L'énergie, les mines et la santé seront les deux secteurs clés du capital investissement dans plusieurs régions du monde en 2010, notamment dans les pays émergents. L'Afrique, et dans une moindre mesure le Maroc, est vue dans le dernier rapport de Bain & Company, une agence américaine de conseil en stratégie, comme le nouveau vivier de ce secteur. Si le cabinet américain ne livre pas de chiffres précis sur le marché, il en déroule tout de même les principaux enjeux : multiplication en nombre des établissements d'investissements locaux, développement des IDE (les fonds étrangers représentent 50% du total des fonds d'invetissement), support aux entreprises exportatrices, etc. Les conclusions de Bain & Company viennent ainsi corroborer la même tendance évolutive observée par l'Association marocaine du capital investissement. D'après les dernières statistiques disponibles sur le marché local, les sociétés de capital investissement cumulent actuellement un montant global de 6 milliards de dirhams en fonds, là où ce même chiffre n'était que de 200 millions de dirhams, il y a près de quinze ans. Par ailleurs, ces capitaux devraient doubler dans les trois prochaines années, selon les projections des professionnels. Le Maroc s'en retrouve ainsi à la deuxième place continentale, en termes de taille de marché et de niveau de contribution du private equity à l'économie nationale, juste derrière l'Afrique du Sud. De manière plus globale, les fonds levés dans les marchés émergents, ou en voie de développement, ne cessent de croître, ayant quintuplé, entre 2004 et 2005, passant de 5,8 milliards de dollars US annuels, à un peu plus de 30 milliards de dollars aujourd'hui. Sur la région Afrique et MENA, plus précisément, cette variation est estimée à 397%, passant de 545 millions de dollars US en 2004 à près de 2,165 milliards de dollars US actuellement. Le rapport de Bain & Company note également une nette croissance lors des deux derniers trimestres de 2009, marquant le début d'une nouvelle décennie de reprise. En effet, les capitaux investis ont commencé à décoller de leur niveau le plus bas , qui était de 8 milliards de dollars US au premier semestre 2009, pour atteindre 36 milliards de dollars US au dernier trimestre. Réorientation En 2010, le cabinet américain s'attend à une augmentation en nombre des firmes internationales d'investissement en capitaux, qui devraient dépasser les 4.270 répertoriées en fin 2009 et frôler la barre des 6.000 dans le monde. Avec 69.000 personnes employées dans le secteur, Bain & Company avance également que 10 des plus grandes firmes mondiales accaparent 15% de la totalité des fonds levés, le top 100 mondial ayant été à l'origine d'environ 45% de l'ensemble de ces fonds. Autre enseignement à tirer de ce rapport : «Les capitaux à investir sont encore énormes et le marché est en évolution», commentent les experts de Bain & Company. Cette rapide progression est le fruit d'un grand repositionnement de l'économie mondiale, qui a entraîné dans son mouvement d'autres secteurs comme le private equity. Ce nouvel ordre, émanant de la dernière crise financière, met les pays émergents et ceux en développement, au centre de l'échiquier économique. Bain & Company y voit par ailleurs, globalement, des différences de dynamiques d'évolution, d'une région à une autre. «Dans les pays développés d'Europe et d'Amérique du Nord, la dernière crise sur les crédits a sévèrement affecté les habilités des investisseurs à financer des transactions», précise-t-on dans le rapport de Bain & Company. Cela, par conséquent, a orienté les investisseurs vers des marchés au caractère beaucoup plus serein, comme la Chine, le Brésil, et l'Inde.