Les syndicats sont morts, vive le syndicalisme! Au rythme où vont les choses, on est vraiment tentés de le croire. La grève à laquelle appellent aujourd'hui quatre centrales syndicales visant à paralyser la fonction publique ne fait que confirmer cette tendance lourde. Et ce n'est qu'une grève préventive. Le pire est à craindre dans les semaines à venir. Grève ou pas, le personnel des collectivités locales n'assure même pas le minimum syndical pour les citoyens. Qui d'entre nous n'a pas fait les frais d'un mauvais traitement administratif ? Un énième sit-in, pourquoi faire ? UMT, FDT, UGTM et UNMT veulent certainement nous convaincre que leur force de frappe est toujours intacte. Et après ! Drôle de façon d'exprimer leur rejet de la mouture du Budget 2011. Au risque de s'attirer l'animosité des leaders syndicalistes, c'est une évidence que d'affirmer que le syndicalisme ne s'arrête pas à l'appel à la grève et aux discours pompeux. À l'image de la politique, il faut une vision, une méthode et surtout des porte-parole crédibles. Citez-moi un seul syndicat qui fait une lecture constructive du projet de la loi de finances 2011. Il est bien évidemment facile de s'attaquer au gouvernement en criant sur tous les toits que ce Budget est loin de répondre aux aspirations de la classe ouvrière. Aucun syndicat n'a jusqu'à aujourd'hui proposé des alternatives sérieuses pour rectifier le tir. Nos centrales excellent dans l'art de l'opposition et ont beaucoup de mal à saisir toute la complexité de concevoir une loi de finances, dans un contexte où de gros risques planent encore sur la reprise économique. Les syndicats ne pensent qu'à leurs adhérents et oublient souvent que le bien-être de la classe ouvrière est intimement lié à celui des entreprises.