La PME marocaine est prise au piège. On lui a promis monts et merveilles, en lui tenant un discours d'encouragement et de promotion de la consommation interne et en lui ouvrant la voie aux grands marchés publics. Une manière, disait-on, de la soutenir et de lui permettre d'enclencher sa mue, pour relever le défi de la croissance. Les PME y ont cru et nombreuses sont celles qui se sont jetées à l'eau avec l'espoir d'un lendemain meilleur et d'une trésorerie confortable. C'était compter sans la crise de liquidité, qui oblige les banques à être moins généreuses en termes de facilité de caisse et encore moins sur le retard accusé par la loi de finances, qui a pris en otage tout le système. Entre les impayés, les chèques et les traites en bois, les factures bloquées dans les dédales des ministères, les PME sont devenues des éternelles angoissées à l'approche de chaque fin de mois et des expertes en recouvrement, usant de tous les moyens pour amortir le choc sur leurs comptes d'exploitation. Celles qui n'arrivent pas joindre les deux bouts finissent par sombrer dans l'informel ou bien par baisser le rideau. Le taux de mortalité est alarmant et Bank Al Maghrib a tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises. Entre les beaux discours et la réalité, le gap se creuse. On se demande vraiment si le gouvernement actuel, avec sa fibre socio-économique, est sensible à la gravité de la situation. C'est le coeur de l'économie nationale qui risque la crise cardiaque et il est vital, de passer à l'acte avec des mesures concrètes et des incitations qui permettront au moins de soulager les maux de cette catégorie d'entreprises qui, rappelons-le, représente près de 80% de notre tissu économique. À commencer par un déblocage des règlements des marchés publics et une stratégie de soutien de la PME.