L'année 2012 n'offre encore aucune visibilité et 2011 a été très peu dynamique en termes de croissance d'activité pour la minoterie industrielle locale. Les professionnels de ce secteur sont décidément dans une conjoncture d'appréciation assez morne. Cela n'est que l'une des principales conclusions du dernier rapport établi et publié sur le secteur par L'Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL). Les chiffres se sont effectivement exprimés. Au terme de l'année dernière, près d'une quarantaine d'unités de minoterie industrielle ont été déclarées en arrêt d'activité, «pour des raisons diverses, liées notamment à des difficultés d'approvisionnement ou des déficits d'ordre financier», commente un responsable de la Fédération nationale des minotiers (FNM). Les plus grosses pertes d'unités entre 2004 et 2011 ont surtout concerné le segment de la minoterie de blé dur (semouleries), avec une baisse de 31% des capacités existantes. Le segment de l'orge a également connu des unités en moins, un déficit estimé par l'ONICL à une variation de 13% sur les mêmes périodes comparées. Pis, face à ces rideaux baissés, seules trois nouvelles minoteries, toutes à vocation de blé tendre, se sont rajoutées en 2011 à l'effectif du secteur de la minoterie industrielle pris dans sa globalité. Deux de ces structures proviennent du secteur coopératif céréalier. Il faut en effet savoir, au passage, que l'effectif du secteur est composé majoritairement de minoteries de blé tendre - au nombre de 152 -, de semouleries (36 unités) ainsi que de 14 orgeries. Ce total d'un peu plus de 200 unités ne tourne pourtant qu'à moitié. «Le secteur continue à tourner à environ 55% de la capacité installée», confirme-t-on auprès de l'ONICL. À moitié Dans le détail de ce dernier aspect, ce sont les orgeries et les minoteries de blé tendre qui sont les plus concernées, avec des capacités installées utilisées respectivement à 30 et 53%. Pour le segment de la transformation de l'orge plus spécifiquement, cette faiblesse du taux d'utilisation des capacités réelles du secteur est principalement due à «la baisse de la consommation des produits de l'orge, ainsi qu'à la forte concurrence de la minoterie artisanale», expliquent les experts de l'ONICL. Dans le secteur, seul le segment de la semoulerie semble bien se remplir la panse. Les unités de ce segment - d'une capacité totale de première transformation de 8,3 millions de quintaux - tournent à près de 82% de taux d'utilisation. Selon le même rapport de la structure publique, cette performance est justifiée par un concours de plusieurs circonstances conjoncturelles. De fait, la hausse des cours mondiaux du blé dur - une céréale importée à 100% d'Amérique du Nord notamment - a en effet poussé plusieurs unités de semouleries à se reconvertir vers la minoterie de blé tendre. Cette migration stratégique a permis aux semouleries qui sont restées fidèles à leur métier initial, d'améliorer leur taux d'utilisation. Sous un autre angle, le secteur de la minoterie industrielle ne s'est guère diversifié en termes de répartition géographique des unités de production. Force est effectivement de constater une très forte agglutination des implantations dans les zones de Casablanca, Marrakech et Fès-Meknès : 60% des capacités du secteur y sont concentrées. La capitale économique se taille bien sûr a part du lion, avec un peu plus de 30% des 202 unités que compte le secteur actuellement. Peu de visibilité pour 2012-2013 Pour la prochaine campagne de commercialisation, le «manque de visibilité» évoqué un peu plus haut fait quasiment l'unanimité auprès des professionnels du secteur. Ces perspectives encore peu évidentes sont largement justifiées par le déficit (-50% au plus optimiste) attendu de l'actuelle campagne céréalière. Pour le moment, ces derniers misent beaucoup sur la gestion des stocks constitués à partir de la récolte record de la campagne 2010-2011. Ces derniers continuent en effet à satisfaire les besoins du royaume, ce qui devrait être plus difficile à partir de la prochaine campagne de commercialisation. Le stock de blé tendre, principale céréale consommée au Maroc, à fin mars 2012, était de l'ordre de 18,7 millions de quintaux (Mqx), couvrant près de 4 mois des besoins de la minoterie industrielle. Cela, sachant que l'on n'est qu'à un mois de la fin de la présente campagne de commercialisation. Par ailleurs, les caisses de l'Etat devraient également souffrir du déficit de production... Si cela n'est pas déjà le cas, d'ailleurs. En effet, dans le cadre du programme pour la sauvegarde et la protection du cheptel lancé par la tutelle agricole pour faire face à la sécheresse, une opération d'approvisionnement en orge subventionnée dans différentes régions du pays, a été ordonnée par le gouvernement, au cours du mois de mars dernier. À ce titre, deux appels d'offres ont été lancés par l'ONICL pour un montant de 1,9 million de quintaux (Mqx).