Le dialogue social ne reprendra pas en 2011, tel qu'il a été convenu auparavant. Les syndicats les plus représentatifs constatent l'échec de la formule actuelle. Le gouvernement n'a pas encore réagi face aux nouvelles revendications Tout le processus du dialogue social est aujourd'hui remis en question. En cause, un document, émanant de la primature et établissant l'ordre du jour provisoire pour cette année chauffe les troupes et donne une nouvelle fois un argument à des sorties médiatiques des syndicalistes qui vont crescendo. Seulement, -par pur hasard de calendrier ?-, à quelques mois des préparatifs pour les prochaines élections, un dossier tel que celui-ci, s'il ne capte pas un minimum de consensus, signera certainement l'échec du gouvernement. L'UMT, premier sur l'arène En bon marraine des syndicats, l'UMT a été la première à balancer son boulet devant la porte de la Primature. Le syndicat de Miloudi Moukharik, et quelques jours seulement après le maintien de ce dernier en tant que SG de cette centrale, n'y est pas allé par quatre chemins pour étaler toutes ses critiques quant à la pertinence du dialogue social mené depuis quelques années sans grand résultat. Le fait générateur de cette nouvelle attitude n'est autre que la non-consultation des représentants des salariés dans l'établissement de l'ordre du jour par l'exécutif. D'autres griefs sont ajoutés par Moukharik, tels «le fait de rédiger des communiqués de manière unilatérale, lesquels informent l'opinion publique de résultats d'un dialogue qui n'a pas encore achevé ses rounds». Il cite également un «vote de la Loi de finances 2011 sans consultations de tous les partenaires sociaux», en ajoutant que cette situation est «inacceptable». Le mémorandum adressé à la Primature évoque aussi d'autres points de discorde entre le gouvernement et le syndicat. Il s'agit essentiellement de deux projets de loi relatifs à la grève et aux syndicats. «Les moutures actuelles négligent les acquis réalisés et offrent des prétextes pour s'ingérer dans les affaires internes des syndicats», note le secrétariat général dans un mémorandum. S'agissant du secteur privé, l'UMT propose un nouvel ordre du jour de 12 points. Outre les demandes classiques relatives à la hausse des salaires des travailleurs au sein des secteurs commercial et industriel, il est question du relèvement de 30% des allocations de retraites. De nouvelles demandes sont venues s'ajouter à la liste pour ne citer que la revendication de devenir membre du conseil d'administration de l'Anapec, de la CIMR et du Conseil de la concurrence. Le problème de généralisation de la Ramed figure parmi les points du nouvel ordre du jour suggéré par l'UMT. Aucune proposition concrète n'a été formulée par le syndicat quant à ce dossier qui connait énormément d'hésitation de la part du gouvernement, après le succès «relatif» de l'expérience pilote de Béni Mellal. L'UMT aborde également la question de la fermeture des usines et le licenciement collectif des salariés. Le syndicat fait allusion notamment à l'épineuse question de la liquidation judiciaire qui «permet aux entreprises en difficulté de continuer ses activités sous une nouvelle appellation et avec ses mêmes clients». Aujourd'hui, c'est un véritable ultimatum que lance l'UMT afin de consentir de se mettre autour d'une même table avec les représentants du gouvernement, dans le cadre du dialogue tripartite projeté en 2011. D'abord, l'UMT privilégie de discuter de «la création d'un comité tripartite pour la résolution des conflits collectifs sectoriels, qui sera également une instance d'apaisement du climat social»,. Ce comité, précise la même source, devrait être le prélude de la mise en place d'autres outils, prévus par le Code du travail mais qui tardent encore à se concrétiser sept années après l'entrée en vigueur de leur caractère obligatoire. Par ailleurs, le secteur public a aussi été concerné par les conditions du syndicat de Moukharik pour la reprise du dialogue. À moindre échelle, certes, mais le syndicat a tout de même consacré un peu d'intérêt aux intérêts des fonctionnaires et salariés du secteur public. Les propositions de l'UMT ne sont pas sorties du cadre des généralités. En tête de liste, la fameuse question des évaluations au sein du public, au-delà même du volet de la rémunération, qui est à la source des grèves répétées et infinies dans les administrations. L'UMT propose donc de «prévoir un calendrier précis pour chaque point lors des négociations, afin d'aboutir à une programmation qui prend en compte tous les sujets». Ça chauffe dans les autres centrales C'est dans ce registre que l'UMT souhaite avoir comme interlocuteur, lors de ces négociations, le département de la réforme des services publics. Cette proposition a été faite parallèlement à celle appelant Jamal Rhmani à présider le nouveau comité projeté pour les négociations avec le secteur privé. Dans les autres centrales , ça chauffe tout autant que dans l'UMT. Il est vrai que la ferveur n'est pas encore assez forte pour la publication de communiqués et autres, mais dans la Fédération nationale des travailleurs au Maroc, par exemple, le litige avec le PJD a tout de même été un prétexte pour le SG de la centrale, Abdessalam El Maâti, afin d'«appeler le gouvernement à ouvrir enfin un dialogue sérieux qui mettra fin à la détérioration du pouvoir d'achat». Un effet boule de neige semble inévitable, surtout au vu de l'approche de l'échéance 2012.