Le royaume sera-t-il prêt à payer le tribut de l'ouverture économique ? Une mauvaise campagne agricole tomberait comme un coup de massue sur l'offre marocaine – tant sur le point de vue quantitatif que qualitatif – au moment où plusieurs accords sont en négociation et d'autres, déjà mis en œuvre. Le moment est très mal choisi pour le ciel de bouder les terres agricoles. Il s'agit en tout cas de l'idée qui semble émaner des producteurs, en l'occurrence pour les filières fruits et légumes. Ces dernières sont, de fait, les plus en avant-poste sur les exportations agricoles du pays. Si elles sont touchées à moindre mesure par la sécheresse, le gel, a en effet fortement pesé sur le rendement de certains fruits, ainsi que sur la qualité des tomates. «Nous connaîtrons en effet des perturbations sur les exportations de fruits et légumes. Les récoltes attendues auront surtout des défauts de qualité, dus aux amplitudes thermiques. Une bonne partie ne devrait pas être exportable», explique Omar Mounir, le vice-président de la Fédération interprofessionnelle des fruits et légumes (FIFEL), sans s'aventurer dans des statistiques précises. Les dernières indications chiffrées dont nous disposons pour illustrer cette réalité, proviennent du ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime. Elles font référence, dès janvier dernier, à une baisse annuelle de 15 % des exportations d'agrumes, qui se sont fixées à un volume de 267.000 tonnes. Le démarrage tardif de la campagne et les intempéries de la fin 2011 sont pointés du doigt, mais depuis, le gel est venu s'ajouter. Les appréhensions ne sont pas clairement affichées mais sont bien palpables, quant aux capacités du secteur à pouvoir satisfaire les contingents à l'export. Solutions Les professionnels des fruits et légumes gardent tout de même l'espoir. «Le déficit est moins important pour les cultures sous serres, qui accusent de 10 à 40 % de perte, là où certaines cultures à ciel ouvert, ont été détruites à près de 100 % par le gel», nous explique le responsable de l'interprofession fruits et légumes. Ce dernier préconise qu'un plan de développement et de modernisation de la culture sous serre soit sérieusement étudié. «Cela nous permettrait de mieux nous prémunir des aléas climatiques et mettre des produits de qualité et compétitifs sur le marché extérieur». Pour le moment, la culture sous serre ne concerne qu'un très faible pourcentage de la production de fruits et légumes (6.000 tonnes sur une moyenne de production de 100.000 tonnes). «Nous insistons beaucoup sur les aides et interventions de l'Etat sur la modernisation et l'introduction de nouvelles technologies pour la culture sous serres». Les opérateurs agricoles plaident également pour l'amélioration de la logistique, une condition sine qua non, pour pouvoir profiter des opportunités offertes par les partenariats économiques bilatéraux, négociés par le royaume. «Le marché canadien, par exemple, est très porteur cependant, les opportunités qu'il offre sont en train de nous échapper à cause d'une logistique qui n'est pas à la hauteur». Cette logistique est principalement fondée sur la voie aérienne, un moyen extrêmement lourd en charges pour les exportateurs. La sécurisation de la qualité de l'offre marocaine devient ainsi, une problématique de plus en plus évidente.