«Le Maroc figure en tête du peloton des pays d'Afrique du Nord en termes d'usage d'Internet». C'est notamment grâce à «une population d'internautes en forte croissance» que le royaume se place en si bonne position souligne une étude du cabinet international McKinsey qui vient tout juste de tomber. Baptisé «l'Impact d'Internet sur les économies émergentes», cette enquête passe au crible une trentaine de pays émergents, de l'Algérie, à l'Afrique du Sud, en passant la Chine, l'Iran et le Mexique évalue le surplus de valeur que le Web procure à l'internaute et le développement des «écosystèmes Internet». L'idée est de mesurer dans quelle mesure «les différents acteurs ont déjà pu récolter les fruits liés à l'usage d'Internet». Pour ce faire, l'étude s'attarde sur certains environnements tels que le commerce électronique et l'esprit d'entreprise, en analysant dans le détail l'impact d'Internet sur les petites et moyennes entreprises (PME). Fort de sa consommation à titre privé, le cas du Maroc relève encore un manque au niveau entrepreneurial. Concrètement, le rapport de McKinsey mentionne trois contraintes qui ralentissent la progression du marché national, à savoir le coût de l'accès Internet, le développement de l'infrastructure associée et le niveau de diffusion de la culture numérique. Néanmoins, les auteurs du rapport reconnaissent que «le Maroc devient une économie de plus en plus attractive sur le continent africain». Locomotive continentale, voire même régionale, le Maroc serait en mesure de tirer «encore mieux parti du potentiel de développement économique et social qu'offre Internet» et il en a «tous les atouts», précise l'étude. Ainsi en témoigne l'évolution remarquable du secteur de l'offshoring, notamment en matière d'IT (Information Technology) et BPO (Business process outsourcing). Et pour cause, le pays s'avère être un véritable centre de localisation à bas coût dans ce domaine, notamment pour les entreprises européennes. McKinsey reconnaît au passage les efforts mis en œuvre par le gouvernement en la matière, faisant entre autres référence à l'amélioration de l'infrastructure Internet. Un marché émergent, avec des opportunités de croissance économique sur le secteur du digital, certes, mais ce n'est pas encore gagné. Afin de mesurer l'impact économique d'Internet, McKinsey a élaboré «l'indice de contribution Internet au PIB («iGDP Index») qui mesure la contribution d'Internet au PIB d'un pays. Pour le Maroc, cet indice s'élève à 0,9 %, le plaçant derrière d'autres pays de sa catégorie (pays émergents) tels que Taïwan, (5,4%), Malaisie (4,1%), la Hongrie (3,9%), l'Argentine (2,2%) et le Mexique (1%). A ce niveau, c'est encore une fois la consommation privée qui affiche le meilleur score, avec 0,6% de contribution au PIB, contre -0,3% pour les importations, 0,1% pour les exportations et 0,2% pour les investissements privés. Il est clair que l'activité commerciale apparaît donc au bas de l'échelle des valeurs, au niveau du Produit intérieur brut national, si ce n'est le potentiel de croissance de la e-vente au détail. «Alors que le taux de pénétration du e-commerce est à la traîne par rapport à d'autres activités en ligne au Maroc (...), de récentes améliorations relatives aux conditions pré-requises pour le e-commerce (notamment le taux de pénétration en ligne) ont conduit à une croissance rapide», atteste le rapport. D'ailleurs, «des entrepreneurs marocains ont mis sur pied des solutions innovantes pour s'adapter aux contraintes inhérentes aux infrastructures de paiement». Le rapport évoque plusieurs exemples à ce niveau, tels que Mydeal.ma, Soukaffaires.ma, Clicoo.ma ou encore Hmizate.ma. Le Maroc est donc sur la bonne voie, pour peu qu'il lève, au fur et à mesure «les principaux obstacles à son développement numérique». «Le Maroc pourra exploiter le potentiel de développement colossal que représente Internet pour son économie», annonce-t-il en conclusion.