C'est à un voyage dans les profondeurs de l'univers coloré d'Yves Saint-Laurent que convie l'exposition «Yves Saint et le Maroc» présentée en avant-première jeudi à Marrakech. Initiée par la Fondation Pierre Bergé -Yves Saint Laurent, cette exposition des créations du célèbre couturier français se veut un hommage aux habitants du Maroc, au ciel de Marrakech qu'il a tant aimés. «Lorsque nous sommes arrivés à Marrakech pour la première fois, YSL et moi, nous ne savions pas que cette ville allait jouer un rôle aussi important dans notre vie (...), ni que le Maroc allait devenir notre pays d'adoption, notre deuxième patrie», avait déclaré Pierre Bergé en 2008. Ainsi, le Jardin Majorelle brille à la fois par la lumière automnale de la ville ocre et par les couleurs des modèles exposés. La présence d'YSL dans ce lieu, rendu magique par la grâce et la richesse de ce qui y est exposé, est écrasante, tant il y a communion parfaite entre le maître et ce jardin conçu d'ailleurs par un autre grand artiste, le peintre Jacques Majorelle. La présence de cette exposition dont la scénographie a été confiée à Christophe Martin, est en ce sens d'une exemplaire ingéniosité et d'une clarté parfaite. On y admire 44 modèles du couturier inspirés par le Maroc et par Marrakech. Des créations accompagnées de divers documents (photographies, textes et projections d'extraits du documentaire Tout Terriblement, réalisé en 1994 par Jérôme de Missolz). Chaque pièce est la réalisation vestimentaire d'une idée ou d'une envie différente. Chacune répond à une impulsion -on connaît la sensibilité de cet homme exceptionnel- venue probablement d'une chose vue, d'un lieu ou d'une situation. «Vous savez, YSL n'a utilisé les couleurs qu'après sa première visite au Maroc en 1966. Il ne dessinait qu'en noir et blanc», nous confie Loulou de la Falaise, collaboratrice d'YSL pour la couture et amie personnelle. Djellaba, jabadour, burnous, tarbouche... témoignent d'une remarquable unité dans un vaste étalage de modèles aux couleurs de la ville ocre. Rose, rouge, jaune, mais aussi beige terre ou bleu se confondent, se répondent et captivent allégrement les visiteurs qui devaient se dire en pensant à Baudelaire que décidément dans cette exposition «tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté». 600.000 visiteurs par an Le Jardin Majorelle qui accueille l'exposition «Yves Saint Laurent et le Maroc» et où reposent les cendres de l'artiste, est l'un des endroits les plus mythiques de la ville de Marrakech. Construit en 1931 par le peintre Jacques Majorelle, il se compose d'une villa style Art déco ( baptisée aujourd'hui villa Oasis) et d'un jardin botanique. Abandonné après le décès de son propriétaire en 1962, le jardin a été acheté dix huit ans plus tard par Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, qui le sauvent d'un projet immobilier et lui redonnent vie. Après le décès d'YSL en 2008, Pierre Bergé décide de faire don du Jardin Majorelle à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent. «Nous enregistrons 600.000 visiteurs par an. Aujourd'hui avec l'exposition programmée, nous pensons que ce chiffre sera certainement augmenté», souligne Dominique Deroche, adjointe de Pierre Bergé. Par ailleurs, la Fondation envisage de mettre en place un musée d'art berbère au sein même du Jardin. Ce musée accueillera à partir de mai 2011, une collection personnelle d'art berbère de Pierre Bergé. En effet, plus de 300 pièces seront exposées en permanence réunies sous trois grands thèmes : les berbères et leur quotidien, les parures, les bijoux et les tapis berbères.