La hausse des prix à la pompe a eu comme effet, direct et immédiat, une hausse de la tarification au niveau du transport de marchandises de 10 %. D'autres hausses surviendront prochainement, selon Abdelilah Hifdi, président de la Fédération du transport au sein de la CGEM. [car-et-transport] Pour Hifdi (en médaillon), cette hausse du prix du carburant renvoie vers une contrainte: comment équilibrer entre une dépendance vis-à-vis des énergies et la diminution de l'impact sur l'environnement qui génère un coût. L'impact de la hausse des carburants ne s'est pas fait attendre. Une virée dans les souks témoigne de cette hausse survenue ces derniers jours. De quelques dizaines de centimes, le prix au kilo des fruits et légumes a été revu à la hausse. Pour Driss El Azami El Idrissi, ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des finances, chargé du Budget, il ne faut pas céder à la panique et une hausse vertigineuse des prix n'aura pas lieu. El Azami a pris pour exemple un trajet Casablanca-Agadir qui coûtera dans les 6 centimes de plus aux transporteurs, donc une hausse vertigineuse n'a pas lieu d'être. Toutefois, cette « petite » hausse concerne le transport de gros pour Abdelilah Hifdi, président de la Fédération de transport au sein de la CGEM. Ce dernier nous confie que pour le transport de détail, il pourrait y avoir des surcouts allant jusqu'à 60 centimes. Selon Hifdi, la solution se résume en deux mots, la régulation et puis le contrôle. C'est d'ailleurs ce que compte entreprendre Charki Draiss, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur. Ce dernier a mis en garde les spéculateurs avec à la clé de lourdes sanctions, ceci à travers un contrôle rigoureux au niveau des marché de gros. +10 % pour le transport de marchandises « Il faut mettre en place des outils de régulation qui vont permettre, au niveau de toute l'économie, de répercuter les variations de façon générale à l'instar de ce qui se passe dans le monde entier. Pour le transport routier, des mesures importantes doivent être entreprises pour améliorer la compétitivité de l'entreprise. Le poids de l'informel, la vétusté du parc, l'atomicité dont souffre le secteur créent beaucoup de difficultés pour encadrer ce secteur », déclare Hifdi. Quoi qu'il en soit, Hifdi nous rappelle qu'au niveau de sa fédération, il n'y a pas de problème dans la mesure où il y a eu une répercussion directe et automatique de cette hausse. « nous avons calculé cette augmentation, qui est en valeur absolue à 13,9 % par rapport au prix pratiqué avant la hausse, et on a abouti à une incidence au niveau de la structure des coûts d'à peu près 10 %. La fédération a exhorté tous les opérateurs, les commissionnaires, les transporteurs, les donneurs d'ordre, les expéditeurs, les destinataires des marchandises, à appliquer cette tarification », déclare le président de la fédération. +7,3 % pour le transport des voyageurs Par ailleurs, alors que le transport de marchandises a été libéralisé en 2003, le transport routier de voyageurs reste encore administré notamment sur le volet tarification. De ce fait, la fédération a demandé, pour les 2e catégories, au chef du gouvernement, au ministre de l'Equipement et du transport et à Mohamed Najib Boulif, ministre chargé des Affaires générales de prendre en considération la hausse des carburants dans la nouvelle tarification. Pour sa part, le volet « Moumtaz » ou la 1re catégorie en l'occurence au niveau de la CTM ou Supratours, la hausse a déjà été implémentée. « Nous avons demandé la mise en œuvre de la croissance au niveau de la tarification de 7,3 % et non 10 % pour les voyageurs car le poids du carburant pour les 2 secteurs n'est pas le même », souligne Hifdi. Cependant, ce dernier reste très inquiet par rapport aux petites bourses, pour lesquelles les effets seront dévastateurs, surtout à la veille du ramadan. Pas de concertation Lors de notre rencontre avec Abdelilah Hifdi, ce dernier n'a pas hésité à exprimer sa grande déception quant au manque d'information et la non-concertation de la part du gouvernement sur une gestion essentielle, qui touche toutes les bourses et toutes les franges de la population marocaine. « L'article 12 de la nouvelle Constitution, qui concerne le PPP (Partenriat public-privé), n'a pas été respecté. Ni la CGEM ni la Fédération du transport n'a été approchée ou consultée par le gouvernement par rapport à cette décision de hausse alors que cela nous concerne directement », regrette Hifdi. Ce dernier aurait bien aimé le lancement d'un débat national, la consultation du CES (Conseil économique et social) et la société civile avant de prendre cette décision, qui, tempère-t-il, reste une décision courageuse et impopulaire.