Les syndicats veulent être représentés au sein du Comité de veille économique, à l'instar des partenaires économiques, pour participer à la gestion de la crise actuelle déclenchée par la pandémie du Covid-19. Les centrales syndicales les plus représentatives demandent à être consultées sur tout ce qui a trait aux décisions et aux mesures relatives au marché du travail. Le gouvernement va-t-il accéder à leur requête? Rien n'est moins sûr. Cela fait trois semaines que les centrales syndicales ont soumis cette doléance au chef de gouvernement, Saad Dine El Otmani, lors d'une réunion qui s'est tenue le 30 mars à Rabat. Cette demande vient d'être réitérée lors d'une réunion entre les partenaires sociaux et le ministre du Travail et de l'insertion professionnelle, Mohamed Amakraz. Les syndicats critiquent vertement leur non-représentativité au sein de cette instance stratégique. À cet égard, Mohamed Zouiten, dirigeant syndicaliste de l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), bras syndical du PJD, estime qu'il s'agit d'un indicateur négatif et que le gouvernement est appelé à rectifier le tir. Les mesures prises, jusque-là, en faveur des travailleurs sont jugées insuffisantes car elles laissent pour compte certaines catégories, comme le souligne aux Inspirations ECO Khalid Houir Alami, secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail. Il s'agit, entre autres, des salariés qui travaillent dans le secteur formel mais qui ne sont pas déclarés par leurs patrons à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de ceux qui ont été licenciés avant le mois de février. Un autre point de la plus haute importance doit être pris en considération: la garantie de la sécurité et de l'hygiène au sein des entreprises qui continuent à travailler en cette période de confinement. Le ministère du Travail est pointée du doigt car il n'a pas encore imposé ces mesures afin d'éviter le pire. On cite, à ce titre, les quelques unités industrielles qui se sont transformées en foyers épidémiologiques à cause du non-respect des règles d'hygiène recommandées par le ministère de la Santé et l'Organisation mondiale de la santé. Le secteur agricole est également concerné. En effet, il est constaté que le transport des ouvriers agricoles se fait sans respect des règles d'hygiène. Intensifier le contrôle Le dirigeant syndical de la CDT tire à boulets rouges sur le ministère du Travail et de l'insertion professionnelle qui «n'a rien fait pour empêcher une telle situation alors qu'il fallait éditer des circulaires et intensifier les contrôles à travers les inspecteurs du travail». On reproche au département d'Amakraz de se contenter de publier un guide pour répondre aux questions que se posent les employeurs et employés par rapport à la gestion des conditions de travail à l'heure où il fallait agir avec fermeté pour que l'on soit en phase avec les mesures courageuses prises par les autorités publiques depuis le déclenchement de cette crise. Le rôle des inspecteurs de travail est jugé très important en cette période de crise non seulement pour préserver la sécurité des salariés, mais aussi lutter contre les violations au Code de travail. Les pratiques de certaines entreprises en cette conjoncture sont pointées du doigt par les syndicalistes. Sur le plan législatif, le gouvernement est appelé par les partenaires sociaux à ouvrir avec eux des concertations étroites en vue de sauvegarder les intérêts des salariés en cette conjoncture difficile. En ce qui concerne, à titre d'exemple, le projet de loi 25.20 édictant des mesures exceptionnelles en faveur des employeurs affiliés à la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) et de leurs employés déclarés, qui pâtissent des retombées de la propagation du coronavirus (Covid-19), adopté par la Chambre des conseillers jeudi dernier, des craintes ont été formulées concernant un éventuel impact de l'arrêt temporaire du travail sur la retraite des salariés ou leur ancienneté. À cet égard, le ministre de tutelle a tenu un discours rassurant et a balayé les doutes autour de cette question. Il est aussi recommandé de mettre en place des critères précis permettant aux entreprises de bénéficier du soutien du Fonds spécial de gestion de la pandémie Covid-19. On estime, entre autres, que seules les entreprises qui ont été touchées par la crise actuelle doivent bénéficier de ce fonds. Khalid Houir Alami Secrétaire général adjoint de la CDT Le mouvement syndical a été écarté de la gestion de cette phase alors que les mesures sociales relatives au marché du travail doivent être prises en concertation avec les centrales syndicales. La conjoncture actuelle impose l'implication de tout le monde dans la gestion de la crise. D'ailleurs, le chef de gouvernement a été d'accord avec nous sur cette question. Il ne s'agit pas uniquement de gérer cette étape du Covid-19, mais il faut aussi se préparer à l'après-crise qui sera certainement marqué par des problèmes économiques et sociaux.