Le Boughaz Express revient à fendre les flots du Détroit. L'autorité portuaire de la baie d'Algésiras (APBA) a levé la suspension qui pesait sur les services de la filiale du groupe Comarit-Comanav. De la sorte, le fast-ferry Boughaz Express reprendra ses services sur la ligne Tarifa-Tanger ville. C'est la décision rendue par le Conseil d'administration de l'APBA, réuni en session extraordinaire jeudi dernier. Cette dérogation, explique le Conseil, intervient suite à la prise de connaissance des déboires du groupe maritime, en naufrage financier depuis des mois. Le Boughaz devait larguer les amarres hier, dimanche selon une source à l'APBA. Le gouvernement marocain aurait donc pesé de tout son poids pour que le Boughaz Express soit remis à flot. Des négociations ont eu lieu entre la partie marocaine et espagnole et il semble que le gouvernement marocain aurait donné aux responsables espagnols des garanties sur l'imminence d'une sortie de crise. Selon l'APBA, l'Exécutif marocain est en négociation avancée avec un groupe bancaire pour renflouer les caisses de l'armateur marocain et éponger ses dettes, afin qu'il soit à flot. Cette reprise n'est que provisoire, car la licence d'exploitation de cette ligne arrive à échéance le 9 juin. D'ailleurs, durant cette même réunion, les membres du Conseil ont procédé à l'approbation du cahier des charges de l'appel d'offre permettant l'exploitation de l'un des deux quais dont dispose le port. Le deuxième quai est adjugé en concertation avec les autorités marocaines. En mars dernier, l'APBA, l'autorité gestionnaire du port de Tarifa, avait émis un communiqué où elle sommait Comarit de cesser de prêter ses services, sur cette desserte à partir du 23 mars pour frais portuaires impayés. À cette date, une source autorisée au sein de l'APBA a confié à que cette suspension n'est pas irrévocable et que l'armateur est en mesure de reprendre ses activités à condition que ses engagements soient honorés. Ainsi, l'APBA est-elle revenue sur sa décision sous la pression des autorités marocaines. Une ligne et des convoitises Et si le gouvernement marocain était entré en jeu ? C'est qu'il en vaut la chandelle. La décision trouve son explication dans le fait que cette desserte est objet de toutes les convoitises de la part du reste des concurrents. Outre le fait qu'il s'agisse de la ligne maritime la plus proche entre le contient européen et le Maroc, c'est aussi la liaison des plus rentables. Le port a vu transité 1,2 millions de passagers et 244.000 voitures en 2011. Lors du dernier appel d'offres en 2008, plusieurs entreprises maritimes ont montré de l'intérêt pour ce port, étant donné les garanties de rentabilité qu'il offre. Pendant ce temps, quatre navires, propriétés du groupe marocain, demeurent toujours assignés à quai dans le port limitrophe d'Algésiras, avec à bord une centaine de marins réclamant leur dû. L'intervention du gouvernement marocain en faveur de la filiale de Comarit laisse entrevoir, probablement, le début de la fin d'un cauchemar, qui dure depuis plusieurs mois.