Al Barid Bank avance, doucement mais sûrement, vers son objectif de bancarisation d'une population toujours exclue financièrement. Une mission qui ne l'empêche pas de rentabiliser ses investissements pour viabiliser son modèle économique. À fin 2011, elle est parvenue à améliorer ses performances avec un total bilan de près de 32 MMDH. «On n'a pas encore tenu le conseil d'administration, mais, en tous cas, nos résultats sont de bonne signature. On respecte scrupuleusement tous les engagements pris dans le cahier des charges de départ. On le dépasse même un peu. Seulement, je tiens à préciser que nous ne cherchons pas à faire des bénéfices faramineux, mais à être dans l'équilibre pour que le modèle soit viable et pour que nous puissions investir davantage dans des canaux de distribution accessibles», s'est félicité Redouane Najm-Eddine, président de directoire d'Al Barid Bank, dont le réseau compte près de 900 agences dédiées à la distribution de services financiers à une population à faibles revenus, qui considère l'ouverture d'un compte comme quelque chose de compliqué. C'est en fait l'analphabétisme et le manque d'éducation financière qui sont de nature à raviver ce sentiment de méfiance vis-à-vis des banques, qui souvent ne jouent pas le jeu de la transparence sur le plan de la tarification des services financiers (commissions bancaires). Résultats : des économies qui restent dans les bas de laine au lieu de s'orienter vers le système bancaire pour se transformer en investissement. Il faut dire que les banques sont appelées à s'ouvrir à cette population, qui a besoin de produits appropriés pour accepter d'épargner. La flexibilité est ainsi de mise. C'est le modèle adopté par Al Barid Bank, qui a aussi des agences mobiles et immobiles fixes temporairement, pour adapter son offre à la culture marocaine (souks, moussems, etc). Aujourd'hui, les offres de la banque postale s'étoffent peu à peu. Même la rémunération de l'épargne sera améliorée, pour capter les économies des exclus du système bancaire. Redouane Najm-Eddine, président du directoire d'Al Barid Bank. «Le rendement du compte sur carnet sera amélioré» Les Echos quotidien : Au niveau des banques, la facturation de commissions élevées faussent souvent la relation établissement de crédit et la clientèle... Redouane Najm-Eddine : Les banques n'ont pas le droit de dépasser les niveaux de commissions agréés et validés par la banque centrale, qui en définit même la nature. Al Barid Bank, après avoir obtenu l'agrément de BAM, s'est certes conformé à ses directives, mais sans procéder à un relèvement des niveaux de commissions. Pour consolider la relation de confiance avec les clients, on a veillé à ne pas appliquer les tarifs de toutes les commissions et à garder des tarifs historiquement bas, sachant qu'il existe même des prestations gratuites. Le secret de réussite d'une banque postale réside dans trois accessibilités. D'abord, l'accessibilité physique ; c'est pourquoi Al Barid Bank mise sur la proximité avec la clientèle dans les différentes régions, où on n'agit pas de la même manière. On doit s'adapter aux saisonnalités et aux cultures. Ensuite, l'accessibilité tarifaire en facturant des coûts qui varient en fonction des milieux urbains et ruraux. Enfin, on veille à être accessible sur le plan éthique. Il est primordial d'adopter des valeurs immuables pour gagner la confiance du client. Il ne doit pas être surpris par des surcoûts et des commissions qu'il ne comprend pas. Être banque citoyenne qui parvient à bancariser 500.000 clients par an, ce n'est pas rien. Quid de votre rémunération de la petite épargne ? Il y a une nouveauté par rapport à la rémunération de l'épargne, qui, du temps de BAM, consistait en la Caisse d'épargne, toujours défiscalisée. On a mené avec la CDG une réflexion pour améliorer le rendement du compte sur carnet. Du fait de cette nouveauté, on va lancer des campagnes d'incitation à l'ouverture de comptes d'épargne au profit des jeunes, pour les familiariser à ces produits. On a également mis au point d'autres produits d'épargne logement au profit d'individus sans salaire fixe. Une offre qui leur permet de s'habituer à faire des économies et de pouvoir accéder par la suite à un crédit, avec un taux plus bas que la moyenne du marché, tout en jouissant d'un prix d'accès au logement bonifié auprès du promoteur. Il se trouve ainsi bonifié au niveau du taux de crédit et du prix d'achat.