Yak Hna Jirane, Aqba lik, Dar El Warata, Al Haraz, Chams Al Kindil, Al Lajna, Arrihla, etc. Chaque année, la liste des productions nationales prévues pour Ramadan est de plus en plus longue. Si pour beaucoup, les grilles ramadanesques sont synonyme de moments en famille, attablés autour du Ftour, pour les professionnels, elles représentent une manne à ne pas rater. L'occasion pour les scénaristes, réalisateurs et producteurs de s'exercer mais aussi pour les chaînes de remplir leur part du contrat concernant la «Contribution à la production audiovisuelle nationale». Sur l'année, 2M doit, par exemple, diffuser «au moins 150 heures d'œuvres audiovisuelles marocaines inédites produites, coproduites ou dont elle a acquis les droits de diffusion, dont au moins 15 téléfilms, 4 séries ou feuilletons, etc.», stipule son cahier de charges. Une close qu'elle remplit au pied de la lettre, puisque la chaîne produit exactement 15 téléfilms par an. Difficile de faire plus quand les budgets ne permettent pas d'être plus ambitieux ; car tout cela a un coût. À combien s'élève le budget consacré par les chaînes nationales pour la production de fictions marocaines ? Et comment sont répartis ces budgets ? Un téléfilm à un million de DH «La production d'un téléfilm tourne autour de 950.000 et 1,25 million de dirhams», nous confie Taoufik Bouchaâra, directeur du pôle fiction au sein de la SNRT. «230.000 à 350.000 DH l'heure de tournage, s'agissant d'un feuilleton», précise-t-il. Du côté de la chaîne d'Aïn Sebaâ, ce sont pratiquement les mêmes chiffres qui résonnent. Najib Refaif, directeur chargé de l'unité Fiction, évalue la production d'un téléfilm à un million de dirham tout rond. Quatre à cinq fois plus pour la sitcom de 13 minutes ; huit fois pour les feuilletons d'une durée de 45 min. «Ce n'est pas énorme !», éclaire le responsable de 2M. Au total, la chaîne consacre un budget annuel de 50 millions de DH pour la production de son quota de fictions (téléfilms, séries, feuilletons...). Bien que récemment revus à la hausse, le responsable de la chaîne reste tout de même perplexe quant aux moyens accordés pour la valorisation de la production nationale. «Il y a encore beaucoup de choses à faire», regrette-t-il. Encore une fois, même son de cloches du côté de la SNRT. Bien que Bouchaâra affirme que «les budgets accordés sont largement suffisants pour faire un produit de qualité», le nombre de productions est sept fois inférieur à celui des projets soumis à la Commission de lecture. En effet, selon Soubhi, responsable scripts au sein de la nouvelle Commission de lecture de la SNRT, «chaque année, ce sont près de 70 projets de fictions qui sont soumis à la Commission. Au final, 15 à 20 d'entre eux sont produits». Résultats, des dossiers qui s'empilent et s'accumulent; d'autres qui, s'ils ont de la chance, verront le jour longtemps après leur dépôt. Dans ce cas, la production audiovisuelle n'a-t-elle pas une date de péremption comme tout autre produit de consommation ? Si la nouvelle Commission de la SNRT prend en charge l'encadrement des professionnels pour l'amélioration de la qualité des scénarios, les chaînes ne devraient-elles pas, à leur tour, bénéficier d'un soutien plus important pour développer leur rôle de «vitrine de la production nationale» ?