À grande opération, multiples éclairages. La conférence de presse tenue mercredi dernier pour présenter l'introduction en Bourse de la compagnie d'assurance CNIA Saada a été l'occasion d'apporter plusieurs éclaircissements au public. À cet effet, le staff de la compagnie s'est volontiers prêté au jeu des questions-réponses. L'occasion de revenir d'abord sur les coulisses de la préparation de cette introduction. Sur ce plan, le management de l'assureur a précisé que le CDVM s'est montré «particulièrement regardant sur les détails de l'opération», ce que nous a confirmé un membre au sein du gendarme boursier. «Ils n'ont fait que leur travail», concède, fair-play, le président directeur général de CNIA Saada, Moulay Hafid Elalamy. Sur l'opération elle-même, c'est le prix de vente de l'action CNIA Saada, établi à 1.044 dirhams, qui a monopolisé le débat. Celui-ci a été établi sur un modèle de prévisions conservatrices qui n'englobe «aucune promesse que nous ne puissions tenir», a tenu à préciser Elalamy. À preuve, le management de la compagnie ne fait pas cas de la croissance modeste de son activité «vie», de 4,4% par an sur les trois prochaines années à comparer à une hausse de 20,4% sur la même période pour tout le secteur. Une croissance contenue que l'administrateur directeur général, Ghita Lahlou, lie au non-adossement de CNIA Saada à un réseau bancaire, ce dernier facteur étant crucial pour étendre la distribution des produits d'assurance-vie. Mais en contrepartie l'assureur met le paquet sur la branche non-vie. Sur ce volet, la compagnie compte accompagner le développement du secteur avec une croissance annuelle à l'horizon 2013 avoisinant 13%, «afin de maintenir notre part de marché», explique la directrice générale. À ce titre, précisons que la compagnie est déjà leader pour l'assurance automobile et qu'elle dispose du premier réseau d'assurance national. Et pour pousser la logique de transparence jusqu'au bout, le management de la compagnie a répondu sans détour aux questions ayant trait au contexte de l'opération de redressement et de sauvegarde de la compagnie Saada. Ce fait est notamment revenu sur le devant de la scène ces derniers jours suite notamment à des pressions à l'encontre de CNIA Saada pour accélérer le remboursement de l'emprunt octroyé par le Fonds de solidarité des assurances (FSA). Pour rappel c'est cet emprunt de 800 millions de dirhams, couplé à un apport d'actionnaires de 1,3 milliard de dirhams, qui avait servi à financer le rachat d'Es-Saada par CNIA en 2007. Sans équivoque, Elalamy précise qu'il n'y a aucune raison valable pour réviser les conditions de l'emprunt accordé par le FSA. Aussi, les conditions préalablement négociées et les remboursements qui en résultent ont-ils été pris en compte dans le business plan ayant servi à valoriser CNIA Saada dans le cadre de l'introduction en Bourse. Ces zones d'ombre levées, les initiateurs de l'opération ont pu s'attarder sur d'autres traits saillants de l'IPO. Citons à ce titre la fleur accordée aux salariés de l'assureur. S'étant vu octroyer 10% du montant global de l'opération, qui avoisine les 645 millions de dirhams, les employés de l'assureur n'ont aucune obligation de conserver leur titre. Aussi leur est-il possible de les céder au lendemain même de l'introduction de CNIA Saada.