Le stock de blé tendre, principale céréale consommée au Maroc, a dépassé les 20 millions de quintaux (Mqx) à fin juin, représentant plus de 5 mois des besoins des écrasements des minoteries industrielles, selon l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL). Compte tenu de la chute de près de 40% des rendements à l'hectare et du repli de 38% de la récolte céréalière pour la dernière campagne, limitée à 51 millions de quintaux contre plus de 80 millions de quintaux l'année d'avant, le Maroc va devoir importer plus pour couvrir ses besoins. Le niveau de stock est de blé tendre enregistre une amélioration de 40 % en juin par rapport à mai. D'après les données publiées par l'ONICL dans son dernier bulletin d'information sur le marché des céréales, près de 9,8 Mqx ont été collectés, en ce début de la campagne de commercialisation 2012-2013. Un niveau qui permettra de maintenir les stocks à un niveau élevé durant les prochains mois, précise l'Office qui relève que près d'un cinquième de cette quantité est déjà engagée pour la fabrication des farines subventionnées. Le blé tendre est d'une "très bonne qualité" cette année avec un poids spécifique moyen dépassant les 80 kilogramme par hectolitre et des taux d'impuretés très faibles, explique l'ONICL. Les commerçants négociants continuent de drainer le plus gros volume collecté de la production de blé tendre, soit près de 85 % du volume total. Suspension des droits d'importation Il est à rappeler que depuis le 1er juin, le blé tendre est soumis à 17,5 % de droit d'importation, alors que les importations du blé dur durant juin et juillet sont soumises à 170 %. Ainsi, pour palier à la hausse des cours mondiaux et assurer un approvisionnement normal du marché, les droits d'importation sur le blé dur seront suspendus à partir du 1 août jusqu'à fin décembre et ceux de l'orge resteront suspendus jusqu'à fin décembre, précise la même source. La transformation industrielle du 1er mois de la campagne 2012-2013 a atteint 5,1 Mqx, marquant une régression de plus de 14 % par rapport à la même période de la campagne précédente. L'utilisation du blé local par la minoterie industrielle a atteint 30 %, durant le premier mois de la campagne de commercialisation, et devrait augmenter durant juillet et août compte tenu du rythme enregistré de la collecte et de la bonne qualité, ajoute la même source. Les farines libres sont produites à partir du blé tendre, du blé dur et de l'orge avec une prépondérance des farines de blé tendre (70 %), tandis que les farines subventionnées issues du blé tendre représentent 14 % des produits de la minoterie et 20 % des produits fabriqués à partir du blé tendre. Quant aux semoules, elles sont fabriquées principalement à partir du blé dur (91 %), mais aussi à partir de l'orge (9 %). Pour ce qui est des stocks des céréales détenus par les opérateurs déclarés à l'ONICL et au niveau des silos portuaires, ils ont atteint 25,3 Mqx à fin juin, en progression de 26 % par rapport au mois précédent. La Maroc condamné à importer plus La récolte de céréales 2011-2012 du Maroc s'établit à 5,1 millions de tonnes, pour une superficie plantée de 5 millions d'hectares, contre près de 8 millions de tonnes l'an passé sur 4,95 millions d'hectares. Les rendements, d'une tonne par hectare, ont reculé de 39%, pour des surfaces presque équivalentes à celle de l'an dernier, 3,17 millions d'hectares pour le blé, dont 2,18 millions d'hectares de blé tendre, note le ministère de l'Agriculture. Toutefois, le résultat est supérieur de 20% aux 4 millions de tonnes de céréales qu'attendait en mars l'USDA. Le recul de 38% des quantités récoltées tient à la sécheresse de février-mars, au retard des semis de blé et d'orge (sur 1,8 million d'hectares, -3%), et aux frimas qui ont compliqué la pousse des céréales. Sachant que chaque Marocain consomme 258 kilos de blé par an, l'Etat marocain va devoir importer du blé en plus grands volumes encore que la saison passée. Le Maroc avait acheté en 2011-2012 quelques 5,25 millions de tonnes de blé, précise l'Office national interprofessionnel des céréales (ONICL). L'USDA prévoit qu'il en faudra au moins autant cette année. Le déficit en orge, utilisé principalement pour l'alimentation animale, pourrait atteindre 1 million de tonnes, contre 500.000 l'année passée.