Bloqué depuis l'été 2009, le travail municipal à la commune urbaine de Tanger est dans l'impasse. Le maire Samir Abdelmoula (PAM), qui préside le Conseil, est contesté par les 21 élus du RNI et les 23 élus du PJD. L'UC (8 élus), le MP (6 élus), l'Istiqlal (4 élus), le Parti travailliste (3 élus) et autres se partagent le reste des 85 sièges du conseil municipal. Réunis le 15 octobre dans le cadre de la poursuite de la session de juillet du conseil municipal, les élus, en l'absence du maire, ont eu accès au courrier du ministre de l'Intérieur, Taieb Cherqaoui, jugeant que la session de juillet pouvait rester ouverte. Mais la missive a fait l'objet de nombreuses contestations du PJD, mais aussi de l'Istiqlal, du RNI et de l'UC. De nombreux élus ont contesté la réponse à un courrier envoyé par le maire le 3 octobre pour demander l'avis de la direction des collectivités locales sur le sujet. Ce dernier, pour éviter un blocage du travail municipal, avait demandé la poursuite de la session de juillet. Les élus ont contesté la forme de la demande d'avis adressée à l'Intérieur, mettant en avant le fait qu'en octobre devait se tenir ... la session d'octobre. Le conseil municipal tient trois sessions de ce type dans l'année, en mars, juillet et octobre. Dans l'actualité de la gestion municipale de Tanger, cette situation se traduit par le non déblocage des budgets des arrondissements de Tanger-Médina, Charf-Moghogha et de Béni Makada pour l'année 2010, à 10 semaines du 31 décembre. Dans les mois qui viennent, plusieurs dossiers ardus attendent Tanger : la renégociation du contrat de transport public urbain, les tarifs d'eau et d'électricité et d'assainissement d'Amendis et la revue du contrat de Tecmed pour les déchets. Vendredi à Tanger, un élu de l'Union constitutionnelle a appelé les 84 élus (85 élus moins le maire) à «se soulever contre les absences du maire et à demander le changement». Les absences répétées du maire de la ville aux réunions relatives aux dossiers d'investissement et son manque de communication étonnent et agacent les élus et les milieux économiques. Avant la tenue de la réunion du15 octobre, le PJD avait de son côté menacé de porter l'affaire de la programmation des sessions devant le tribunal administratif s'il devait s'avérer que ce mois-ci continuerait de voir la tenue de la session de juillet. Cette même session pour laquelle furent lancées trois convocations entre le 29 juillet et le 27 septembre derniers n'a pu réunir de quorum. Majorité stable ? Le travail municipal à Tanger est fondamentalement bloqué en raison de l'absence de majorité stable. Si le maire PAM a pu se faire élire à la tête de la municipalité en 2009 grâce finalement à l'appui des voix du RNI, celui-ci n'a jamais admis de ne pas occuper le poste de président, malgré ses 21 conseillers là où le PAM avait pu en regrouper 7 au départ, et le PJD 22. En 17 mois, la donne a évolué en raison de la transhumance politique. Au lendemain des élections municipales, une tentative de rapprochement entre le RNI et le PAM avait tourné court. Au fil des mois, le maire minoritaire PAM et le PJD ont toutefois pu développer des contacts pour intégrer le PJD au sein du bureau exécutif, composé de 10 membres. Selon des sources proches de ces négociations, un accord sur quatre représentants du PJD avait été trouvé dans un premier temps, puis deux, mais à la condition du PJD que certains élus UC et MP ne figurent plus dans le bureau car les jugeant «trop liés au passé sulfureux de Tanger». Entre temps, au niveau national, le PAM a rejeté toute alliance avec le PJD, ce qui a d'ailleurs entraîné la déstabilisation récente des majorités aux conseils municipaux de Rabat et de Casablanca. Près de 17 mois après les élections municipales de juin 2008, la vie municipale n'a pas encore trouvé ses équilibres de fonctionnement. Des dizaines de dossiers attendent d'être traités, des gestionnaires délégués n'ont pas de visibilité et la deuxième ville industrielle du pays et capitale de l'industrie automobile nationale donne une image qui ne sert pas ses intérêts surtout économiques .