La compagnie CNIA SAADA Assurance sera, sans doute, la vedette du marché boursier casablancais. Son introduction en Bourse est connue depuis le début de semaine, et les détails de l'opération ont été développés par le top management de la société, lors d'un point de presse mercredi soir à Casablanca. Avec un prix fixé à 1.044 DH, est-ce gourmand ? Pas du tout, nous rassure-t-on. Selon les standards classiques de valorisation des entreprises (cash flow continu, excédents de fonds propres, comparables boursiers…), le titre serait bien payé à 1.044 DH. Cela représente une décote de 10,2 %, valorisant la compagnie CNIA SAADA à 4,29 milliards DH, alors que la société est valorisée avant décote à 4,98 milliards DH, soit un prix de 1.209 DH par action. C'est un prix qui représente un peu plus d'une fois et demi le chiffre d'affaires annuels (total des primes émises). Rapporté aux bénéfices réalisés en 2009, qui s'établissent à 281 millions DH, le prix de l'action semble relativement élevé, compte tenu d'un dividende figé, depuis trois ans, à 14 DH. Mais passons sur ces détails. Aujourd'hui, il est vrai, la compagnie que préside Moulay Hafid Elalamy est au firmament et devrait retrouver des niveaux de profitabilité meilleurs en 2013. Et si tout se passe comme prévu dans le «book maker», la valeur pourrait rapporter plus, compte tenu du potentiel de croissance du marché des assurances au Maroc (le taux de pénétration est encore limité à 2,5% ou 80 dollars par habitant contre 40,3% en Afrique du Sud et 22,5% au Portugal). La bagatelle de 2,1 milliards DH Depuis le rachat de 67% de la CNIA, en 2005, auprès de l'Emirati ARIG -Arab Insurance Group- et l'acquisition, l'année d'après, de la compagnie Es-Saâda, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Moulay Hafid Elalamy, en professionnel aguerri, a réussi à transformer ce «canard boiteux» qu'était Es-Saâda et à construire un avantageux contrat de mariage avec CNIA. La fusion des deux compagnies est devenue effective en 2009. Dans la démonstration effectuée par le patron de la compagnie, devant les journalistes, le mariage a coûté la bagatelle de 2,1 milliards DH, qui est tombée dans l'escarcelle d'Es-Saâda, en accord avec le Fonds de Solidarité des Assurances, pour sortir de son bilan tous les engagements pourris. Il a fallu plus de deux ans de travail de mise à niveau, d'assainissement des comptes pour sauver la compagnie Es-Saâda de la faillite. Cette dernière, depuis des années était incapable de faire face à ses engagements à l'égard des assurés. Bon nombre de dossiers non traités devaient faire l'objet de provisions. Lorsque la CNIA a ouvert, en 2007, son capital au Fonds anglo-arabe PAIP-PCAP (qui a acquis près de 12% du capital), un plan de redressement d'Es-Saâda a été mis en place, «assorti d'une aide financière imputée au Fonds de Solidarité des Assurances». Il est intéressant de préciser que le Fonds de solidarité devait accorder à CNIA un prêt de 800 millions DH remboursable sur 15 ans, au taux de 6% par an. Un détail qui n'a pas à mériter des spéculations gratuites de presse. Il fallait regarder l'essentiel : Es-Saâda était une compagnie en pleine déconfiture, voire au bord du dépôt de bilan. Moulay Hafid Elalamy était ce «chevalier blanc», venu sauver Es-Saâda de la faillite et assumer des engagements pris vis-à-vis des assurés. Qui aurait pu faire mieux ? A un moment où tout le secteur était en effervescence (avec l'arrivée de la CDG dans le tour de table de Atlanta-Sanad ; Wafa Assurance occupée à prendre soin de sa taille ; RMA Watanya qui se complaisait dans son statut de leader, etc.), l'opportunité était de taille pour celui qui a rejoint son secteur de prédilection, après l'avoir quitté une décennie plutôt. L'histoire retiendra que Moulay Hafid Elalamy, après le coup de génie signé AGMA, était le premier «Golden boy» de la Place de Casablanca. AGMA a fait des riches. Pourquoi pas CNIA SAADA ? Ascension continue Aujourd'hui, la compagnie est saine et fait des gains. Depuis 2007, elle affiche des bénéfices en ascension continue. A fin 2009, le résultat net monte à 281,2 millions DH, au lieu de 173,3 millions DH en 2008 et 150,8 millions DH en 2007. Depuis, elle distribue aux alentours du quart des bénéfices, soit un dividende de 14 DH par action. Son capital social a connu trois augmentations successives pour atteindre 411,6 millions DH. Il faut savoir aussi que la compagnie, après une triple augmentation de son capital, a retrouvé ses équilibres bilanciels, et affiche aujourd'hui une solide structure financière, grâce à ses marges et à son agressivité commerciale. Avec une part de marché de 13,5%, CNIA SAADA est n°1 en termes de réseau exclusif ; elle est aussi leader sur le segment «auto». 4ème en termes de primes émises et parts de marché, la compagnie occupe le 3ème rang sur la branche Non Vie, avec un TCAM (taux de croissance annuel moyen) de 12,7% (Vs 9,8% pour le secteur). Pour nombre d'analystes financiers, l'ascension de CNIA SAADA ouvre un «réel gisement de profits». Mais, attention à la spéculation. CNIA SAADA est une valeur de fonds de portefeuille pour tout bon père de famille. Majid Belmlih, analyste chez Attijari Finance Corp, la banque conseil qui diligente cette opération, estime que la valeur dispose d'un réel potentiel de croissance. Bien que le contexte est favorable et que la Place est en attente de papier frais, la sanction revient au marché, laissait-il entendre. En tout cas, cette sortie par voie boursière du Fonds anglo-arabe PAIP, assurerait, sans nul doute, des «conditions de revente optimales», avec de confortables plus-values. Le patron du Groupe Saham, Moulay Hafid Elalamy, estime que l'opération est profitable à CNIA et KMAZ. « Nous devrions nous réjouir du niveau de ces profits, car ce sont eux qui financeront les investissements, donc la croissance et les emplois de demain ». Le Groupe SAHAM, garant de l'efficacité opérationnelle Le Groupe Saham, actionnaire de référence de CNIA SAADA Assurance, détient 53% des parts et participe à la croissance et aux synergies de la nouvelle entité. Moderne et dynamique, le Groupe Saham est le garant d'une stratégie économique et opérationnelle efficace. Au niveau national, il se positionne comme un opérateur clé du Maroc dans plusieurs secteurs d'activité et plus particulièrement dans les métiers de service (Isaâf Mondial Assstance, Crédit à la consommation à travers Taslif et Salaf ; et l'offshoring via Phone assistance).