«L'énergie éolienne commerciale est déployée dans plus de 75 pays à travers le monde, 21 pays ayant plus de 1.000 MW installés». C'est la dernière actualisation globale que le Conseil mondial pour l'énergie éolienne (GWEC) vient d'établir sur le potentiel de business de la filière éolienne, à l'issue de la conférence des Nations Unies sur "l'environnement et le développement durable" tenue fin juin dernier. La capacité de production mondiale actuelle est de plus de 250 GW, soit 30 fois supérieure à celle déployée il y a seulement 15 ans, lors de la signature du protocole de Kyoto en 1997, et la filière est loin de perdre de son rythme. Les prévisions du secteur montrent que l'énergie éolienne, avec l'appui politique adéquat, doublera sa capacité d'ici 2015 et fera de même d'ici la fin de cette décennie, en fournissant 9 à 12% de l'offre mondiale d'électricité. En termes d'impact, «cela devrait permettre de réduire les émissions de CO2 de près de 1,5 milliard de tonnes par an, d'économiser des milliards de litres d'eau douce et de contribuer à la sécurité énergétique et à la stabilité des prix dans tous les pays du monde», argumente l'organisme international engagé dans la promotion et le développement de l'énergie éolienne ainsi que d'autres renouvelables. Sur le continent africain, ce dynamisme se reflète aussi à travers le rythme de lancement des projets. Dans son dernier rapport mondial sur ce type d'énergie, portant sur l'année 2011, le GWEC place l'Afrique du Sud en leader sur la période 2012-2016 à venir. «Ce marché devrait bientôt s'ériger et dominer sur le continent dans les cinq prochaines années, et peut-être commencer à se positionner en hub régional pour l'industrie éolienne vers la fin de cette échéance». Par contre, pour le Maroc et l'Egypte, les deux autres gros marchés éoliens du continent, le rapport indique qu'ils ne devraient pas commencer à figurer de façon proéminente sur le plan international, avant fin 2016, au moins. Entre ces deux économies d'Afrique du nord, l'écart est encore creux en termes de capacités installées. Inversement de tendance À fin 2011, le royaume cumulait 291 MW de potentiel éolien installé, contre 550 MW pour l'Egypte, mais les retombées du printemps arabe en général, et les effets sur les investissements étrangers en direction de ce pays, en l'occurrence, devraient lourdement peser pour un renversement de tendance. Pour 2011, par exemple, aucun mégawatt supplémentaire n'a été rajouté en Egypte en termes de projets livrés. Le royaume a par contre fait un peu mieux que son voisin égyptien, avec un léger rajout de 5 MW sur la capacité installée. De façon beaucoup plus globale, le marché mondial de l'énergie éolienne a quelque peu recouvré son dynamisme à fin 2011. Ce marché a en effet progressé en volume via de nouvelles capacités installées à un rythme de près de 6%, comparé à une année auparavant. 405 GW de capacités ont été nouvellement installées l'année dernière, ce qui représente un cumul d'investissements dépassant la barre des 50 milliards de dollars US. Parmi les plus grandes illustrations, figure le marché nord américain qui affiche une certaine reprise de son industrie éolienne domestique, mais la plus extraordinaire des croissances, dans un contexte de conjoncture économique peu favorable, est à l'actif de la Chine avec 17.631 MW ajoutés rien qu'en 2011. L'Empire du milieu confirme ainsi une présence de plus en plus affirmée sur la filière éolienne, et ce n'est que le début, puisque cette offensive se prolonge dorénavant jusque sur de petits marchés en croissance comme le Maroc. L'illustration la plus récente de cette offensive chinoise sur le secteur, est relative au projet éolien intégré de 850 MW, lancé au début de l'année par l'Office national de l'électricité, et partie intégrante du programme éolien national. À la grande surprise de l'opinion publique et des observateurs les plus avertis du secteur, la Chine, est l'un des pays fournisseurs d'expertises les mieux positionnés dans la phase de préqualification. L'Empire du Milieu domine surtout en nombre d'entreprises et de groupes d'entreprises ayant répondu à l'appel à candidature. Six enseignes ou groupes de sociétés, soit près de la moitié du total des soumissionnaires, sont effectivement chinoises. Dans cette liste, elles se nomment China Petroleum Liaohe Equipment Company, CECEP Wind Power, Goldwind, etc. Encore peu connues, il y a tout juste quelques années, ces enseignes sont de plus en plus présentes sur la scène internationale des énergies renouvelables. Le dragon asiatique s'empare du vent L'Asie continuera d'être le plus grand marché éolien de la planète à l'horizon 2016, en dépit d'une croissance en décélération en comparaison aux cinq derrières années. La Chine en particulier, est entrée dans une phase de consolidation de ses performances domestiques dans ce secteur, selon les perspectives du GWEC. Cela, même si les experts de l'organisme font comprendre que la plus forte croissance sur les cinq prochaines années dans la région, sera indienne. Ce pays est en effet aussi une des futures grandes destinations des investissements dans la filière. L'Inde a en effet rajouté près de 3 GW en nouvelles installations à fin 2011, et devrait s'inscrire dans une croissance annuelle de 5 GW à partir de 2015. Actuellement, ce pays fait tourner un peu plus de 16.000 MW en capacités éoliennes. Le GWEC pense que ce pays pourrait même en faire davantage, grâce au maintien du rythme de sa croissance économique actuelle, aux améliorations des infrastructures de réseau ainsi qu'à la mise en place d'une politique de management public du secteur avec une stratégie bien définie. Le Japon est la troisième force motrice de l'éolien asiatique, même si les capacités développées pour ce type d'énergies sont quelque peu contrebalancées par l'avancée du nucléaire. Par rapport à ses voisins, ce pays n'en est qu'à un peu plus 2.500 MW de capacités éoliennes totales, dont seulement 168 MW rajoutés en 2011.