La toute jeune modernisation de la filière apicole se poursuit à un rythme bien réservé. À un peu plus d'une année après la signature d'un contrat programme de développement de la filière avec l'Etat, les projets et inititiatives d'agrégation sont loin de se bousculer au portillon des ruches. Seuls deux projets d'investissement sont actuellement en cours de mise en œuvre dans le cadre du pilier I du Plan Maroc Vert, pour un montant total à terme de quelque 180 MDH. Pour l'ensemble, 500 apiculteurs sont concernés par ces agrégations. L'une de ces deux initiatives est conduite par Zamzami, un groupe familial opérationnel dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. Le projet porte à terme sur l'agrégation de 200 agriculteurs, qui fournissent du miel brut à un centre de traitement relevant de la société agrégatrice, pour un objectif de production de miel traité fixé à 1.750 tonnes en 2021. Par ailleurs, de façon plus globale, le nombre de nouveaux projets est tout de même beaucoup plus relevé au niveau des projets répertoriés dans le cadre du second pilier du Plan de développement agricole, même s'ils restent encore bien en deçà du potentiel estimé de la filière. En effet, «neuf autres projets ont été aussi lancés dans différentes régions du royaume, pour un investissement total frôlant les 50 MDH», selon les dernières actualisations des responsables de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l'apiculture (FIMAP). Là, c'est plus de 2.800 apiculteurs qui sont concernés. Obstacles Pour l'interprofession, les objectifs de la filière sont doubles : modernisation et développement de la production. Ces initiatives lancées dans le cadre du contrat-programme, en sont donc à leurs premiers pas vers une filière guérie de l'informel et de la mauvaise concurrence du miel importé. «Ce sont les deux principales entraves, en plus de la compétitivité de la filière», commente une source à la FIMAP. Pour la première problématique, elle touche toute la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation, en passant par les canaux de distribution. La filière se caractérise en effet par la dominance du segment traditionnel, avec 70% des effectifs du cheptel, le segment modernisé ne constituant que 30% des capacités. Selon la même source, pas plus de 50% de la production nationale de miel est commercialisée à travers le circuit moderne (grandes et moyennes surfaces). L'autre moitié, est écoulée sur les marchés traditionnels, à des écarts de prix qui dépassent parfois l'entendement, parce que peu maitrisés et très manipulés par les intermédiaires. Quant à l'importation, l'autre boulet à l'essor de la filière, sa réussite est justifiée par une demande locale que la production nationale est encore loin de satisfaire. Selon les chiffres de l'Office des changes, le royaume a importé un peu plus de 1.500 tonnes de miel en 2010, et près de 1.800 tonnes en 2009, pour couvrir 60% à 80% des besoins nationaux en fonction des années. Moyens Mais la FIMAP semble désormais s'être procurée les moyens de renverser cette tendance dans le bon sens. Le contrat-programme scellé avec la tutelle à l'horizon 2020, devrait être le principal cadre de sa mise en œuvre. Toutes les activités amont et aval de la filière sont concernées, et les objectifs sont ambitieux. Le premier est évidemment d'ordre productif, et devrait entrainer une augmentation importante des rendements globaux de la filière, afin de les faire passer de 3.500 tonnes actuellement à 16.000 tonnes en 2020. Cela devrait passer notamment par la promotion de l'investissement et la création de 40.000 nouveaux emplois, l'encouragement de la valorisation des produits de la ruche pour une meilleure valeur ajoutée (produits de terroir, labellisation etc.), la réduction des coûts de production et l'amélioration de la productivité (amélioration génétique, recherche appliquée, transfert de technologie, etc.). D'autres chantiers portent sur des aspects qualitatifs, telle l'attribution de signes distinctifs d'origine et de qualité aux produits de la filière. La filière espère, par ce biais, réaliser un impact positif sur le niveau de consommation qui devrait passer de 200g à 400g/habitant/an. Tout cela a bien sûr un coût. Cette stratégie devrait être concrétisée grâce à un investissement global d'un peu plus de 1,4 MMDH, sur la période 2011-2020.