C'est par Alger que l'émissaire des Nations-unies pour le dossier du Sahara a entamé sa tournée dans la région en vue de relancer les négociations, dans l'impasse depuis février dernier. Arrivé dimanche matin dans la capitale algérienne, Christopher Ross s'est entretenu, lundi, avec le président Bouteflika sur les aspects principaux du dossier. À ce titre et selon Ross, il a été surtout question de la nécessité de relancer les mesures de confiance actuelles et de mettre en œuvre les nouvelles mesures prévues par le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR). «Il n'y a pas de doute que le statu quo sera intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu'il entraîne», a déclaré l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU. C'est pourquoi, il a lancé un appel à l'endroit du Maroc et du Polisario pour entamer des négociations sans condition préalable et de bonne foi. L'objectif, à ce niveau, est de parvenir à une solution politique juste et durable du conflit sans qu'il n'y ait de vainqueur ni de vaincu. Une issue assez probable, même si Christopher Ross estime y parvenir si les parties prenantes au conflit font preuve de volonté politique. Pour l'émissaire de l'ONU, qui a affirmé se rendre dans les prochains jours dans les camps de Tindouf en territoire algérien (où est établie la direction du Polisario), en Mauritanie et au Maroc, cette quatrième tournée dans la région vise à «déblayer le chemin vers des négociations constructives entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario avec la coopération des Etats de la région, y compris les pays voisins, dont le Conseil de sécurité a émis le vœux à maintes reprises». Coup de pouce des Etats-Unis La tournée de Christopher Ross intervient en même temps que celle du secrétaire d'Etat américain adjoint pour le Proche-Orient. S'exprimant à propos de la question, Jeffrey Feltman a indiqué, au cours d'un point de presse tenu lundi dernier à Rabat, qu'avec cette proposition d'autonomie, «le Maroc a fait un pas avec une proposition sérieuse et crédible» vers une solution pacifique durable et négociée du conflit du Sahara. Il a, par ailleurs, estimé que l'Algérie pourrait, de son côté, jouer un rôle constructif pour parvenir à une solution à ce conflit. Sur les consultations en cours, le diplomate américain a affirmé que les Etats-Unis espèrent la tenue de négociations sérieuses. «Notre message aux parties et aux voisins est absolument clair», a-t-il insisté avant de souligner qu'il faudrait coûte que coûte avancer dans la résolution de cette affaire. À ce sujet, il a relevé la nécessité de tendre vers plus de dynamisme pour trouver une solution à la question du Sahara, car, selon lui, pour combattre le terrorisme, il doit y avoir une coopération transfrontalière permanente, tout en faisant référence à la situation sécuritaire dans la région sahélo-saharienne. Des déclarations qui ne manqueront pas de peser sur la suite des négociations, même si du côté du mouvement séparatiste rien ne semble gagné d'avance. En effet, réagissant à la tournée du responsable onusien, un haut dirigeant du Polisario a indiqué que son organisation attend de Christopher Ross qu'il accélère l'organisation du référendum au Sahara occidental. Une position aux antipodes du vœu exprimé par la Communauté internationale et par le Conseil de sécurité de l'ONU qui n'ont cessé de réitérer leur appel à sortir de cette impasse à travers la recherche d'une solution politique consensuelle et mutuellement acceptable au conflit. Des raisons de croire, somme toute, que le Polisario n'a aucune proposition crédible.