Jamais le volet de l'emploi n'aura pris autant d'importance dans un projet de loi de finances. En marge des récentes revendications sociales, dont la plus grande partie a concerné la résorption des problématiques liées au chômage, Abdelilah Benkirane et son équipe gouvernementale étaient attendus au tournant pour la conception du projet de budget 2012, afin d'évaluer les réponses de l'Exécutif aux revendications des jeunes. Dans ce sens, il faut dire que si le gouvernement a restreint le nombre de postes budgétaires à ouvrir dans la fonction publique à 26.000 postes, il a en revanche mis en place un plan d'action, s'étalant sur toute la durée de son mandat, afin d'insérer 275.000 chercheurs d'emploi durant la période 2012-2016. En d'autres termes, le chef de gouvernement et son équipe ont mis en application la mesure annoncée en début d'année, selon laquelle «il n'était pas question d'ouvrir les portes de la fonction publique aux jeunes chercheurs d'emplois mais plutôt de les soutenir afin de mieux s'insérer dans le marché du travail». Pour le gouvernement, ceci devrait donc être rendu possible, par la mise en place de deux actions majeures en faveur de la promotion de l'emploi. La première concerne en effet la mise en place d'un contrat d'insertion amélioré. «La mesure relative au CIAM, a pour objectif de permettre aux jeunes diplômés de développer leurs compétences professionnelles à travers une première expérience», explique-t-on auprès de l'Exécutif. Concrètement, le soutien de l'Etat se fera principalement au niveau de la couverture sociale des bénéficiaires des contrats de formation insertion, en l'assurant après un recrutement sur un contrat à durée indéterminée. En effet, en cas de recrutement sur un contrat à durée indéterminée au cours ou à l'issue des 24 mois de stage de formation-insertion, l'exonération de l'IR est maintenue pendant une année et l'Etat prend en charge 12 mois de couverture sociale. Cette mesure devrait donc également permettre aux entreprises d'enrichir leurs ressources humaines, avec une réduction des charges salariales. Les conditions mises en place pour pouvoir bénéficier de ce plan d'insertion, prévoient que les candidats soient bacheliers et lauréats de l'enseignement supérieur ou de la formation professionnelle, inscrits à l'ANAPEC. Premier emploi, étape décisive La deuxième mesure concoctée par le gouvernement, concerne la mise en place d'un contrat d'intégration professionnelle. Il s'agit concrètement de permettre aux diplômés ayant de grandes difficultés d'insertion, d'accéder à un premier emploi et, aux entreprises, de répondre à leurs besoins en compétences via une formation-adaptation des profils aux postes à pourvoir. «Cette mesure bénéficie aux chercheurs d'emploi rencontrant des difficultés particulières d'insertion, inscrits à l'ANAPEC et titulaires de diplômes universitaires de formation générale (licence et plus), quelque soit la filière de formation», ajoute-t-on dans le projet de loi. Il s'agit en fait d'assurer une formation-intégration pendant une période de 6 à 9 mois dans le cadre du dispositif des contrats d'insertion, débouchant sur un contrat de droit commun. Les «stagiaires» pourront jouir durant cette période d'une indemnité forfaitaire d'intégration octroyée par l'Etat à l'entreprise, au titre de la prise en charge de l'indemnité de stage mensuelle et des frais de formation. L'Etat devrait mettre la main à la poche, afin de prendre également en charge les frais de la formation ainsi que la part patronale de la couverture sociale de la première année du contrat à durée indéterminée. Le montant de la prime de formation-intégration est fixé à 25.000 dirhams par candidat, dont 20.000 dirhams sont dédiés aux frais de formation et 5.000 dirhams, comme contribution au paiement de la part patronale de la couverture sociale. Objectif: 8% de chômage Au-delà de ces deux mesures liées à l'insertion, l'Exécutif semble également miser sur la promotion de l'auto-emploi, afin de mieux répondre au problème du chômage. À ce titre, rappelons que l'Etat se fixe comme objectif de réduire à 8% le taux de chômage à l'horizon 2016. C'est dans ce cadre d'ailleurs, que le gouvernement annonce le lancement de trois nouveaux programmes de soutien à l'auto-emploi. Il s'agit de «Moubadara», dédié à promouvoir l'emploi au sein des associations de proximité, œuvrant dans le champ socio-pédagogique,«Taater» orienté vers les diplômés au chômage de longue durée et «Istiab» devant servir de système incitatif, pour assurer l'intégration de l'économie informelle. Le gouvernement prévoit de doubler le rendement de l'auto-emploi et de mettre en place un observatoire national de l'emploi, comme cela a été demandé par la CGEM. Idmaj et Taehil sauvent la face Les mesures de promotion de l'emploi en vigueur jusque là, n'ont pas apporté de satisfaction. Finalement, même le gouvernement semble plaider pour ce constat. Dans le projet de loi de finances 2012, il est en effet relevé que depuis leur lancement en 2007, les programmes Idmaj et Taehil ont permis l'insertion de 254.074 et 68.753 chercheurs d'emploi, respectivement. Par contre, le programme Mokawalati a permis la création de 3.800 entreprises et environ 10.000 postes. «Ces résultats restent en dessous des objectifs escomptés, notamment, pour le programme Mokawalati dont la mise en œuvre s'est confrontée à plusieurs difficultés». Il s'agit, entre autres, de la faible implication des banques dans l'octroi de financements, malgré la garantie assurée par l'Etat et la faible qualité d'encadrement des jeunes porteurs de projets, conduisant à un rejet massif des dossiers. C'est ce qui a donc poussé l'Etat à concevoir des nouvelles mesures, dans l'espoir de ne pas retomber dans les mêmes difficultés de mise en application.