Le constat est amer, mais en dépit des quelques efforts ponctuels déployés, rien n'y fait: Les Marocains lisent trop peu. Pis encore, leur relation au livre menace le secteur de l'édition. Comment donc réconcilier les citoyens avec la lecture et sauver, donc, l'intellect mais aussi l'industrie y associée? Saisissant l'occasion du Salon international de l'édition et du livre (SIEL), le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié un rapport sur la promotion de la lecture au Maroc. Ledit rapport intitulé « Promouvoir la lecture, urgence et nécessité » propose des recommandations concrètes pour améliorer l'état actuel du secteur du livre et vise à « encourager la lecture tout au long d'une vie, à travers des indicateurs qui interpellent », Ahmed Reda Chami, président du CESE. Il a par ailleurs estimé que toutes les collectivités territoriales doivent développer des programmes d'encouragement à la lecture, en collaboration avec la société civile à l'instar de la région de Casablanca. Celle-ci a mis en place des kiosques de lecture dans les jardins publics. Chami a relevé que les entreprises, dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) doivent financer des bibliothèques scolaires et des centres culturels. L'idée est également de mettre en place des bibliothèques numériques gratuites et encourager des startups innovantes qui créent des bibliothèques digitales surtout celles destinées aux personnes à besoins spécifiques. Encourager les éditeurs Pour sa part, le rapporteur de la Commission permanente, chargée de la société civile au sein du conseil, Abdellah Deguig a signalé que la chaîne des valeurs des livres reposait sur l'encouragement des éditeurs. Ainsi que la promotion des espaces de commerce et une réappropriation culturelle de l'espace public. « La promotion de la lecture à tout âge par un accès aux ouvrages, est l'une des recommandations du CESE », a-t-il estimé, ajoutant que la lecture doit débuter à un âge plus précoce. D'où le rôle extrêmement important que doit jouer la famille pour le développement du goût de la lecture auprès des enfants. Le rôle de l'école La rareté des ressources de lecture et le manque de l'implication de certains acteurs, sont à l'origine de cette situation que vit le secteur du livre et de l'édition. L'école est le lieu incontournable pour instaurer une atmosphère à même d'attirer des jeunes lecteurs, a signalé Deguig. Seuls 9% des établissements publics disposent de bibliothèque scolaires, déclare Deguig. Il a en outre indiqué que 80% du chiffre d'affaires des bibliothèques est enregistré durant la rentrée scolaire. Faisant par ailleurs remarquer que grâce au programme de soutien à l'édition et au livre, lancé par le ministère de la Culture, 423 livres ont été édités en 2017. Deguig a par ailleurs mis en avant les recommandations « stratégiques » du CESE notamment la tenue d'assises nationales sur les différentes fonctionnalités de la lecture. La déclinaison de cette politique en plans d'action, le soutien à la société civile, la promotion de la production et de la distribution d'ouvrages, l'organisation des activités de promotion de la lecture et de l'écriture au sein de l'école.