisque les difficultés actuelles relèvent de la force majeure. J'ai ainsi le regret de proposer au nom de la CGEM de reporter officiellement la mise en oeuvre de la hausse au juillet 2021", avait déclaré le président du groupe parlementaire de la CGEM, Abdelilah Hifdi. A noter que les partenaires sociaux avaient signé un accord en avril 2019. Ce dernier prévoyait notamment une hausse de 10% du salaire minimum dans le secteur privé répartie sur deux années. Une première tranche est entrée en vigueur l'année dernière alors que la deuxième tranche est prévue théoriquement cette année.