Le rôle qu'un Etat peut jouer en tant que dynamo de l'investissement dans les pays émergents, notamment dans un contexte de crise économique. C'est le cas aussi pour le Maroc où le gouvernement comme la CGEM multiplient les signaux pour encourager et développer le partenariat public -privé dans le sens du soutien de l'économie, la croissance et la création d'emploi. Les experts et responsables des institutions financières internationales et arabes réunis, les 16 et 17 avril à Marrakech à l'occasion du 2e Forum de la facilité arabe pour le financement des infrastructures (FAFI), étaient là pour le rappeler. Face à des budgets de plus en plus érodés par la crise conjoncturelle, les gouvernements tentent de trouver les solutions et les partenariats capables de maintenir leur cap en terme d'infrastructures et d'équipements. Les débats ont d'emblée porté sur l'incontournable partenariat public/privé (PPP) pour le financement de projets d'infrastructures à même d'assurer l'essor économique escompté à l'échelle du monde arabe. Walid Abdelwahab, chef du département Infrastructure à la Banque islamique de développement (BID) estime que les pouvoirs publics de la région «ont du mal à mobiliser les financements requis pour les grands projets d'infrastructures». À ses yeux, «des succès récents laissent penser que le secteur privé peut jouer un rôle décisif en matière de prestations de services ô combien nécessaires pour les habitants de la région». L'expert n'a pas manqué de souligner «l'importance du secteur privé dans la réalisation du développement économique n'est plus à démontrer. C'est pourquoi on estime qu'il appartient désormais aux pays arabes d'adopter une nouvelle approche qui rend impératif l'implication du secteur privé dans toute initiative visant à mettre en place des infrastructures», souligne-t-il. Par ailleurs, les experts proposent également de fédérer les efforts en vue de réduire l'écart existant en matière de partenariat public/privé dans le monde arabe et de se focaliser sur les expériences réussies dans ce domaine pour en tirer les leçons positives. «Le déficit dont souffrent les pays arabes en matière d'infrastructures peut être comblé par le biais de la promotion de la participation du secteur privé et l'encouragement de l'appui aux gouvernements par les institutions financières». Ils se sont aussi félicité du lancement en 2011 de la FAFI, un mécanisme qui vise à doter le monde arabe d'infrastructures adéquates, tout en favorisant l'implication du secteur privé et la mise en place d'un cadre juridique à même d'assurer l'encadrement des PPP. La finalité recherchée est de parvenir à assurer l'intégration interarabe, ainsi qu'à améliorer les échanges commerciaux entre les pays de la région et à drainer davantage d'investissements. Le Maroc en modèle Le Maroc, s'inscrivant dans une politique volontariste, s'est lancé dans l'ouverture de grands chantiers en matière de construction d'infrastructures et de mise en place d'équipements nécessaires. Fidèle à sa volonté de développement, le Royaume souhaite se doter de véritables pôles de développement, aux dires du ministre de l'Economie et des Finances, Nizar Baraka. En chiffres, le ministre a rappelé que l'investissement public a enregistré une hausse notable ces dernières années, en passant de 82 MMDH en 2007, à 188 MMDH durant cette année. Cela témoigne de la volonté du Maroc de poursuivre et d'accroître l'effort d'investissement public pour mettre des infrastructures et des équipements de qualité à la disposition des citoyens. Il est question aussi de mettre en relief les efforts déployés, notamment à travers l'extension du réseau autoroutier, la poursuite de la mise en œuvre du programme des voies express, le renforcement du réseau ferroviaire, la mise à niveau des ports et l'aménagement des aéroports. Quant à l'importance du partenariat public/privé, Baraka a estimé qu'il doit se faire selon une approche basée sur la bonne gouvernance, la transparence, la détermination des responsabilités et le respect des cahiers des charges, l'objectif est de parvenir à gagner la confiance des opérateurs économiques et sociaux et de tirer vers le haut l'attractivité des investissements et des capitaux. Dans le même sillage, il convient de rappeler que le gouvernement concentre ses efforts actuels sur l'élaboration d'un cadre juridique pour la réglementation du partenariat public/privé, dans le domaine des infrastructures qui, jusque-là, souffrent d'un manque d'encadrement et surtout de la difficulté à en assurer le suivi. Ce partenariat, basé aussi sur un partage équitable des risques, devra concerner des secteurs jugés prioritaires et à forte dimension stratégique. Il préconise une approche participative associant les départements gouvernementaux concernés et les opérateurs économiques, en partenariat avec la Banque européenne d'investissement (BEI). Stimuler la croissance Le 2e Forum de la FAFI revêt une importance cruciale pour les pays arabes, ainsi que pour les institutions financières arabes et internationales. Le succès d'un tel mécanisme pousse ces pays à engager une réflexion sur les meilleurs moyens de se consolider davantage. Pour ce faire, la Société financière internationale et la BID ont conclu, lundi dernier, un accord qui vise à appuyer la construction de projets d'infrastructures dans la région MENA. Il s'agit, en fait, de l'investissement de 100 M$ (50 M$ assurés par chaque organisation), pour soutenir la réalisation de projets d'infrastructures dans la région et stimuler la croissance économique. «Les projets de construction de routes, de ports ou d'installations de traitement d'eau sont essentiels à la prospérité de cette région. Cet investissement permettra de réaliser de tels projets, d'offrir des services essentiels aux populations et d'établir une base solide pour la croissance économique et la création d'emplois», explique Hoda Gulrez, chargée des questions d'infrastructures en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord à l'IFC. Un second accord a été conclu dans le même contexte et porte sur l'adhésion de la Banque européenne d'investissement (BEI) à la FAFI.C'est dire que les pays de la région MENA devront dépenser 70 M$ par an pour le développement de leurs infrastructures, afin de soutenir leur taux de croissance. La structure appuie des projets transfrontaliers conçus pour accroître la connectivité régionale, y compris la construction de réseaux de distribution d'électricité, de chemins de fer, de routes et de transport maritime. L'initiative fait partie des efforts déployés par l'IFC et la BID au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, pour appuyer le développement économique en cette période d'évolution rapide.Depuis janvier 2011, l'IFC a réussi à canaliser des investissements de plus de 2 MM$ dans la région, y compris par ses efforts de mobilisation des ressources. Pendant ce temps, le groupe de la BID a contribué a hauteur de 3 MM$ au financement de projets du secteur public et privé, ainsi que des activités liées au commerce.À noter que ce forum est organisé par le ministère de l'Economie et des Finances en partenariat avec la BID, l'IFC et la Banque internationale de reconstruction et de développement (Bird).