Croissance ou pas croissance, le modèle économique du royaume pour impulser à son PIB des variations annuelles positives continue de nourrir les débats. La dernière relance en date est menée par le Centre marocain de conjoncture (CMC). L'observatoire remet en question le modèle de croissance sur lequel mise l'Etat depuis une bonne décennie déjà, avec en argument, «un ralentissement de l'activité» observé sur plusieurs secteurs du système productif national, ainsi que «ses répercussions sur les équilibres économiques et financiers» du royaume. «Ce modèle marque des signes d'essoufflement», commente-t-on auprès des experts du centre de veille. «Ces signes traduisent essentiellement les difficultés à mettre en œuvre les actions nécessaires à la réussite de la stratégie de développement de l'économie, en termes de productivité, de diversification et de compétitivité», précise-t-on dans la dernière lecture de la conjoncture nationale apportée par le CMC. Cette lecture est en tout cas fondé sur plusieurs aspects, liés notamment au dynamisme -peu flexible- noté sur l'évolution de certains secteurs économiques. Le tourisme est l'un d'eux. Le CMC fait fait effectivement le point sur la situation de ce secteur, «grand pourvoyeur de devises mais en proie à une sévère crise». La demande annuelle touristique du pays a en effet connu une légère contraction de moins de 0,6%. Elle se situe à un niveau global de 9,34 millions de visiteurs, dont près de 5 millions classés comme touristes étrangers, le reste étant reconnu comme des Marocains résident à l'étranger (MRE). Les contreperformances du secteur ont été ressenties surtout sur le nombre de nuitées. Ce dernier a régressé de -6,8 %. Seules, les recettes voyages, effectuées par les non-résidents (hors transport international), s'inscrivent en hausse de +7%. Le CMC explique cette versatilité des indicateurs du secteur, par sa «forte réactivité à l'environnement national et/ou international», avant de conclure que «la situation du secteur est difficile mais pas désespérée». Dégradation continue L'instabilité des performances de secteurs productifs comme celui du tourisme, semble dépeindre sur les équilibres financiers du pays. Selon l'observatoire privé, «il est important de constater le ralentissement des principaux agrégats monétaires depuis le début de l'année». Cet indicateur est effectivement est sur une dégradation continue, «qui s'est soldée par une nette détérioration de la position structurelle de liquidité des banques». La situation arrêtée à fin avril 2012 évalue le besoin de liquidités des banques à 55,3 milliards contre 51,1 MM le mois précédent. Afin de combler les insuffisances de trésorerie d'une telle ampleur, le CMC rappelle que Bank Al-Maghrib (BAM) a augmenté le volume de ses injections le portant à 57 MMDH. «Ces interventions se sont accompagnées de multiples mesures portant notamment sur le taux directeur en vue de retrouver une certaine stabilité des conditions monétaires», complète le rapport conjoncturel de la structure. Cette dernière fait aussi le point sur la situation du crédit au Maroc. À fin mars 2012 et comparativement à la même date de 2011, l'encours des crédits bancaires a atteint 684.302 MDH, en hausse de 8,5%. Comparable à celle observée en 2011 (6,5%), cette hausse qui est nettement inférieure aux rythmes à deux chiffres enregistrés durant les années 2009-2010, est ensuite très contrastée selon les secteurs d'activité. Le CMC en déduit que «ce tassement dans les concours bancaires, n'est que le reflet de la stagnation de l'économie réelle». Reprise fragile 4,6%, c'est la projection que vient d'être livrée, concernant la croissance du PIB national, par un rapport conjoint de la Banque africaine de développement (BAD), du Centre de développement de l'OCDE, du PNUD et de la commission économique de l'ONU pour l'Afrique. Cette perspective est légèrement plus optimiste que celle avancée récemment par la direction des Etudes et études financières au ministère de l'Economie et des finances. La structure publique parle d'un «réajustement de la croissance à +3,4% pour l'année 2012». Quoi qu'il en soit, le royaume devrait en effet resté parmi les économies les plus dynamiques de la sous-région nord-africaine, en dépit d'une conjoncture économique internationale –et surtout européenne– en berne. Dans le voisinage, la croissance tunisienne devrait ainsi atteindre 3,7 % en 2013, là où l'algérienne devrait être à 2,8% sur la même année, et l'égyptienne à 2,8% en 2013. Sous un angle plus global, le rapport de la BAD montre que la région devrait «renouer avec la croissance après une année de quasi-stagnation due aux révoltes arabes et à leurs conséquences».