Depuis vendredi, la compagnie Boughaz Express, filiale du groupe marocain Comarit-Comanav n'a plus le droit d'exploiter la ligne maritime reliant le port de Tarifa à Tanger. Comme nous l'avions annoncé (www.lesechos.ma), le Conseil d'administration de l'autorité portuaire de la Baie d'Algésiras (APBA) a décidé de la suspension de sa licence pour le non-paiement d'une lourde ardoise de frais portuaires. «Toute activité de Boughaz Express doit cesser. Nous avons lancé cet ultimatum pour préserver les droits des voyageurs qui ont anticipé l'achat de leurs billets et qui n'étaient pas au courant des déboires du groupe», explique cette source autorisée au sein de l'APBA. L'administration portuaire a recouru à cette pratique pour éviter que le ferry ne demeure amarré au port exigüe de Tarifa, encombrant de la sorte le trafic, vu que l'établissement portuaire ne dispose que de deux quais seulement. Dans le cas de Boughaz Express, la compagnie détenait sur cette ligne deux ferries rapides, mais un seul était opérationnel. En effet, les compagnies de navigation réduisent le nombre des bateaux en fonction de la saison mais dans le cas de Comarit-Comanav, la décision s'explique par les mésaventures financières de l'armateur. «Rien n'empêche le Boughaz de reprendre ses activités sur cette ligne si l'entreprise s'acquitte de ses dettes», assure t-on au sein de l'APBA. En attendant le dénouement, cette situation de blocage profite amplement aux concurrents. La filiale espagnole du groupe norvégien FRS est désormais seul maître à bord avec la mise en veille des activités de l'armateur marocain. La compagnie détient à présent le monopole de la ligne Tarifa-Tanger ville, où elle opère depuis 2005 et se targue de réaliser le trajet en 35 minutes. C'est aussi la seule compagnie maritime qui opère dans toutes les lignes reliant les ports du sud de l'Espagne aux différents ports marocains et ceux des enclaves. Contactée pour voir si elle prévoyait de nouveaux aménagements à la lumière de ce nouvel évènement, la direction de la compagnie n'a pas donné suite à notre requête. Il faut dire que la ligne Tarifa-Tanger est une liaison très courtisée par les touristes, vu son emplacement stratégique. «Ce sont surtout les touristes et les voyageurs pressés se rendant pour des achats ou des rendez-vous d'affaires, qui optent pour cette liaison qui s'est révélée être très pratique», commente Mounir, un agent de billetterie au port de Tarifa. Pour le moment, et comme l'indique cet agent, la période estivale n'est pas encore entamée et l'offre couvre la demande des clients. Sur ce même registre, l'APBA ne semble pas se faire de soucis. En juin, les licences d'exploitation des quais du port de Tarifa arrivent à terme. Un appel d'offres sera lancé pour désigner les nouveaux concessionnaires des licences. Celles-ci sont accordées pour une durée de trois ans, prorogeable une seule fois. Toutefois, en cas d'une forte demande au niveau du port de Tarifa, les passagers peuvent se diriger vers Algésiras. Sur ce port, les risques d'une pénurie de l'offre sont moindres car selon cette source au sein de l'Apba, les compagnies opérant à Algésiras redistribuent leurs navires en fonction de la demande et des saisons. Le trafic au niveau du détroit ne risque pas d'être compromis. «Le Maroc a déjà lancé des appels d'offres et nous avons nous-mêmes des prétendants. De plus, certaines lignes ne requièrent pas le passage par un appel d'offres et s'octroient de gré à gré. Toutefois, les responsables du comité en charge de l'opération du transit s'attèlent sur cette affaire depuis plusieurs semaines pour éviter toute perturbation du trafic», ajoute t-on auprès de l'APBA. En somme, la situation s'éclaircira après la réunion du comité, prévue dans quelques semaines.