Le rapatriement des Marocains naturalisés espagnols est débattu ce jeudi au Parlement au sein de la commission des Affaires étrangères. Les Espagnols d'origine marocaine dénoncent une «discrimination». La question du rapatriement des Espagnols d'origine marocaine a atterri au Congrès des députés, la Chambre basse espagnole. Deux formations, à savoir le leader de l'opposition, le PP et la coalition basque Bildu, interpelleront Arancha Gonzalez Laya, la ministre des Affaires étrangères de l'Union européenne et de la coopération sur la gestion de ce dossier. C'est grâce à une grande mobilisation de ce collectif que les élus espagnols se sont saisis de cette affaire. Dans leur cahier de doléances, les Marocains naturalisés espagnols pointent du doigt la déplorable gestion par les autorités espagnoles du dossier du rapatriement des Marocains naturalisés espagnols. Après plusieurs coups de gueule et une mobilisation sans relâche sur tous les fronts, les autorités espagnoles ont accédé à la demande des concernés d'affréter des avions pour rapatrier quelques citoyens espagnols d'origine marocaine. Le premier vol est prévu le 27 avril, selon les premières indiscrétions qui tombent au compte-goutte. C'est ce qu'a annoncé l'ambassade d'Espagne au Maroc sur les réseaux sociaux. Selon des mails envoyés par différents consulats espagnols au Maroc à des Marocains naturalisés espagnols, des vols seront programmés dans les prochains jours. Les détails seront communiqués aux concernés, indiquent les réponses laconiques fournies par les différentes représentations consulaires espagnoles au Maroc. Selon l'un de ces courriers que nous avons pu consulter, le texte parle de «candidature au rapatriement». En somme, rien n'est encore décidé. Un Marocain que nous avons interpellé au début de cette crise ne fait pas partie des «heureux élus». «Ma sœur, titulaire de la nationalité espagnole va pouvoir rentrer chez elle. Moi, je dois attendre encore car je ne dispose que d'un titre de séjour», regrette-t-il. Les few happy doivent s'acquitter de la somme de 250 euros, plus 60 euros pour rejoindre la destination finale. Outre les Marocains naturalisés espagnols, certains résidents marocains devraient être éligibles à cette sélection. «Il s'agit de cas humanitaires, comme des personnes souffrant de maladies chroniques, des femmes enceintes ou des parents en compagnie d'enfants mineurs. Nous suivons de près les dossiers et nous veillons à ce que les critères soient d'ordre humanitaires», affirme Ahmed Alami, président de Itran, l'association des amis du peuple marocain, qui s'est proclamé défenseur de cette cause. Salima, originaire du nord du Maroc serait parmi les passagers du prochain vol, selon ce qu'a annoncé le consulat espagnol. Toutefois, elle s'abstient de crier victoire. Le goût amer qu'a laissé le rapatriement du 3 avril au départ de Casablanca où les Espagnols d'origine marocaine ont été exclus de cette opération la pousse à rester sur ses gardes: «tant que je n'ai pas mis les pieds dans cet appareil, je ne peux me réjouir. Nous avons eu droit à de nombreuses fausses promesses, de sorte que notre confiance à l'adresse des autorités consulaires espagnoles s'est ébranlée». Qu'en-est-il du reste des Marocains porteurs d'un titre de séjour ? C'est la question qui revient en boucle auprès du collectif marocain résident en Espagne et bloqué au royaume. Pour s'en laver les mains, les autorités consulaires espagnoles jettent la pierre au royaume. Dans un courrier envoyé par le consulat espagnol à Nador, le 22 avril et dont nous détenons copie, cette agence consulaire espagnole indique que cette décision revient aux autorités marocaines, la seule habilitée à autoriser le départ des Marocains résidents sur le sol espagnol. «C'est faux», rejette cette source diplomatique. Les autorités espagnoles se dérobent-elles de leurs obligations et induisent-elles en erreur les Marocains en jetant la pierre aux autorités marocaines ? Tout porte à le croire ! «Le Maroc n'a mis aucun obstacle au départ des Marocains établis en Espagne. Ce sont les autorités espagnoles qui n'étaient pas à la hauteur. Leurs homologues marocaines ont seulement demandé le respect de la souveraineté marocaine et que les organisateurs du rapatriement fournissent la liste des personnes qui seront admises sur ces vols pour une vérification de l'identité des passagers et éviter des malentendus le jour du départ», précise Ahmed Alami. Pour certains, la solution pour venir en aide aux maroco-espagnols et aux résidents devrait passer par la voie maritime. «Nous sommes en contact avec la région autonome d'Andalousie et son président pour rapatrier via voie maritime les Marocains. Nous estimons qu'il s'agit d'environ 2.000 personnes qui doivent être rapatriées. Seul un transfert à travers une connexion maritime pourrait offrir une sortie de crise», soutient Alami. De même, des avocats en droit international ont été saisis par ce collectif marocain pour acculer le gouvernement espagnol à réagir. «Nous espérons ne pas en arriver à ce stade car il est urgent de trouver une solution pour ces personnes», soutient Alami avant d'ajouter : «cette crise a mis à nu le traitement que l'Espagne et ses consulats réservent à ses concitoyens d'origine marocaine».