Introduite en Bourse en 2006, le parcours de Mediaco Maroc, filiale du groupe français Mediaco, spécialisée dans la location et la vente de nacelles, grues et matériels de levage, ne passe pas inaperçu. En clair, ces six années, 2 «profits warning» ont été émis par la société, attestant de la conjoncture difficile qu'elle traverse. Il convient justement de revenir un peu en arrière pour bien analyser la situation de la société. C'est en février 2011 que Mediaco avait publié son premier «profit warning», dans lequel elle prévoyait une baisse de ses indicateurs d'activité pour l'année 2010, impactés par la diminution du nombre des chantiers et l'arrivée de nombreux concurrents sur le marché national. Cependant, le management de la société restait confiant en l'avenir à moyen et long terme et sur sa capacité à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour tirer profit de la prochaine reprise. Une année plus tard, la situation n'avait pas changé, si ce n'est pour considérablement s'aggraver pour Mediaco. Une 2e annonce publiée en ce début d'année prévoyait un recul de 40% du chiffre d'affaires au titre de l'exercice 2011. Ceci sans oublier l'optimisme des dirigeants de la société pour une reprise rapide de l'activité. En effet, face à cette situation délicate, la société tente de justifier ses mauvais jours, en se débattant pour honorer ses engagements financiers qui s'élèvent à 255 MDH, dont 50 MDH d'emprunt obligataire émis en 2007. Elle a ainsi décidé de recourir aux dispositions du Code du commerce, relatives au traitement des difficultés de l'entreprise. À cet égard, la demande de mise en redressement judicaire de la société a été rejetée par les autorités compétentes. Résultat: les dirigeants ont négocié des accords amiables avec l'ensemble des créanciers. Parallèlement à ces faits majeurs, le cours en Bourse de la société ressort en chute libre depuis 2010, soit une contreperformance, jusqu'au 28 juin dernier, de -73%. Dans cet ordre d'idées, les détenteurs des actions Mediaco n'ont jamais reçu de rétributions depuis son introduction à la cote casablancaise et n'arrivent pas à rentabiliser leurs investissements. Au-delà des indicateurs d'activité, de la conjoncture défavorable et de l'incapacité de la société à honorer ses engagements, la situation ressort aggravée suite au jugement des commissaires aux comptes de Mediaco, qui estiment que les états de synthèse relatifs à l'exercice 2011 ne reflétaient pas une image fidèle de la situation et du patrimoine de la firme. Un élément qui s'ajoute au retard de publication des comptes annuels parus le 22 mai dernier, soit au-delà du délai légal du 31 mars. Sur le même registre, l'attestation des commissaires aux comptes mentionne: «Nous ne pouvons pas nous assurer de la concordance des informations données dans le rapport de gestion du CA, destiné aux actionnaires avec les états de synthèse de la société». Contacté à ce sujet, nous n'avons pu obtenir ni des commentaires des commissaires aux comptes ni du management de Mediaco lui-même. À l'heure où nous mettions sous presse, la seule réaction du Conseil déontologique des valeurs mobilières était de rappeler les faits du dossier Mediaco et de rappeler les investisseurs, en date du 10 juin 2011, à observer plus de vigilance dans l'utilisation et le traitement de l'information financière publiée par ladite société. En attendant la visibilité sur ce dossier, les épargnants ne peuvent qu'accuser le coup de cette situation.