En l'absence d'une véritable culture des fonds propres chez les entrepreneurs marocains, l'autre voie à creuser pour dynamiser les opérations d'introduction reste celle des investisseurs en capital. L'année 2011 a été une autre année d'activité morose pour les introductions en bourse dans la région Mena. Ce sont là les conclusions du dernier rapport annuel d'Ernst & Young (E&Y) sur les principales tendances du marché des introductions en bourse en 2011. Le Maroc n'a pas échappé à la tendance, avec trois opérations. Motif : les entreprises marocaines ont opté pour d'autres moyens de collecte de fonds, à savoir les emprunts bancaires et les émissions d'obligations et de billets de trésorerie. Récemment, le nombre d'introductions en bourse a baissé et aurait toutefois pu augmenter s'il existait une véritable culture des fonds propres. Les entreprises pourraient, dès lors, facilement demander à être cotées, et les investisseurs pourraient avoir accès aux actions. Malheureusement, le marché marocain est peu entreprenant dans ce domaine. Une autre voie à explorer, et qui semble à même de permettre la dynamisation de l'activité des IPO, serait celle des investisseurs en capital, ou «investisseurs en Private Equity». Un aspect fondamental de tout investissement en capital réussi est assurément la stratégie de sortie, à savoir le moment auquel l'investisseur peut céder sa participation, récupérant ainsi des fonds qui peuvent être réorientés vers d'autres projets. Une introduction en bourse offre une voie de sortie naturelle aux investisseurs en capital et facilite l'évaluation de l'entreprise dans la perspective d'une vente à d'autres sociétés. Selon le rapport d'E&Y, 168 introductions en bourse ont été initiées par des sociétés détenues par des fonds de Private Equity en 2011. Ces sociétés ont levé près de 37 milliards de dollars, ce qui représente 24% du total des montants levés sur les places boursières mondiales. Au Maroc, d'importants désinvestissements ont été constatés en nombre et en valeur en 2010, ce qui s'explique par l'arrivée à échéance des fonds de première génération. Quoique la cession des entreprises aux propriétaires soit restée le moyen de sortie le plus prépondérant en nombre, la cession des titres cotés s'est affichée comme le principal moyen de sortie en valeur. En 2011, sur les trois sociétés qui ont rejoint la côte, deux sont partiellement détenues par des fonds d'investissement (Jet Alu, S2M). Les investisseurs en capital ont, ainsi, récupéré un total de 178 millions de DH représentant 42,7% des montants levés (416,2 millions de DH) sur la place casablancaise. Pour un marché de sortie des fonds plus liquide Par ailleurs, signe de la bonne santé de l'activité du capital investissement, les fonds levés en 2010 (soit 976 millions de dirhams), ont été le double de ceux mobilisés en 2009. Bien qu'importants, ces 976 millions enregistrés en 2010 sont loin du record de 2008 où 1,3 milliard de dirhams avaient été levés. Le fait est que, sans un marché liquide de sortie des investissements en Private Equity, les fonds connaîtront toujours des difficultés.Un accès simplifié à la bourse est donc nécessaire : l'Etat, le CDVM et la Bourse devraient donc travailler de concert, afin de faciliter les opérations d'introduction. Cette simplification concernant l'accès à la côte offrirait également de réelles opportunités aux entreprises qui souhaitent élargir leur capital à des conditions concurrentielles. Dans le cas contraire, les opportunités de croissance des PME, dont le rôle est pourtant essentiel, resteraient menacées. Les petites entreprises prometteuses vont manquer d'opportunités pour croître, ce qui va réduire le dynamisme de l'économie marocaine. IPO reportés pour cause de volatilité des marchés Selon le rapport d'E&Y, 95 sociétés détenues par des fonds de private equity préparent actuellement leur introduction en bourse, ce qui représente des transactions d'un total de 20 milliards de dollars sur les places boursières mondiales. Ces sociétés ont déjà entrepris les démarches officielles, mais renoncé aux IPO, en raison des mauvaises conditions du marché en 2011. Elles demeurent toutefois intéressées par une telle opération. Nombre de ces sociétés devraient se lancer dans l'aventure courant 2012. Selon Jeff Bunder, spécialiste de Private Equity chez E & Y, «Avec l'arrivée à échéance de plusieurs fonds, ceux-ci sont aujourd'hui à la recherche de fenêtres de sortie. L'introduction en bourse offre la meilleure voie de sortie, car elle offre la meilleure valorisation».