Depuis l'annonce de la fermeture des restaurants, snacks et salles de fêtes, et outre la paralysie de l'activité touristique, le secteur de la pêche maritime est frappé aussi de plein fouet par la crise de Covid-2019. La propagation de l'épidémie, puis la prise de mesures de précaution pour sauvegarder la santé publique des Marocains et la déclaration de l'état d'urgence sanitaire ont engendré une réduction des prix des produits halieutiques dans les principales halles aux poissons. «Malgré la baisse des prix qui oscille actuellement entre 60 et 70%, les professionnels maintiennent leur approvisionnement du marché national compte tenu de l'importance stratégique de notre secteur durant cette période de crise», explique Abderrahmane Sarroud, vice-président de la Confédération nationale de la pêche côtière. Le mauvais temps affecte aussi le secteur avec des conséquences négatives sur la production, notamment l'activité des pélagiques. À titre d'exemple, une caisse d'anchois est actuellement vendue à 40 DH, contre 300 à 400 DH une semaine auparavant. Mauvais temps «Malgré les mauvaises conditions, la majorité des armateurs et mareyeurs sont mobilisés pour approvisionner le marché national», souligne Mohamed Oumouloud, président de la Fédération des chambres des pêches maritimes (FCPM). Selon les professionnels, les mesures de précaution ont été renforcées sur les navires de pêche qui accueillent entre 30 et 35 personnes. Dans ce sens, chaque sortie de bateau est suivie d'une désinfection des locaux de travail. Mais cette crise a aussi poussé les mareyeurs à ne pas acheter les quantités habituelles, avec des pertes constatées auprès des armateurs. Même constat pour la deuxième vente, qui est en baisse. Aujourd'hui, les produits halieutiques sont essentiellement écoulés via les grandes et moyennes surfaces (GMS) et les marchés de poisson. «Les établissements touristiques et les restaurants ont tous annulé leurs commandes suite à la fermeture de leurs portes», ajoute Abderrahmane Sarroud. Unités de valorisation : 60 à 70% de l'effectif opérationnel S'agissant de la valorisation, notamment les unités industrielles, la situation est un peu difficile vu le sentiment de panique qui gagne la main-d'œuvre face à l'épidémie de coronavirus, surtout que l'on recense entre 100 et 300 personnes (sinon plus) dans les usines, mais aussi après l'interdiction, jusqu'à nouvel ordre, de tous les rassemblements et la déclaration de l'état d'urgence sanitaire. «Les unités qui sont toujours opérationnelles travaillent avec une moyenne de 60 à 70% de l'effectif existant. Plusieurs ouvriers et ouvrières ont préféré rester confinés chez eux», précise un professionnel. Si les unités industrielles ont appliqué les distances de précaution et les règles d'hygiène, d'autres facteurs poussent la main-d'œuvre à s'absenter durant cette crise, notamment les conditions de transport et les contraintes liées au transport public. Agriculture : l'offre dépasse la demande Cette situation concerne aussi les ouvriers agricoles travaillant dans les exploitations et les stations de conditionnement. Selon la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d'exportation des fruits et légumes (FIFEL), l'ensemble des précautions ont été prises dans les deux segments précités pour assurer la production et l'approvisionnement du marché national de manière régulière et suffisante, et aucune rupture n'est envisagée. «La production maraîchère est abondante, et toutes les dispositions sont prises afin d'assurer le bon déroulement de l'acheminement des fruits et légumes vers les marchés», rassure la FIFEL dans un communiqué rendu public jeudi dernier. Il a même été permis aux producteurs de desservir directement les surfaces de vente sans passer par les marchés de gros. Malgré les coûts de production supplémentaires générés par cette période de confinement, notamment les exigences sanitaires, les nouvelles mesures de transport de la main-d'œuvre et de logistique en général, les producteurs font avant tout preuve de patriotisme et s'engagent, comme à l'accoutumée, à honorer leurs engagements vis-à-vis du consommateur marocain (et étranger). Toutefois, un soutien du gouvernement est sollicité par la FIFEL afin de permettre à la profession d'assurer la continuité souhaitée. Pour la fédération, ce sont surtout les intermédiaires qui, dans un esprit de spéculation, font flamber les prix. En parallèle, l'exportation des fruits et légumes continue aussi bien par camions que par bateaux sans restriction, mais tout en prenant les précautions indispensables en cette période de confinement.