Le processus du dialogue social a repris lundi, mais sans la CDT. La centrale de Noubir Amaoui a décidé de bouder la réunion à laquelle a appelé le Premier ministre. Dans une lettre qu'il lui a adressée, le bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail explique les raisons de son choix de la chaise vide. Elle reproche à l'équipe de Abbas El Fassi d'avoir ignoré ses propositions pour une accélération du dialogue tripartite, l'objectif étant, souligne la missive du syndicat, « la satisfaction des demandes urgentes de la classe ouvrière et de l'ensemble des salariés ». La CDT espérait que la réunion de lundi serait exclusivement consacrée à la présentation des réponses du gouvernement aux revendications du syndicat, déjà exprimées lors de précédents rounds de négociations. Rejet de la méthode gouvernementale La centrale exprime son rejet de la méthode avec laquelle le gouvernement mène le dialogue social en faisant une allusion plus que transparente au retard de la périodicité de ce processus. L'équipe de Abbas El Fassi a jugé bon de ne pas appeler les syndicats à se réunir en automne. Pour leur part, les centrales occupées à ce moment-là à des affaires internes, n'ont pas exigé la tenue de la session de la rentrée sociale. La lettre des affidés de Noubir Amaoui assure que depuis avril 2008, ils avaient alerté Abbas El Fassi des faiblesses de sa stratégie de discussions avec les centrales. Cette remarque n'a pas pour autant empêché la CDT de répondre présent à toutes les réunions avec le Premier ministre, et ce, depuis le début du processus, au printemps 2008. Peu d'intérêt pour le dialogue social Dans la même lettre, le bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail reproche au gouvernement le peu d'intérêt qu'il accorde au dossier social. Une remarque qui n'est d'ailleurs pas le propre de la CDT puisqu'elle est partagée par les autres centrales qui se sont entretenues lundi avec Abbas El Fassi. Dans l'ensemble, l'issue de la réunion de lundi accorde un certain crédit aux critiques de la CDT. Ce round s'est clos sur « la mise en place de deux commissions, la première sera chargée du secteur public et la seconde du privé », rapporte la MAP. Rien de nouveau puisque ces deux commissions existent depuis 2008. De l'aveu même des syndicalistes, celle de la fonction publique a tenu quelques sessions avant d'être happée dans la spirale des retards alors que la seconde ne s'est encore jamais réunie. Maintes fois annoncé pour être ensuite reporté, le dialogue social peine à suivre une cadence normale. Pour mémoire, le porte-parole du gouvernement annonçait, mi-février, euphorique, le début d'une nouvelle session de ce dialogue avec les syndicats, après la fête de l'Aïd Al Mawlid. Depuis, les jours se sont écoulés sans la tenue de cette session. Il a fallu qu'entre en scène le facteur marche du 20 février pour que le gouvernement change radicalement de position, notamment après la réunion, début mars, entre les leaders des cinq syndicats les plus représentatifs et Mohamed Moâtassime, le conseiller du roi, consacrée à l'examen de la situation sociale. Une méthode contestée Il n'y pas que la CDT qui critique la méthodologie du dialogue social, l'UMT est également de cet avis. Dans un mémorandum adressé, janvier dernier, à Abbas El Fassi, la centrale de Miloudi Moukharik s'est prononcée pour la création d'une commission sous la présidence du Premier ministre qui devrait se réunir aux début des rounds des négociations, afin d'établir un agenda des rencontres et annoncer les conclusions, vers la fin du cycle, avec la signature d'un PV. Dans la même démarche, l'UMT a appelé à établir un calendrier pour examiner tous les points qui n'ont pas été discutés lors des réunions du dialogue social.