Le Maroc, un «marché prioritaire» qu'il faut séduire à tout prix. La crise européenne aura définitivement tourné l'intérêt des investisseurs espagnols vers l'autre côté du Détroit et ces derniers semblent voir en le Maroc un réel relais de croissance pour leurs activités. En témoigne le 7e Forum d'investissement et de coopération entrepreneuriale Maroc-Espagne, organisé cette année à Casablanca les 18, 19 et 20 juin. Cela, à l'initiative de l'Institut espagnol de commerce extérieur (ICEX), à travers les bureaux économiques et commerciaux de l'ambassade d'Espagne au Maroc et en collaboration avec l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI), la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Maroc Export et la Bourse nationale de sous-traitance et partenariat (BNSTP). Cette nouvelle édition vise à rapprocher les entrepreneurs des deux rives pour une collaboration économique plus effective entre les deux pays. L'importance de cet évènement est telle que d'imminentes personnalités espagnoles feront le déplacement, pour ne citer que les princes d'Asturies accompagnés par le ministre de l'Industrie, de l'énergie et du tourisme, José Manuel Soria, ainsi que le secrétaire d'Etat du Commerce et le président de l'ICEX, Jaime García Legaz. En termes d'enjeux, Maria Peña, conseillère du bureau économique et commercial de l'ambassade d'Espagne à Rabat, parle de «continuité des travaux entamés lors des précédents forums d'investissements et de coopération entrepreneuriale tenus à Tanger et à Casablanca». Investissements tous azimuts Le principal objectif pour les espagnols reste la promotion des projets d'investissement pour «développer la coopération entre l'Espagne et le Maroc à travers l'identification de partenaires et une connaissance approfondie du marché final», explique Maria Peña. Dans le détail, ce sont près de 200 réunions de travail qui seront organisées entre les 300 entreprises espagnoles et marocaines participantes. De même, plusieurs séminaires sont prévus, afin «d'offrir une vision pratique de la réalité économique marocaine». Dans une approche sectorielle, les secteurs prioritaires sélectionnés pour l'édition 2012 seraient ceux pour lesquels le gouvernement a présenté d'ambitieux programmes de modernisation et auxquels les entreprises espagnoles ont porté un intérêt croissant ces dernières années. Sans trop faire durer le suspense, il s'agirait plus exactement de l'automobile, des énergies renouvelables, de l'agro-industrie, du traitement des eaux et de la logistique. Cependant, derrière tout cet arsenal d'outils à la promotion économique se cache toute une stratégie que le voisin espagnol déploie graduellement. Quand les intérêts rapprochent... Les récentes sorties des chefs de gouvernements des deux pays, les visites à répétition et les discussions bilatérales auront produit leurs effets. Le rapprochement économique entre les deux pays est aujourd'hui de l'ordre de l'évidence... crise de l'UE oblige. Pour gagner la confiance du voisin marocain, l'Espagne ne lésine pas sur les moyens, en témoigne le dernier prêt de 3,3 millions d'Euros accordé au Maroc et destiné au financement d'un projet de signalisation ferroviaire de la gare Casa-Port. Plus globalement, c'est un climat de confiance que l'Espagne veut instaurer avec le Maroc. Le royaume espagnol traverse une crise conjoncturelle qui la prive de ses «fiefs économiques» traditionnels, que sont à titre d'exemple les pays d'Amérique latine (www.lesechos.ma). Aujourd'hui, le relais de croissance par excellence s'avère être le continent africain, dont le Maroc se révèle être, de plus en plus, la porte d'entrée. «Le Maroc dispose de tous les atouts pour permettre à l'Espagne d'asseoir davantage sa présence économique dans la région», avouent les responsables espagnols. Côté marocain, l'invitation a été lancée par le chef de gouvernement en personne, Abdelilah Benkirane, qui a annoncé lors de sa dernière visite à Madrid que «l'Espagne (pouvait) profiter de nombreuses opportunités d'investissement dans le royaume». L'invitation est donc aujourd'hui acceptée, à travers ce rendez-vous casablancais, sur lequel beaucoup d'espoir sera fondé... Point de vue : Maria Peña Mateos, Conseillère du bureau économique et commercial de l'Ambassade d'Espagne Le Maroc est aujourd'hui un des marchés extérieurs stratégiques pour lequel l'Administration espagnole a mis en place un plan intégral de développement du marché. Cette mesure vise essentiellement à appuyer l'internationalisation des entreprises espagnoles au sein des marchés qui bénéficient d'un fort potentiel de croissance, tant pour l'exportation que pour l'investissement. Pour ce qui est du forum d'investissement, de nombreux atouts, dont bénéficient le Maroc actuellement, ont motivé l'organisation d'une nouvelle édition. La stabilité institutionnelle et le rayonnement extérieur ont prouvé que le pays opère un processus d'ouverture et de modernisation sans précédent. D'autre part, la croissance et sa stabilité macroéconomique font que ce dernier traverse la période de stabilité macroéconomique la plus longue répertoriée à ce jour. Ceci lui permet de maintenir la crise internationale relativement éloignée, malgré son étroite relation avec l'UE. Plus concrètement encore, le pays a entamé une politique d'attraction des investissements étrangers qui témoigne d'un important effort pour garantir un climat propice aux investissements, en favorisant leur entrée dans le pays. Au niveau bilatéral, de nombreux accords économiques sont en vigueur pour faciliter les échanges avec l'Espagne, l'Accord de développement et de protection réciproque des investissements (APPRI) et la convention de double imposition. Cela a permis ces dernières années d'asseoir une forte présence espagnole dans le pays, devenant par là le 3e marché étranger après les Etats-Unis et la Suisse. En données chiffrées, le Maroc absorbe 35,5% des exportations en direction du continent africain, faisant du Royaume notre premier marché en Afrique. C'est dire tout le potentiel que présente ce pays pour l'Espagne.