Suite à la hausse des prix des carburants, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a tenu lundi 10 juin une réunion de «prise de contact avec les transporteurs» (www.lesechos.ma). Durant cette réunion, Benkirane a tenu à expliquer aux professionnels, qui ne semblent pas être en désaccord sur ce point, les raisons de cette hausse. «Nous comprenons parfaitement les contraintes financières de la Caisse de compensation ainsi que leur impact sur l'économie nationale. Cela dit, cette hausse prise indépendamment de mesures d'accompagnement risque fort bien d'enfoncer davantage le secteur du transport», souligne Abelilah Hifdi, président de la Fédération nationale du tranport, affiliée à la CGEM. Pour les professionnels, il s'agit là d'une charge qui grèvera la trésorerie des entreprises, déjà malmenée par la crise économique qui perdure, sans oublier que les délais de paiement dans la branche transport de marchandises dépasse aujourd'hui 6 mois et que le secteur nécessite une mise à niveau profonde. Les professionnels, qui n'ont pas manqué de soulever leurs différents problèmes, ont également soumis leurs doléances au chef du gouvernement. Ils demandent l'instauration d'un gasoil professionnel (prévu dans le contrat-programme du transport de marchandises), comme c'est le cas pour les transporteurs européens. Cette mesure devrait permettre aux transporteurs marocains de concurrencer les entreprises européennes, qui s'accaparent de plus en plus de parts de marché. Sur le plan national, cette mesure permettra d'atténuer les charges des professionnels, sachant qu'en un an un camion de 38 tonnes consomme en moyenne plus de 50.000 litres de carburant (avec la hausse, ce sont 50.000DH de frais de plus qui s'ajouteront pour ce type de camion). Les transporteurs demandent l'instauration d'un système de répercussion des hausses et des baisses des prix du carburant. «Il faudra élaborer une loi qui réglemente cette mesure, avec bien évidemment des pénalités en cas de non respect», souligne Hifdi. Si pour le transport de marchandises et celui des voyageurs de première catégorie, la répercussion des hausses est possible, vu que les deux activités sont libéralisées, la situation est plus délicate pour les taxis et le transport des voyageurs de deuxième catégorie, dont les tarifs sont arrêtés par l'administration. Sur ce point, il faut rappeler que la hausse des coûts se situerait entre 7 et 10%. Cette hausse ne semble pas arranger le gouvernement, qui ne pourrait accepter qu'une hausse de 5% au maximum. À la fin de la réunion, les deux parties ont convenu de la création d'une commission de suivi du dossier (www.lesechos.ma). Elles ont également prévu de tenir une autre réunion dans un mois. D'autres réunions seront également organisées au moins deux fois par an pour suivre la situation du secteur.