Après une année 2010 marquée par les effets du rapprochement des deux entités, CNIA-SAADA a réussi, au terme de l'année 2011, son retour à bonne fortune. La compagnie d'assurance, dont l'édification a fait couler beaucoup d'encre il y a un an, joue désormais dans la cour des grands. Un pari réussi pour Moulay Hafid Alami, qui a, une fois encore, fait preuve de lucidité. Ses compétences pointues dans le domaine de l'assurance font de lui un acteur de poids aussi bien au Maroc qu'en Afrique après l'acquisition, à fin 2010, de l'assureur subsaharien Colina. CNIA-Saâda est désormais une compagnie d'assurance solide. A fin 2011, l'assureur a réussi son retour à une croissance suffisante, affichant des indicateurs de bonne performance. Même si le chiffre d'affaires a progressé de seulement 2,2%, à 3.038 millions DH -un peu en-dessous des prévisions-, la compagnie a empoché un bénéfice net de l'ordre de 353 millions DH, en accroissement de 16,5% en comparaison avec 2010. Pour parvenir à un tel résultat, il fallait «maîtriser les risques pour protéger les gains et optimiser les investissements», dira Moulay Hafid Elalamy lors du point de presse, jeudi dernier à Casablanca. Il est intéressant de noter que l'essentiel de l'activité de la compagnie est tiré par la branche Non-Vie, dont le chiffre d'affaires s'est accru de 4,2% à 2.567 millions DH, contre seulement 471 millions DH pour la branche Vie. Cette dernière accuse un recul de 7,6% par rapport à 2010. Une baisse imputable à «la sous-performance de la bancassurance », selon les responsables. Le diagnostic sur la situation financière de la compagnie, tel qu'il est livré par Moulay Hafid Elalamy, révèle une nette amélioration des fondamentaux. Le résultat technique brut est en progression significative avec un excédent de 59 millions DH contre un déficit de 68 millions DH en 2010. «Cette performance est le fruit de l'assainissement du portefeuille, d'une meilleure maîtrise des charges d'exploitation et d'une amélioration de la sinistralité». Néanmoins, le résultat financier a fléchi de 4,6% par rapport à 2010, à 626 millions DH, en raison d'un contexte financier difficile marqué notamment pas la morosité du marché boursier et la tension sur le marché interbancaire. 12 milliards DH en placements financiers Côté exploitation, la compagnie a nettement amélioré ses charges. Les frais généraux ont baissé de 24% à 547 millions DH versus 718 millions DH en 2010. Et comme le chiffre d'affaires de la compagnie est dopé par l'automobile (à hauteur de 53%), les charges de sinistralité n'ont augmenté que de 2% à 2.103 millions DH, un montant inférieur aux anticipations qui tablaient sur une hausse de 9% aux alentours de 2,3 milliards DH. N'empêche, la compagnie a pu augmenter de 2% ses placements financiers qui ont franchi la barre des 12 milliards DH. « Le placement dans l'immobilier nous permet de gagner de l'argent », répondait M. Elalamy. « Il s'agit pour nous de réaliser la meilleure allocation possible des actifs, en fonction de leur liquidité potentielle et de l'espérance de leurs rendements », a-t-il précisé. A la question de savoir si la compagnie aurait pu faire mieux, Moulay Hafid Elalamy a répliqué, avec une dose de sévérité dans le regard, que les règles prudentielles limitent les prises de risques. Bien entendu, les rendements ne sont pas garantis, dans un marché fort volatil. «Nous gérons la répartition des actifs en bon père de famille. Le souci de protection des assurés est au cœur de notre métier» devait préciser le président. Aujourd'hui, CNIA-Saâda est une compagnie totalement assainie. La fusion des deux entités a permis d'importantes synergies, en termes création de valeur, fait remarquer Mehdi Tazi, le DG de la compagnie. Au-delà du doublement du réseau d'agences sur le territoire national, la compagnie est devenue première en termes de règlements des sinistres (avec une réduction significative du délai de dédommagement). La filiale assurance du Groupe Saham Finances est, de nos jours, «une vrai institution financière», qui affiche une des meilleures marge de solvabilité. Une boite qui ne court pas derrière la croissance du chiffre d'affaires, mais qui cherche plutôt à améliorer ses rendements, fait remarquer M. Elalamy. 2012 et 2013 ne seront pas des années roses, confia M. Elalamy. La crise économique chez nos partenaires européens risque de pointer son nez chez nous. Moulay Hafid Elalamy, en bon gestionnaire averti, saura appliquer ce précepte salutaire : espérer le meilleur et se préparer au pire. Belle percée en Afrique Moulay Hafid Elalamy a profité de la conférence de presse pour parler un peu de ses mésaventures européennes. L'échec fortement ressenti après moult initiatives (Mobisud dans la téléphonie, bigdil dans la distribution et même dans l'assurance) était ce déclic indispensable pour changer de cap. On connait la suite, après son retour au Maroc. Les succès se succèdent : après la prise de CNIA, puis Saâda, Elalamy, ayant fortifié son empire Saham, se lance dans le crédit à la consommation en mettant la main sur Taslif. Il n'y a pas que cela. M.Elalamy a réussi aussi à restructurer la CGEM, et donner une image plus moderne du patronat marocain. Homme de communication, Moulay hafid Elalamy s'intéressa dès le départ à l'univers de la presse. Il a pris des participations dans plusieurs entreprises de presse dite indépendante. L'image de marque du « président » fait l'objet de soins très particulier. Tout récemment, il a surpris le monde de la finance en rachetant l'assureur subsaharien « Colina » en vue d'étendre son rayon d'action en Afrique. Ce succès a été fortement salué à l'international, a tel point qu'il séduit la SFI qui n'a pas hésité à lui faire confiance, en injectant 90 millions de dollars dans le Groupe Saham Finances. C'est le commencement d'une percée cette fois-ci aux couleurs africaines.