«La restructuration de la Samir n'est pas encore terminée. Les banques nous mettent la pression. Alors que nous disposions auparavant de financements en dollars, les banques nous imposent aujourd'hui des prêts en DH, ce qui nous met davantage la pression [...]. . Elles profitent de la situation financière fragile de la Samir en augmentant les taux d'intérêt, mais nous ne céderons pas à une pression aussi illogique et injuste». S'il fallait retenir une seule idée de la présentation, par Jamal Ba-Amer, directeur général de la Société anonyme marocaine de l'industrie du raffinage (Samir), des résultats de sa société pour l'exercice 2011, c'est bien celle de la fragilité de la situation financière du raffineur national, exacerbée par la pression des banques sur le remboursement des dettes. Une partie de ces dernières fait l'objet d'une conversion de dette à CT en dette à LT. Avec l'augmentation du prix moyen du Brent de 31 dollars/bbl en une année, la baisse, par conséquent, de la marge de raffinage NWE, les importations massives d'hydrocarbures par certains distributeurs, et donc du dumping, et bien entendu l'«insuffisance des lignes de crédits pour le financement de l'activité», la Samir ne pouvait, face à ces facteurs, que constater une baisse de son résultat net pour le compte de l'exercice 2011. Arrêté en 2010 à près de 836 MDH, le résultat net s'est établi en effet, à fin 2011, à 434 MDH, soit une baisse sur l'année de 48%. L'exploitation du raffinage y est pour beaucoup. Selon le management de la Samir, l'impact de la «baisse drastique de la marge de raffinage NWE» sur le résultat de la société est estimé à «-750 MDH par rapport à 2010», l'effet de l'«inondation du marché national par les importations» à 500 MDH, et les retombées de l'insuffisance des lignes de crédits à 300 MDH. Au total, et en ne retenant que ces trois grands facteurs contraignants pour l'activité de la société, le manque à gagner s'élève à 1,55 MMDH. Avancer le couteau sous la gorge Attendu sur la question de l'augmentation de capital annoncée pour l'année 2012, Ba-Amer n'a pas été très disert. L'augmentation de capital d'1,75 MMDH aura bien lieu, mais les modalités pratiques de sa mise en œuvre sont, aux dires du directeur général, «plus compliquées à définir que ce qui était prévu initialement». «J'aurai aimé vous donner davantage de précision sur cette opération essentielle pour le redressement de la situation financière de notre société, mais il se trouve que le prix de l'action, qui devait être fixé ces derniers jours, ne l'a toujours pas été», avoue, dépité, Ba-Amer. «Une des premières conditions imposées par les banques est qu'il y ait plus de liquidité dans les comptes de la société. Au vu de notre situation fragile, elles devraient comprendre que nos investissements relèvent de l'intérêt national, au même titre que la RAM ou l'ONE», entonne-t-il ensuite, avant d'ajouter que, «à la rencontre avec les investisseurs, nous nous attendions à une fourchette de prix. Or certains n'accordaient aucune sorte d'importance au prix, quand d'autres imposaient le leur, ou demandaient même des prix préférentiels». D'autres dossiers chauds attendent la Samir pour cette année. Le premier par son importance est certainement celui du dumping exercé par certains distributeurs nationaux. «La convention d'investissement donnant la priorité à la production nationale n'a pas été respectée par l'ancien gouvernement, mais nous poursuivrons les négociations avec le gouvernement actuel pour accéder au secteur de la distribution», annonce Ba-Amer.