Qui a dit que la solidarité ne payait pas ? En attestent les réalisations de la Banque alimentaire depuis sa création. Sur la base des actions menées par l'organisation à but non lucratif, durant l'année 2011, il ressort que le total des livraisons des dons alimentaires et non alimentaires s'élève à 152.625,3 Kg, tandis que le total des réceptions s'élève à 141.648,77 Kg, soit un taux d'utilisation de 93% représentant la part des distributions dans le total des réceptions. L'écart minime qui en ressort est justifié par le fait que certains produits ne peuvent pas être acheminés pour cause de la détérioration de leur qualité. En effet, l'aspect «qualité» est pris en considération par l'institution qui opère un contrôle rigoureux de la qualité des denrées alimentaires rassemblées. Dans ce sens, des audits sont menés de manière inopinée auprès des associations partenaires. Néanmoins, malgré tous ces efforts, l'action de la banque alimentaire reste embryonnaire, selon Karim Tazi, président fondateur de la banque, «nous ne couvrons même pas 1% des besoins du secteur associatif marocain». Augmentation de capital Ce qui n'est néanmoins pas pour décourager ces mécènes. Durant cette année, la banque ambitionne d'élargir son réseau d'associations partenaires, ainsi que celui des donateurs en vu d'accroître la quantité des produits reçus. Pour ce faire, un logiciel de Customer Relationship Management (CRM) sera mis en place pour moderniser l'outil de prospection de la banque et développer de nouveaux partenariats. De plus, et dans un souci d'avenir et de pérennité de la banque, son CA se verra renforcé par de nouveaux membres du monde de l'entreprise et de l'industrie. Cette action vise d'une part à apporter un plus aux actions de la banque et d'autre part à développer le concept auprès des entreprises voulant être citoyennes. C'est qu'il s'agit «d'utiliser l'aide alimentaire comme levier d'insertion, de réinsertion et de lutte contre l'exclusion», commente Karim Tazi. Karim Tazi, Président fondateur de la Banque alimentaire. Les Echos quotidien : Quelle est la principale mission de la banque alimentaire ? Karim Tazi : La Banque alimentaire est une association au service d'autres associations, c'est-à-dire que nous ne travaillons pas directement avec les particuliers. Notre vocation c'est d'utiliser l'aide alimentaire comme levier d'insertion, de réinsertion et de lutte contre l'exclusion. La Banque alimentaire donne aux associations caritatives des dotations importantes et équilibrées. Nos dons viennent de chez les industriels qui nous livrent des produits comestibles, mais pas commercialisables. Vos actions s'étendent-elles sur tout le royaume ? Effectivement, mais nous collectons en grande partie à Casablanca. Nous sommes une association qui fonctionne comme une entreprise et elle est gérée par des salariés. Jugez-vous qu'une collecte limitée au niveau de Casablanca est suffisante ? Non, je dirai que nous ne couvrons même pas 1% des besoins du secteur associatif marocain. Nous couvrons la totalité des besoins d'une quarantaine de foyers à travers le royaume et nous aidons de façon substantielle de grandes ONG très connues . Vous dites que vous fonctionnez comme une entreprise, cela suppose que vous tenez une comptabilité. Comment fonctionne-t-elle ? Effectivement, il y a une comptabilité et d'ailleurs nous sommes certifiés par des experts comptables indépendants. Nous assurons aussi une gestion de stocks. Toutes les entrées et sorties sont référencées. De plus, quand nous livrons les associations en dons, nous remettons un bon de livraison, et il en est de même pour les réceptions. En clair, tout est géré comme une entreprise. Nous avons aussi une trésorerie. Rencontrez-vous des réticences de la part des donateurs ? Non, la banque alimentaire est connue, ils ont confiance en cette association. Cependant, il existe au Maroc beaucoup d'entreprises qui n'ont pas la culture d‘entreprise citoyenne. Faites vous un suivi des produits distribués auprès des associations ? Oui, nous auditons les associations bénéficiaires. Elles reçoivent des visites inopinées du personnel de la banque alimentaire ou de ses volontaires. Nous vérifions les stocks et la consommation.