Décidément, CNIA Saada ne cessera pas de surprendre. Défiant toutes les rumeurs, la compagnie du groupe Saham termine l'année 2011 en haut du podium de l'assurance automobile. «Pour la troisième année consécutive, nous sommes le premier assureur automobile du Maroc», souligne avec une grande satisfaction Driss Benchaffai, directeur général adjoint, à l'occasion de la conférence de présentation de l'activité et des résultats 2011 de la filiale assurance du groupe Saham, organisée jeudi dernier à Casablanca. Une satisfaction d'autant plus marquée que CNIA Saada se distingue par un modèle «original» sur le marché marocain, fondé en grande partie sur son réseau exclusif. Ce dernier représente 74% du réseau de distribution, contre seulement 26% pour le courtage. Portée par l'activité non vie, notamment l'automobile, CNIA Saada affiche un résultat net en forte progression, atteignant ainsi prématurément les objectifs de son business plan d'IPO. Une prouesse si l'on en juge par le contexte difficile qui a marqué le marché financier cette année. Quel en est le secret ? « Nous avons privilégié la rentabilité », déclare d'emblée Mehdi Tazi, directeur général de CNIA Saada. Un choix assumé, qui se trouve validé par les chiffres de la compagnie, puisque le résultat net progresse beaucoup plus vite +16,5% que la croissance des primes émises, confirmant ainsi la stratégie commerciale de l'activité non vie, qui fait la part belle à l'assurance automobile. Cette dernière représente désormais 53% du chiffre d'affaires de la compagnie. Ce choix a amené le management à opérer des arbitrages stratégiques entre les deux branches vie et non vie. Nous apprenons ainsi que, contrairement à la volonté affichée par certains concurrents de développer l'activité vie, CNIA Saada donne la priorité à la non-vie, estimant que l'assurance vie ne bénéficie pas d'un environnement favorable. À ce titre, Moulay Hafid Elalamy, président du groupe Saham a exposé sans ambages, sa vision des choses. Il estime que tant que le cadre législatif régissant l'assurance vie ne change pas, elle ne sera pas rentable pour une compagnie comme CNIA Saada, qui n'a pas de liens capitalistiques avec une banque. C'est ce qui fait dire à Elalamy : «Si l'assurance vie continue à être peu rentable, elle ne m'intéresse pas !». Une manière de jeter la balle dans le camp des autorités qui sont appelées à revoir le cadre juridique de ce type de placement financier capable de capter l'épargne longue. Les deux facteurs qui pourraient lui faire changer d'avis seraient que l'Etat révise le cadre fiscal pour faire de l'assurance vie un produit d'épargne à long terme ou que le groupe Saham acquiert une participation majoritaire dans une banque de la place ! Pour le moment, CNIA Saada compte un partenariat commercial avec la Banque populaire, mais ce dernier est qualifié de «peu prolifique». Commentant l'évolution du chiffre d'affaires dont la hausse n'a pas dépassé les 2,2%, Mehdi Tazi temporise en précisant: «Nous ne sommes pas dans une logique de course au chiffre d'affaires. La priorité est donnée à la rentabilité, la qualité de service et le développement». Il cite d'ailleurs dans la foulée le succès que connaît le concept Check-auto qui permet au client d'obtenir son remboursement en moins d'une heure et qui a été élargi à cinq villes ou encore les services de proximité désormais offerts aux clients via internet. Stratégie Afrique En termes de développement, toutes les options restent ouvertes, notamment avec les perspectives qu'offre la stratégie du groupe Saham en Afrique. Comme chacun le sait, le groupe, depuis l'acquisition de Colina en novembre 2010, a accédé au rang de premier groupe d'assurance en Afrique, hors Afrique du Sud, et ses ambitions continentales sont importantes. D'ailleurs, une autre acquisition est en cours de finalisation en Angola et d'autres arrivent, promet Elalamy. «Nous avons une vraie stratégie Afrique et pas uniquement dans l'assurance», avance le président qui ne cache pas ses intentions de donner à Saham Finances un grand élan continental dont les retombées ne manqueront pas de booster les activités de CNIA Saada. Une belle manière de permettre à la compagnie de bétonner ses perspectives pour 2012 et 2013 notamment, deux années qui, selon Elalamy «ne seront pas roses», en référence à l'impact de la crise financière. L'Afrique est donc le relai de croissance idéal. Pour ce qui est des placements financiers de CNIA Saada, le management a opté pour une gestion « en bon père de famille », s'orientant un peu plus vers le placement immobilier, notamment le lotissement, et privilégiant là encore la rentabilité. Le fait d'avoir ainsi réparti le risque a permis à CNIA Saada de limiter l'impact de la crise que traverse la bourse de Casablanca sur son portefeuille et d'assurer à ses actionnaires un taux de rentabilité satisfaisant. Un parti pris qui permet à CNIA Saada d'être en avance sur les objectifs de son business plan, présenté lors de l'introduction en Bourse. Moulay Hafid Elalamy conclut en invitant ses collaborateurs à plancher sur un nouveau business plan... Contrat-programme en stand by Le contrat-programme qui relie les assureurs à l'Etat est en stand by depuis sa signature. «La mise en œuvre des différents chapitres du contrat-programme nécessite du temps, notamment pour changer les lois», explique Ghita Lahlou, administrateur de CNIA Saada, qui suit de près ce dossier. Et d'ajouter : «Le processus électoral et le changement de gouvernement a ralenti cette mise en œuvre». Il faut donc relancer les négociations avec le nouveau gouvernent, car beaucoup de questions restent en suspens, notamment celle du financement de l'assurance catastrophes naturelles. «Entre autres nous demandons à la SCR et à l'Etat de trouver des solutions pour le financement du fonds de garantie ayant notamment vocation à couvrir les sinistrés non assurés», plaide Ghita Lahlou. Pour le moment, ce contrat-programme n'a pas encore eu effet sur l'activité des assureurs, puisque les garanties obligatoires ne figurent pas encore dans le code des assurances.