La «croissance verte» recèle-t-elle de réelles opportunités pour les PME marocaines? Face à une phobie persistante nourrie par cette dernière catégorie d'entreprises vis-à-vis du «vert», le patronat a décidé de prendre des initiatives. Un projet de «Partenariats pour l'avancement d'une production plus propre» (PPPP), est en cours depuis janvier 2011 et devrait livrer ses premières concrétisations à la fin de ce mois de mars, soit peu après une année de lancement. Le programme est financé par le département d'Etat Américain et exécuté sur le plan local par le Centre marocain de production propre (CMPP), qui est la structure patronale chargée de la promotion et du développement d'une économie propre dans le secteur privé. Cette dernière a lié un partenariat avec le Centre Mondial de l'Environnement (WEC : World Environment Center), mandaté par l'Administration américaine pour exécuter ces PPPP au profit de deux pays, à savoir le Chili et le Maroc. Concrètement, la phase initiale de mise en œuvre du programme de ce dernier (de Janvier 2011 à Août 2012), a vu la sélection de 18 entreprises pilotes, relevant de la Fédération des industries de la conserve des produits agricoles du Maroc, (FICOPAM). L'accompagnement qui leur a été consacré a donc porté sur une assistance aux aspects techniques, dans le but de rendre ces PME plus à même d'intégrer dans leurs processus de production industriels, des solutions d'économie de ressources et d'intrants naturels comme l'eau et l'énergie. Un soulagement concernant les charges qui pèsent sur l'évolution d'activité de ces structures entrepreneuriales. Les cinq meilleures PME ont par ailleurs bénéficié d'un accompagnement avancé sur des axes d'améliorations à grand intérêt environnemental et économique. «Cela s'est fait au travers des sessions de formation et de renforcement des capacités des entreprises bénéficiaires», nous explique Imane chafiq, chef de projet auprès du CMPP. Il faut savoir que la majorité de la vingtaine de PME concernées est dans le domaine de la trituration d'olives. Un secteur où les process industriels appliqués sont encore loin...de la propreté. Potentiels Pourtant, un business encore méconnu pourrait bien se développer autour des activités d'extraction industrielle et semi-industrielle d'huile d'olive. Le traitement des margines constitue l'un des meilleurs exemples de pratique, malheureusement très peu investi sur le marché local. Les margines sont constituées par l'eau contenue dans les cellules de la drupe, les eaux de lavage et celles liées au processus de traitement des olives. Elles peuvent constituer un volume de 40 à 120 litres par quintal d'olives traité, dans les filières traditionnelles. Une étude financée par une autre structure publique américaine, l'US Trade and Development Agency, a pourtant déjà contribué à identifier le potentiel business qui existe dans ce secteur. L'étude menée par le cabinet marocain Global environmental sustainability Inc (GESI), était de fait destinée à ausculter le secteur oléicole national et à enseigner «ce qu'il pourrait gagner de la mise en œuvre d'une filière économique de récupération et de valorisation des margines», comme nous l'explique Ahmed Hamidi, le manager de ce bureau d'études basé à Rabat. En chiffres : 257.000 m3, c'est ce que produirait la filière locale - traditionnelle et industrielle - de trituration et d'extraction d'huile d'olive en volume annuel de margines. Les provinces de Fès et d'El Hajeb constituent les plus grands bassins du pays en termes de volumes. Elles en produiraient chacune, d'après l'étude de GESI, un volume annuel de près de 80.000 m3/an. Toute cette quantité est généralement rejetée dans les oueds Sebou et Sidi Chahed. La province de Taounate se place en troisième place de la production de margines, avec un volume de 40.000 m3 rejetés par an par les unités de trituration opérant dans cette localité. Au-delà du potentiel non exploité, ces chiffres donnent une idée très précise sur le degré de pollution des activités des PME marocaines, en général. Le vert n'est plus un luxe. Sa «démystification» auprès des petits et moyens opérateurs privés est la condition sine qua non à une concrétisation vers une économie «verte». Le patronat semble en tout cas aujourd'hui déterminé à s'y engager... Extension en perspective pour 2013 La composante nationale du programme PPPP s'étale, de fait, sur une durée totale de vingt mois. Au terme de la phase initiale, une seconde, dite d'extension, devrait entrer en vigueur pour une échéance fixée à septembre 2013. Les impacts attendus sur les entreprises bénéficiaires, portent sur l'optimisation des coûts de production, l'assistance des PME concernées pour l'adoption de techniques de production plus propres, ainsi que la compétitivité des entreprises participantes. Quant au contenu du programme, de manière plus globale, il a fait l'objet d'une convention de partenariat avec la Ficopam. L'assistance technique à la vingtaine d'entreprises moyennes de cette entité patronale, vise ainsi l'économie de ressources (eau, énergie et matières premières), par le biais du renforcement des capacités des entreprises bénéficiaires du projet en matière de techniques de production plus propres. Sur l'aspect opérationnel, la CMPP a procédé à l'organisation de trois tables rondes techniques, afin de débattre de thématiques environnementales, qui intéressent le secteur industriel choisi. Ces rencontres sont des plateformes d'échanges qui devraient permettre une promotion et une diffusion des outils et des bonnes pratiques d'une production plus propre.