Grosse surprise à l'issue de la tenue du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM). Contre tout attente, la Banque centrale a, en effet, décidé de baisser le taux directeur pour ainsi le ramener de 3,25% à 3%. C'est la première fois depuis mars 2009, que BAM «touche» à son principal taux de référence. La raison de cette baisse est liée principalement au repli sensible de l'activité économique et à une prévision centrale de l'inflation durablement en ligne avec l'objectif de stabilité des prix, ainsi qu'une balance des risques orientée à la baisse. Il faut dire que dans son rapport post-Conseil, BAM ne manque pas de souligner que les prévisions de croissance ont été revues à la baisse pour 2012. En effet, «la matérialisation des risques pesant sur la performance du secteur agricole, ainsi que l'affaiblissement anticipé de l'activité dans les pays partenaires, devraient en effet ramener la croissance à moins de 3% pour le PIB global». En d'autres termes, Bank Al-Maghrib donne raison aux économistes et aux parlementaires qui ne cessent, depuis plusieurs semaines, de critiquer les hypothèses sur la base desquelles a été établi le projet de loi de finances 2012. Celui-ci retient en effet un taux de croissance de 4,2% pour l'année. Cela confirme donc les rumeurs qui circulent depuis quelques jours sur une éventuelle revue à la baisse du taux annoncé par Baraka, pour le ramener à un niveau plus «réaliste». Perspectives En attendant, la Banque centrale précise que le secteur non-agricole devrait cantonner sa croissance entre 3 et 4%, ce qui devrait maintenir l'out gap non agricole (ndlr: utilisé pour mesurer les tensions inflationnistes) des niveaux ne représentant pas de risques pour la stabilité des prix au cours des prochains trimestres. Cela veut donc dire que l'inflation devrait se maintenir à un niveau jugé satisfaisant, soit à 1,7% pour l'année en cours. Il reste maintenant à savoir si, en cas d'une revue à la hausse des prix à la pompe d'ici la prochaine réunion du Conseil de BAM, en juin prochain, cette estimation de l'inflation sera revue à la hausse.